International
16H12 - vendredi 11 mars 2016

Trump, le candidat à abattre

 

Voici la surprise dans les débats de cette semaine : Trump n’insulte plus ses adversaires républicains, et Hillary est tancée par les reporters plus que par son rival, Bernie Sanders lui-même. Ces deux débats, qui se sont tenus dans l’amphithéâtre de la même université à Miami, à 24 heures d’intervalle (les 9 et 10 mars), montre surtout que l’enjeu chez les Républicains est de détrôner Trump, avant la brochette de primaires de la dernière chance du 15 mars.

Crédit : Donkey Hotey

Crédit : Donkey Hotey

C’est dans l’Ohio et en Floride que les choses se jouent pour Donald Trump. Côté Républicains le gouverneur de l’Ohio, John Kasich, et le sénateur de Floride, Marco Rubio, se sont tous deux juré de vaincre dans leur État d’origine. Ils en ont les moyens, disposent des réseaux, des soutiens. Sauront-ils pour autant séduire l’électorat ? Ted Cruz, sénateur du Texas, a, quant à lui, remporté les primaires « à domicile ». Si Trump parvient à gagner une majorité dans les États de ses rivaux, ces derniers devront se retirer de la course, car leurs donateurs ne croiront plus en eux.

 

Faire de l’islam une question existentielle

Si les Républicains se livrent à une bataille interne aussi intense, c’est parce que l’âme du parti est en jeu. Donald Trump représente la démagogie sans limites, l’arrogance du nabab-bretteur. Son principal argument qu’il ne se lasse de répéter : « Je suis un entrepreneur à succès et je sais négocier comme personne d’autre. L’islam, indéniablement, produit une quantité immense de haine à notre égard. » Dans le raisonnement de Trump, le fait qu’il connaisse personnellement des musulmans ne change rien à l’affaire, comme ne l’intéresse pas non plus le fait que le roi de Jordanie, le maréchal Sissi, et les émirs du Golfe soient des alliés : « Vous ne vous imaginez pas la haine que les musulmans ont à notre encontre, dans leurs plus grandes mosquées ils incitent la haine ». D’après les sondages, la puérilité de l’argument ne lui est même pas dommageable. Une forte proportion de l’électorat apprécie justement cela et que Trump prône d’utiliser une violence égale à celle de Daech !

Ted Cruz représente l’évangélique, toujours clair et manichéen. Une écoute minutieuse de ses dires, cependant, entraîne immanquablement le doute : il fait la part des choses sur la question musulmane, rappelant que le seul ennemi est Daech, dont la destruction est une nécessité absolue. Pourtant, il considère que seule une violence massive pourra remédier au problème. Il pense comme Trump, mais évite le mépris ouvert des musulmans.

Puis il y a les deux normaux : Marco Rubio, et John Kasich, dont les antécédents dits conservateurs sont bien réels mais insuffisants pour galvaniser un électorat très antisystème. Pour ces deux hommes, le respect des musulmans modérés est la clé du succès. C’est à ce détail que l’on perçoit leur rationalité. Rubio a même affirmé : « Donald dit les choses que les gens aiment entendre. Mais quand on est Président, on ne doit pas dire tout ce qui plaît, car cela a des conséquences à l’étranger. Et voyez les tombes musulmanes dans notre cimetière national… Il y a des militaires musulmans qui portent notre uniforme, qui meurent pour nous protéger, ils sont Américains. »

Chez les Démocrates, soit dit en passant, il n’y a même pas un début de dérive islamophobe.

 

Les deux démocrates montrent toujours les mêmes faiblesses

Lors du débat démocrate, le 9 mars, les deux candidats avaient surtout à craindre la presse. Eux-mêmes ne se sont pas invectivés, hormis peut-être un moment où Bernie Sanders a sommé Hillary Clinton de ne pas l’interrompre. C’est surtout l’affaire des courriels qui continue de hanter Hillary : pourquoi donc a-t-elle utilisé son compte personnel en pleine crise de Libye (lors de l’attaque djihadiste, en 2012, contre le poste consulaire américain de Benghazi, entraînant la mort de nombreux américains dont l’ambassadeur) ? On s’acharne sur ce point, qui curieusement n’intéresse pas Sanders. Pourtant, il y a un grand non-dit que certains journalistes murmurent aujourd’hui : et si Hillary avait émis des courriels depuis son compte personnel, donc facilement pénétrable, justement afin d’informer certaines personnes de ce qu’elle faisait ? Une trahison en quelque sorte. Je ne défends pas cette thèse, je dis simplement que si la suspicion plane dans l’esprit des journalistes qui l’interrogent dans les débats, il serait sans doute utile qu’ils l’expriment à haute voix. Toujours est-il qu’Hillary est épinglée pour cette affaire, et pour ses contradictions.

Même phénomène pour Sanders : on a fait ressortir pendant le débat une vieille vidéo où il dit du bien de Castro. Il a tenté de répondre en relativisant, mais cet homme de gauche apprécie visiblement les leaders communistes « qui promeuvent l’éducation et la santé publique ». Et, toujours idéologue, il ne manque pas à chaque question de revenir à la lutte contre les « oligarques » et « milliardaires ». Par ailleurs, en politique étrangère, il n’est pas linéaire.

Conclusion : les électeurs de Floride et d’Ohio vont choisir le gagnant républicain. Si c’est Trump, le camp Sanders pèsera sans doute la possibilité d’une attaque frontale contre lui. Ce qui serait peut-être même la meilleure recette pour détrôner Hillary.

Avec ce jeu de billard à quatre bandes, les Américains sont en train d’avancer dans l’inconnu de la démocratie, voire de la démagogie. Le reste du monde n’a plus qu’à attacher sa ceinture et attendre le choc.

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