International
17H21 - mercredi 22 octobre 2014

Pour qui voter aux législatives tunisiennes ? Entretien exclusif avec sept candidats

 

Alors que la campagne officielle des élections législatives tunisiennes se clôture ce soir, mercredi 22 octobre, sept candidats, dont trois têtes de liste, de la circonscription France Nord se sont retrouvés autour de Michel Taube et de la Rédaction d’Opinion Internationale pour un ultime débat. Un échange parfois vif mais toujours dans le respect qui illustre, peut-être mieux que les propos de chacun, la maturité de cette pourtant si jeune démocratie.

 

Les électeurs indécis trouveront-ils dans ces échanges l’argument décisif pour faire leur choix de jeudi à dimanche ? Sept partis étaient représentés, et avec eux les principales forces de l’échiquier politique tunisien : la gauche (dans ses différentes composantes) avec le Front Populaire tunisien à travers la voix d’Adel Thabet, tête de liste, Khawla Ben Aycha, 26 ans, l’atout jeunesse de Nidaa Tounes, une des deux députées sortantes, Nadia Chaabane, tête de liste de l’Union Pour la Tunisie (UPT) et  Hella Ben Youssef, du parti de centre-gauche Ettakatol.

La droite était présente aussi avec Mohamed Ghannem, tête de liste du parti Afek Tounes, et lui faisant face, l’ancien secrétaire d’État en charge des Tunisiens de l’étranger, et n°2 sur la liste d’Ennahdha, Houcine Jaziri. Houssem Eddine Miladi, de la formation centriste Al Joumhouri, venait compléter le plateau.

 


Première mi-temps de 45 minutes : deux questions à chaque candidat


Après tirage au sort de l’ordre d’intervention, les candidats ont disposé de 5 minutes chacun pour exposer leur mesure emblématique et répondre à une question de Michel Taube. En cliquant sur les liens ci-dessous, vous pouvez écouter en exclusivité les réponses des candidats.

Par ordre alphabétique :


Khawla BEN AICHA (Nidaa Tounes) : « Nous sommes les seuls à avoir un programme chiffré et préparé avec 150 experts »


Hella BEN YOUSSEF (Ettakatol) : « la santé et la protection sociale des plus  démunis sont notre priorité »


Nadia CHAABANE (Union Pour la Tunisie) : « la lutte contre la corruption est un impératif qui conditionnera toutes les autres politiques »


Mohamed GHANNEM (Afek Tounes) : « les Tunisiens de la diaspora sont notre priorité »

 


Houcine JAZIRI (Ennahdha) : « nous voulons développer les secteurs de la culture et de l’éducation ».
 


Houssem Eddine MILADI (Al Jomhouri) : « priorité au développement des régions et à un plan global de redressement économique »


Adel THABET (Front Populaire) : 
« il faut redonner à la Tunisie sa souveraineté économique » 

 


Deuxième mi-temps : des projets si différents permettront-ils des alliances de gouvernement ?


Avec la deuxième mi-temps du débat, les candidats sont entrés dans le vif du sujet et ont pu s’affronter directement. Un débat qui a autant surpris sur les points de rassemblement que de divergences quand, par exemple, Houcine Jaziri confie être favorable à titre personnel à l’abolition de la peine de mort, ou que plusieurs candidats dessinent une alliance naturelle des forces progressistes pour gouverner la Tunisie de demain. Débat en trois volets. 

La Tunisie peut-elle abolir la peine de mort ?


Quelles nouvelles conquêtes pour les droits des femmes ?

Plusieurs candidats, notamment Nadia Chaabane de l’Union pour la Tunisie, en appellent à revoir toute la législation et à une politique globale pour les droits des femmes. 


Que dites-vous à un jeune Tunisien tenté par le « jihad » en Syrie et en Irak ?

