Billet de Catherine Fuhg
13H44 - vendredi 29 janvier 2016

Un sale temps à mettre le nez dehors

 

Au vu de l’actualité, il paraît insolent, indécent !, de prétendre à la bonne humeur. Et pourquoi pas, à la joie ? Ou pire encore : au bonheur ? Chaque jour voit son compte d’innocents, victimes de terribles combats qui ne sont pas les leurs. La faim, l’insalubrité, la maladie et l’ignorance sévissent partout dans le monde, même dans les pays les plus riches – parlons d’insolence, d’indécence ! Comment avoir le cœur léger lorsque l’on est témoin au jour le jour de l’injustice et la fatalité ? Comment ne pas se sentir coupable d’être tellement mieux loti ? Coupable d’impuissance. Coupable de non-assistance à personne en danger.

Dieudonné M’Bala M’Bala avec Mahmoud Ahmadinejad Crédit : Twitter.

Dieudonné M’Bala M’Bala avec Mahmoud Ahmadinejad  – Crédit : Twitter.

La meilleure solution encore pour échapper à sa conscience, et les affres qui vont avec, est de couper le contact et sortir de chez soi, de regarder dans la rue les gens marcher ou courir à leurs petites affaires, plus ou moins vaines, si importantes, grignoter un sandwich, respirer de l’air frais, ou pollué aussi, c’est déjà bien de respirer. De se dire que l’on n’est pas seul à profiter de la vie, d’un ciel sans bombardiers et d’une assiette bien pleine.

C’est alors qu’on découvre, emmitouflé dans un duvet, qui a déjà fait long feu, un homme ou une femme dévasté par l’excès de défaites. Alors, on jette une pièce, on balance un « bonjour » contrit, à peine aimable, ou on ferme les yeux – on ne peut pas aider tout le monde – et on se dépêche de rentrer.

Difficile de trouver des raisons de se réjouir.

C’est ce que je pensais en feuilletant les journaux, à la recherche d’une bonne nouvelle. De ces nouvelles qui vous font croire que finalement peut-être il y a une justice terrestre, parce que divine, ma foi ! Je craignais de rester bredouille.

À la une de tous les journaux, je retrouvais le même visage souriant, résolu, vainqueur, du Président d’un pays qui détient un vilain record, celui des peines de morts prononcées contre des mineurs. En Iran, 160 personnes, mineures au moment des faits qui leur sont reprochés, attendent à ce jour dans les couloirs de la mort. L’année dernière en Iran, 1 000 personnes ont été exécutées en place publique. Ce régime qui bâillonne bloggeurs, journalistes, avocats et militants des droits de l’homme, et sous lequel les femmes ne peuvent quitter le pays, étudier, travailler, sans l’autorisation préalable de leur mari. Ce régime qui pratique dans ses geôles torture, amputation, flagellation… Ce régime qui tolère, pour ne pas dire qu’il l’organise, un concours mondial annuel de caricatures négationnistes, est brusquement devenu, par la force d’un traité, opaque aux yeux du public, et sans doute pas seulement aux leurs, présentable et même fréquentable. Au point d’envisager des contrats « à long terme ». Que d’optimisme !

Aussi, lorsque je découvre que Dieudonné M’Bala M’Bala – « je suis Charlie Coulibaly » en personne, comme il a plaisanté, parce que c’est trop marrant ! – ce grand ami de l’Iran et en particulier de son ancien président, à qui il a remis une Quenelle d’or, trophée de l’antisystème et de l’antisioniste, lorsque je découvre donc que cet ex-humoriste a été empêché de nuire, cette semaine en Thaïlande, qu’il a été intercepté à l’aéroport de Hongkong, et qu’il y est retenu avant d’être expulsé, vers la France ou le Cameroun, je ne peux m’empêcher de me pâmer de plaisir. Schadenfreude, disent les Allemands, joie maligne, malsaine ? Peut-être, chacun ses vices.

Napoléon, un amour de tyran ? La fougue de Catherine

Les nations se cristallisent autour d’une langue, d’une histoire et aussi de certains héros dont elles s’enorgueillissent. Aussi, les peuples, partout et de tout temps, ont cultivé des mythes. Pourtant c’est certainement…
Catherine Fuhg