International
13H27 - lundi 8 février 2016

Une semaine en Inde (du 1er au 8 février 2016)

 

Diplomatie culturelle : une mauvaise traduction du prix Nobel Tagore en Chine qualifiée « d’attaque terroriste »

1 Rabindranath Tagore, écrivain et poète indien, prix Nobel de littérature Crédit : « Inconnu » ( ?), publié par l’Académie de Suède in Les prix Nobel 1913[/caption]

Suite à la visite en Inde du président chinois Xi Jinping, la Chine avait été appelée à participer en tant qu’invitée d’honneur au Salon du livre de New Delhi, qui s’est tenu en janvier 2016. Huit écrivains et plus de quatre-vingts maisons d’éditions étaient attendues – l’objectif explicite de cette invitation était de renforcer l’amitié entre ceux qui apparaissent comme les deux rivaux asiatiques. C’était sans compter avec l’œuvre de Rabindranath Tagore, poète indien et bengali du xxsiècle, prix Nobel de littérature. Partisan d’une amitié sino-indienne, il a inauguré une Maison de la Chine dans son ashram de Shantiniketan, visité Shanghai en 1920… et, décédé en 1941, n’a pas pu (heureusement) voir la traduction de son œuvre Les Oiseaux de Passage en chinois. La traduction en « Le monde, pour son amant, retire les sous-vêtements recouvrant son immensité » de « Le monde, pour son amant, retire son masque d’immensité », qualifiée « d’attaque terroriste culturelle », a suscité malaise et sourcillements diplomatiques. Le traducteur pressenti pour donner une conférence sur « La contribution de Tagore à la littérature chinoise » au Salon du livre a dû annuler sa visite – il a déclaré au magazine India Today qu’après tout, le droit d’interprétation devait prévaloir sur la version établie par les critiques : « Tagore lui-même était irrévérent et il n’était pas quelqu’un qui aimait être vénéré. Ce qui me dérange, c’est la manière dont [les critiques] décident de ce que Tagore voulait dire. » Une nouvelle source de méfiance entre les deux pays, dont les échanges culturels sont extrêmement faibles comparés à ce qu’ils pourraient être.

 

Diplomatie : Modi, partout… et nulle part ?

2Élu en mai 2014 grâce à ses positions sur des questions de politique intérieure, Narendra Modi n’était pas attendu en premier lieu sur ses avancées en matière de diplomatie internationale. Mais force est de constater que, dix-neuf mois plus tard, c’est bien le chiffre de ses 27 visites à l’étranger que la presse indienne rappelle régulièrement, établissant un fort contraste avec ses prédécesseurs. Privilégiant dans un premier temps l’étranger proche, le Premier ministre a voulu rappeler et asseoir l’influence de l’Inde au niveau régional – ce fut entre autres le propos de son voyage dans l’océan Indien. Modi s’est également rendu dans des pays qui n’avaient pas connu de visites indiennes officielles depuis de nombreuses années – par exemple les Émirats arabes unis (première délégation indienne depuis 1981) –, bien que la diaspora indienne comprenne près de huit millions de ressortissants. Le non-alignement prôné par Nehru semble donc laisser place à une nouvelle volonté de s’affirmer et se faire connaître. De cette volonté sont nées la ratification – si peu gagnée d’avance ! – de l’accord final à la fin de la COP21, et aussi la signature de nombreux accords de défense avec les États-Unis ou le Japon. Parmi les éléments de ce renouveau diplomatique, l’implication de la religion dans « le soft power » indien, et notamment du bouddhisme, avec l’organisation d’une Journée mondiale du Yoga, destinée à resserrer les liens avec les pays d’Asie du Sud-Est.

Le temps où Narendra Modi était accusé de fermer les yeux sur des émeutes entre hindous et musulmans semble vouloir être oublié. Les grands meetings, il connaît l’importance cruciale de la communication, sont la nouvelle tribune du Premier ministre, pour donner de l’Inde l’image d’un pays « décomplexé » où tant de choses sont possibles. Mais cette tactique pourrait bien être un leurre pour mieux dissimuler le manque de mesures profondes, la forte opposition au Congrès, l’impatience des investisseurs, l’intolérance religieuse… communiquer est aisé, mais réformer plus difficile.

 

Lutter pour les femmes : l’Inde pourrait autoriser la détermination du sexe pendant les grossesses

Femme enceinte, par le sculpteur Achiam  Crédit photo : Odile Soshani / Wikimedia Commons Femme enceinte, par le sculpteur Achiam Crédit photo : Odile Soshani / Wikimedia Commons[/caption]

La ministre des Femmes et du Développement de l’enfance, Maneka Gandhi, est confrontée à la pratique encore fréquente dans certaines zones rurales de l’avortement de fœtus féminins. Actuellement, déterminer le sexe d’un enfant à naître est illégal en Inde, et passible de cinq ans de prison. Mais la charge d’une fille est telle pour les familles, et les femmes subissent à ce sujet de telles pressions, que nombre d’entre elles y recourent malgré tout avant finalement d’avorter. C’est ainsi qu’il « manque » aujourd’hui 43 millions de femmes à l’Inde, selon le rapport des Nations unies datant de 2010.

À cette situation, la ministre des Femmes veut opposer une légalisation de diagnostics prénataux, afin d’ensuite mieux suivre le déroulement des grossesses et ainsi empêcher leur interruption parfois forcée. The All India Democratic Women’s Association (AIDWA), un groupe de défense des droits des femmes, a dénoncé une proposition jugée «choquante» et perçue comme la possibilité de dédouaner les médecins de leur responsabilité : « Cela va encourager le développement de centres illégaux d’avortement de fœtus féminins ».

Cette mesure ne serait pas la première menée par ce gouvernement. Désireux de se présenter comme le défenseur des femmes, le Premier ministre Modi avait déjà explicitement défendu leur droit à l’éducation et s’était opposé au « fœticide » féminin, exhortant il a deux ans une assemblée de femmes à résister aux pressions de la société et des familles.

 

Grèves à New Delhi : protestations pour non-paiement de salaires

Crédit : Sandro Lacarbona /Flickr CC Crédit : Sandro Lacarbona /Flickr CC[/caption]

Ils sont plusieurs milliers de fonctionnaires à faire grève depuis plus d’une semaine ; les éboueurs majoritaires, ont été rejoints progressivement par des enseignants et chercheurs. La cause de cette grève qui provoque l’amoncèlement de déchets à l’odeur insupportable ? Le non-paiement, depuis trois mois, des salaires. Une soixantaine ont même envahi le siège du gouvernement régional pour réclamer leur dû.

Avind Kejriwal, à la tête du gouvernement de la capitale où vivent 12 millions de personnes, est particulièrement pointé du doigt : « C’est la quatrième fois depuis que Kejriwal a été élu il y a un an que nos salaires sont en retard de trois mois. Il en bloque le paiement aux mairies d’arrondissement, car elles sont tenues par l’opposition du BJP. Et son idée est ainsi de rendre les municipalités impopulaires afin de les conquérir lors des élections de 2017 », dénonce Yogender Rai, membre exécutif du principal syndicat à l’origine de la grève, BMS. En réponse, Kejriwal accuse les municipalités d’avoir détourné les fonds en question – l’administration régionale devrait verser les 930 millions d’euros nécessaires dans les prochaines jours.

 

 

Arrêtons de dénigrer notre chère Tunisie !

En cette ère où les images ont un pouvoir émotionnel puissant et peuvent fausser la réalité, Nous, enfants de la France et de la Tunisie, et amis de cette terre d’Afrique du…