Enseigner l’islam modéré des Tunisiens (Mohamed GHANNEM d’Afek Tounes), interdire tous les appels à la violence (Adel THABET du Front populaire tunisien), ne pas confondre religion et « jihad » (Houcine JAZIRI, Ennahdha), répondre à l’urgence sociale (Hella Ben Youssef d’Ettakatol, Nadia Chaabane de l’Union pour la Tunisie et Khawla BEN AICHA de Nidaa Tounes), soutenir et renforcer les moyens de l’armée nationale (Houssem Eddine MILADI d’Al Jomhouri), chacun y va de sa priorité mais tous se retrouvent (ou presque…) pour dénoncer le laxisme des autorités ces trois dernières années.


Quelle alliance gouvernera la Tunisie d’après les élections ?

Alliance entre mouvement proches naturellement, gouvernement d’union nationale, alliances surprises ou contre-natures ? Les candidats se sont affrontés sur tous les scénarios possibles. D’autant que le mode de scrutin (à la proportionnelle) obligera nécessairement à des discussions entre partis  sur les éventuelles coalitions qui gouverneront la Tunisie de demain.

Après 90mn et une prolongation de 30 mn, la campagne officielle se termine : chaque parole compte dans cette dernière ligne droite, et le peuple tunisien tranchera dimanche.

Remerciements à l’Hôtel Marriott Rive gauche et (par ordre alphabétique) à Sélima Abdeljaouad, Khadija Ben Mrad (photos), Stéphane Mader, Noé Michalon.

 

Qui sont les candidats invités ?

Mohamed Ghannem est professeur de médecine et chef de service en cardiologie à l’hôpital. Il a publié dans ce même domaine en sa qualité de conférencier international et de chercheur. Avant de rejoindre Afek Tounes, il a été conseiller municipal du 6ème arrondissement de Paris et et a présenté une liste indépendante lors des élections tunisiennes de 2011. Il a également participé à des actions humanitaires par le bais de l’Amicale des Médecins d’Origine Maghrébine. Enfin, il a été décoré de la Légion d’Honneur sous le gouvernement Raffarin.

Houssem Eddine Miladi est diplômé de la Grande École Nationale supérieure d’Ingénieurs en Informatique automatique mécanique énergétique électronique. Il est actuellement chef de projet à Valeo. Son engagement auprès du PDP puis d’Al-Joumhouri fait de lui un militant de longue date.

Hella Ben Youssef a suivi des études d’agroalimentaire à l’Université de Bordeaux avant de rejoindre le Conseil Général des Yvelines en tant qu’adjointe chef de service management qualité. Elle a déjà été 4ème sur les listes candidates d’Ettakatol en 2011 et occupe actuellement les fonctions de secrétaire générale de ce même parti, en France, actuellement. Elle est membre des associations Femmes Libertés et du Collectif tunisien des droits et libertés.

Khawla Ben Aïcha, après avoir été diplômée d’IHEC, de l’ESGCI en Marketing et Publicité, de l’université de Nancy en langue et culture arabe, finit actuellement sa thèse. Parallèlement, elle enseigne à l’Université de Nancy la communication et travaille en tant que consultante en marketing. Dès la création de Nidaa Tounes, elle a choisi de militer pour ce parti.

Hocine Jaziri a suivi des études de lettres et de philosophie, avant de créer l’Institut d’enseignement de la culture arabo-islamique et de participer à la mise en place de Zitouna TV. Sous le gouvernement Jebali, son engagement auprès d’Ennahdha a été sanctionné par le poste de secrétaire d’État chargé de l’immigration.

Nadia Chabaane est docteur en Science de Langage, diplômée de Jussieu. Elle est actuellement députée d’Al Massar à l’ANC. Elle est également engagée dans le milieu associatif, notamment auprès de l’Union Générale des étudiants tunisiens et le Collectif national pour les droits des femmes.

Adel Thabet est actuellement ingénieur informatique, suite à un DEA en économie, mathématiques et économétrie à l’Université Paris I. Parallèlement à son engagement militant au sein du Front Populaire Tunisien, il est fondateur du Comité pour le respect des droits de l’Homme en Tunisie, de Maghreb des Droits de l’Homme et de Solidarité avec le Bassin Minier.


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