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10H17 - jeudi 14 janvier 2016

Neta Elkayam, la tradition, un puits où se désaltérer

 

 

Neta Elkayam en concert - Crédit photo : Shmulik Balmas

Neta Elkayam en concert – Crédit photo : Shmulik Balmas

Elle a grandi à Netivot, une petite ville plantée en 1956 au milieu du désert. À la maison, elle baignait dans la culture marocaine. Légendes, coutumes, liturgie et tradition culinaire… Dehors, elle se coulait dans la culture israélienne, ses codes, ses modes, son rythme et sa modernité. Elle naviguait naturellement entre ces deux univers qui depuis cohabitent en elle. Pas besoin de gommer l’un au profit de l’autre pour vivre en paix avec elle-même. Au contraire, il lui faut les deux pour se sentir entière.

Car Neta appartient à cette heureuse « génération qui a ouvert les yeux ». Il en aura fallu des années de souffrance, d’injustice et de reniement, avant d’arriver à ce jour où les jeunes assument fièrement leur spécificité, leur multiplicité. « Pourquoi vouloir se limiter à une seule langue, une seule culture ? Pourquoi ne pas profiter de notre patrimoine ? De son immense richesse, pour élargir nos horizons ? Communiquer ? Rencontrer ? » Autant de questions qui pour elle n’attendent pas de réponses. Neta est déterminée à ne se laisser enfermer par rien ni par personne.

Et de poursuivre avec passion : « Ce n’est pas juste de nous réduire à “l’israélité”. D’en oublier notre passé, jusqu’à notre judéité. Nous avons une histoire de deux mille ans ailleurs, dans différents pays. Et si on les efface, il nous restera quoi ? Ces soixante dernières années ?! »

Neta ne comprend pas cette quête obsessionnelle d’une identité collective. Pour sa part, elle aspire à une société saine qui accepte Russes et Français, Marocains, Éthiopiens… sans chercher à les transformer, les façonner à l’identique. Son rêve est fait d’égalité, pas de conformité.

 

Préserver et bâtir

C’est ainsi qu’elle-même s’est plongée dans la musique de son enfance. Elle qui avait abandonné l’espoir de devenir chanteuse a senti que sa voix s’ouvrait, prenait une nouvelle ampleur dès qu’elle a commencé à chanter des airs en arabe. « Parce que j’étais profondément connectée à ces sons. » C’est qu’elle avait trouvé sa voie. Il ne lui restait plus qu’à investir ce passé, ces airs, cette langue, les reconstituer et se les réapproprier. Délaissés si longtemps, ils étaient restés figés. Elle a appris ses classiques avant de s’en inspirer pour composer ses chansons. Enfin, elle a lancé la première sur la Toile.

« On a tout de suite eu des réactions incroyables. En Israël, au Maroc, en France, au Canada. Ça m’a beaucoup émue. Tout d’un coup, j’ai réalisé la force de cette musique. Et je me suis dit que peut-être j’avais une sorte de mission. »

Une mission d’amour, pas de contestation, même si sans doute politique : « chanter arabe » en Israël n’est ni banal ni anodin. Il s’agit, pour Neta, d’une déclaration. « Pour retrouver le lien avec nos origines mais aussi pour en créer un avec notre futur et avec nos voisins. Pour que les choses changent par ici. Pour que le Moyen Orient ait un avenir meilleur. »

 

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