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00H50 - jeudi 26 juin 2014

Gaétan Moloto-A-Kenguemba : « Le peuple a payé le prix fort ! Je dis ça suffit ! »

 

Le dimanche 30 mars 2014 à Bangui, Opinion Internationale a organisé, avec le soutien de la fondation Joseph Ichame Kamach, un événement en hommage à Barthélémy Boganda, le père de l’indépendance Centrafricaine et président fondateur de la République centrafricaine mort en 1956. 

Ce jour-là, dans le grand hémicycle de l’Assemblée nationale, de nombreux dirigeants politiques, la société civile, des artistes et le Conseil national de transition se sont réunis pour rendre hommage à Barthélémy Boganda et débattre sur sa mémoire et l’actualité de sa pensée. 

La journée s’est conclue par un Appel au dialogue national et au dépôt des armes dont la liste des signataires grandit tous les jours.

Pour rappeler l’importance de cet appel et la nécessité impérieuse du dialogue aujourd’hui en RCA, Opinion Internationale publie dans une série d’articles, l’ensemble des discours donnés ce jour-là : Les discours de Bangui en hommage à Barthélémy Boganda.

Aujourd’hui, l’allocution de Dr Gaétan Roch Moloto-A-Kenguemba, secrétaire général de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA).

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Dr Gaétan Roch Moloto-A-Kenguemba à l’Assemblée nationale de la RCA à Bangui, mars 2014 © Alain Elorza

 

Barthélémy Boganda (B.B) nous avait déjà laissé un héritage pour continuer l’œuvre de construction de la Nation centrafricaine qui lui était chère. Cet héritage est constitué de :

  • Le drapeau à 5 couleurs (bleu-blanc-vert-jaune et rouge) ;
  • L’hymne national « la Renaissance » dont les paroles sont puissantes ;
  • La devise du pays : Unité-Dignité-Travail ;
  • Un programme politique résumé en 5 verbes : Nourrir, Soigner, Instruire, Loger et Vêtir.

Mais les hommes politiques qui ont succédé à Boganda n’ont pas su porter cet héritage et poursuivre l’œuvre de construction de la Nation Centrafricaine ! Ils sont passés outre et, de ce fait, ont plutôt contribué à la détruire. 55 ans plus tard, la République Centrafricaine est un Etat néant ! Tout est à refaire… Barthélémy Boganda devrait se retourner dans sa tombe.

Nous pouvons souligner ici la responsabilité partagée aussi des historiens centrafricains qui n’ont pas suffisamment publié sur Boganda, ce qui fait qu’il n’est pas très connu au delà de la République Centrafricaine. Les politiques n’ont pas su développer une politique de vulgarisation de ses idéaux, au travers des programmes scolaires, de la création d’une fondation Barthélémy Boganda, etc.

De mon point de vu, aujourd’hui, au regard de la situation de chaos dans laquelle se trouve la RCA, nous devons commencer un travail collectif de réflexion pour le choix de demain, de celui qui saura au mieux porter les valeurs de paix, de progrès, d’amour et de patriotisme, léguées par feu Barthélémy Boganda. Plusieurs fois nous avions fait une erreur de casting, et plusieurs fois le peuple a payé le prix fort ! Je dis ça suffit ! 

Pour revenir à la thématique du comment Boganda peut nous aider à reconstruire la RCA, un pays aujourd’hui dévasté, ravagé par des conflits dits communautaires (ex-séléka et anti-balaka), son héritage devrait inspirer le peuple centrafricain.

  1. Les valeurs intrinsèques de Boganda : homme de Dieu et homme politique, il a su jusqu’au bout se donner pour son peuple. Il incarne le sens du sacrifice et du courage qui devrait habiter tout Centrafricain qui a l’amour de la Patrie, le sens élevé de la justice et de l’équité. Pour exemple, durant son mandat de député à l’AEF, Boganda a plusieurs fois pris fait et cause pour le noir opprimé par le colon blanc : affaire Bontemps à Berbérati en avril 1954, meurtre d’un Oubanguien par les colons à Bouchia. Création de la SOCOULOLE pour lutter contre le travail forcé, etc.

    Boganda était un démocrate, il avait chaque fois affronté la redoutable épreuve du suffrage universel pour accéder au poste de député à l’Assemblée française, de maire de Bangui et de président du grand conseil de l’AEF avec siège à Brazzaville. Bel exemple de démocratie que devraient suivre nos différents hommes politiques qui, très souvent, choisissent des raccourcis pour accéder au pouvoir.

  2. La devise de la République Centrafricaine est un ensemble de valeurs qui doivent être enseignées au peuple centrafricain et qui doivent nous guider dans nos actions de tous les jours quelque soit notre appartenance ethnique, religieuse ou politique.

    I) Unité : un peuple uni, dans une diversité ethnique et religieuse, une langue unique le sango, le sentiment d’appartenir à un même espace géographique, à une même Nation : la RCA.

    II) Dignité : « ZO KWE ZO » principe fort des droits humains, énoncé par Barthélémy Boganda. Aucune différence de couleur de peau, d’origine, de croyance. Respect de soi-même et d’autrui.

    III) Travail : c’est par le travail que l’homme parviendra à s’affirmer, à atteindre sa dignité, à bâtir une Nation, à espérer un avenir prospère et à lutter contre la misère et la pauvreté.

Toutes ces valeurs constituent pour les partis politiques en République Centrafricaine, un dénominateur commun. Si ces valeurs sont vulgarisées, si ces valeurs guident nos dirigeants, si ces valeurs inspirent nos hommes politiques, si ces valeurs habitent notre armée nationale ; alors, ensemble, nous pourrons démarrer véritablement l’œuvre de reconstruction nationale tant souhaitée par tous.

Cette œuvre de reconstruction nationale passe par une reconstruction de la confiance perdue entre les Centrafricains, une reconstruction de la cohésion sociale, une justice impartiale où les bourreaux et leurs complices doivent être traduits en justice pour permettre aux victimes enfin de faire leur deuil. Le socle de toutes ces actions est l’héritage légué par Barthélémy Boganda au peuple centrafricain.

Ensuite et seulement ensuite, nous pourrons traduire en action politique les 5 verbes du M.E.S.A.N (Mouvement de l’Evolution de l’Afrique Noire) de feu Barthélémy Boganda.

Pour le parti Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) dont le président est Anicet Georges Dologuélé , notre programme politique sera la réponse au comment traduire en action de développement pour le bien du peuple centrafricain, les 5 verbes du MESAN.

 

Dr Gaétan Roch Moloto-A-Kenguemba
Secrétaire général de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA)
Conseiller national au CNT
Maitre assistant en Sciences de la Terre à l’Université de Bangui 

 

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