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17H00 - mardi 15 septembre 2015

Nathalie Goulet : « Le destin d’un enfant de 3 ans n’est pas de mourir échoué sur une plage. »

 
goulet

crédit: Nathalie Goulet

Vous avez lancé un Appel pour l’accueil de 200.000 réfugiés syriens et irakiens. François Hollande ne s’est engagé que sur 24.000 migrants sur deux ans. Qu’en pensez-vous ?

 C’est mieux que rien mais cela me semble peu par rapport au reste de l’Europe. Les Turcs en ont plus de deux millions, les Libanais en ont aussi beaucoup et les Jordaniens aussi. Donc c’est peu.

 

On parle somme toute peu des coûts que doit supporter la collectivité pour l’accueil des migrants.

Pour savoir qui va payer, il faut que François Hollande organise une conférence internationale des donateurs car le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés n’aura pas assez d’argent et les projets ne doivent pas se faire au détriment du contribuable français. Rien ne se produira sans apport financier.

 

La droite parlementaire est plutôt hostile à l’accueil de migrants. Jean-Pierre Raffarin avait été désavoué lorsqu’il avait proposé en juin que chaque commune de France accueille une famille réfugiée. Bref, ne vous sentez-vous pas seule à droite ?

Cela m’est complètement égal, je suis du bon côté de l’Histoire. Je ne suis pas sensible à la politique du Front National et à ses menaces, ni à ses dérives. On  aurait dû écouter Jean-Pierre Raffarin. Charles Aznavour a fait de même. J’ai fait un appel à François Baroin par les réseaux sociaux mais il ne m’a pas répondu. Après, j’ai fait la pétition, j’ai commencé à penser aux 36.000 communes et à l’association des Maires de France vers le 25 août. Le destin d’un enfant de 3 ans n’est pas de mourir échoué sur une plage. Nous devons être à la hauteur de ce défi.

 

Ne croyez-vous pas que l’immense majorité des migrants sont des personnes qui fuient la terreur dans leur pays, plus que des personnes motivées au départ par des raisons économiques ? Bref, qu’on nous ment quand on nous fait croire à l’intérêt de trier parmi les réfugiés, et plus encore, à renvoyer ceux qui ne sont pas des demandeurs d’asile ?

Il faut distinguer les choses, ne serait-ce que pour la compréhension et l’acceptation de la population. Les images choquantes qu’on nous déverse à longueur de journées, ces cohortes de réfugiés sur les routes allemandes, autrichiennes et de Hongrie, cela peut provoquer des réactions irrationnelles et des questionnements : qu’allons-nous faire et qui va payer ?

Je ne veux entendre parler ni de sélection ni de tri, je ne veux pas entendre ces mots-là. Pour autant, il y a des critères qu’il faudra respecter, de même que l’identification des personnes. Si ceux qui fuient Daesh et la guerre civile en Syrie sont majoritaires parmi les migrants, il y  aussi des migrants économiques.

 

Vous avez présidé la commission d’enquête sur le djihadisme. Ne craignez-vous pas que des terroristes se cachent parmi les milliers de réfugiés ?

Estrosi, Ciotti, entre autres hurlent en disant que dans tous ces bateaux de migrants, il y a des djihadistes. J’ai présidé la commission d’enquête sur les réseaux djihadistes et même si c’est un demi pour cent, j’avais proposé dans le texte sur le droit d’asile qu’on puisse vérifier les identités et les croiser avec les fichiers des personnes recherchées.

C’est un travail préparatoire, le risque zéro n’existe pas et la fatalité non plus. Aujourd’hui on parle surtout des populations civiles irakienne et syrienne, il ne faut pas tout mélanger.

 

La seule solution pour stopper Daesh n’est-elle pas une intervention au sol massive de la communauté internationale en Syrie ?

Il faudrait déjà que la communauté internationale ait un visage, que subsidiairement elle ait une politique européenne et qu’on se décide à avoir une stratégie. La seule chose qui endiguera ce flux des migrants syriens et irakiens, c’est évidemment la mise à bas de Daesh, de ses réseaux financiers. Il faudrait que physiquement on puisse les combattre sur le terrain. Le problème c’est que personne ne veut aller mourir pour la Syrie, personne ne veut s’engager dans ce guêpier maintenant qu’on a laissé les choses pourrir et se dégrader depuis si longtemps.

Je demande une intervention musclée. Ce n’est pas sans issue ! Il faudrait que la communauté internationale se décide ou alors qu’elle mandate les Kurdes et les Iraniens qui sont déjà sur place et qui combattent Daesh. Il faut une force aux sols, le problème ne peut pas se régler uniquement avec des frappes, même si c’est mieux que rien.

Il faut aussi régler le problème politique qui se pose en Syrie et une fois pour toutes trancher sur le fait de savoir s’il faut travailler avec Bachar [Al-Assad, ndlr]. Il faut se mettre d’accord. Pour le moment, le gouvernement français dit non mais la solution serait peut-être de dire oui. Il faut vraiment prendre une décision. Car nous avons aussi notre part de responsabilité dans la nécrose de la région.

 

Aujourd’hui a lieu la rentrée parlementaire. Vous êtes élue de l’UDI. Pensez-vous que le centre droit a un avenir politique dans la perspective de la présidentielle de 2017 ?

 Aujourd’hui nous n’avons pas, à mon avis, de candidat susceptible de rivaliser mais la seule solution réside dans l’ouverture de primaires à droite. Je n’aime pas trop la politique politicienne, ce n’est pas ma spécialité.

 

Propos recueillis par Stéphanie Petit

 

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