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09H09 - vendredi 11 octobre 2013

Italie : De la Campanie heureuse à la Terre de feu

 

Déchets toxiques : ces deux mots ont fait irruption dans les foyers de milliers de personnes qui habitent en Campanie, dans le sud de l’Italie, sur cette bande de terre située entre Naples et Caserte et que les anciens appelaient felix (heureuse, sic) en raison de son sous-sol particulièrement fertile.

Déchets

Déchets toxiques près de Naples

En marchant le long de l' »Asse Mediano », la voie rapide qui relie les villages de la province de Naples et de Caserte, on voit les vastes étendues de champs de choux-fleurs, de salades, de légumes que les agriculteurs locaux cultivent avec ardeur pour les revendre sur les marchés fermiers. Mais sous ces étendues de terre se cache l’entreprise la plus rentable du crime organisé : l’élimination illégale des déchets toxiques. Boues industrielles, chrome hexavalent, polyphénols, etc… Les substances présentes dans ce sous-sol sont nombreuses et les habitants les ont acceptées contre de l’argent. Ils ont accepté de détruire la Terre et de léguer un immense cercueil aux générations futures. Résultat : toute cette région est devenue la terre des poisons, un véritable triangle de la mort, ainsi qu’elle a été rebaptisée par la revue The Lancet Oncology dans une étude datant de 2005.

Les poisons présents dans le sous-sol se répandent lentement jusqu’à imprégner les nappes d’eau souterraines, sans ne rien épargner : des aliments, à la mer, tout est contaminé. Dans cette ancienne terre felix, le taux de tumeurs au foie atteint 38,4 % pour les hommes et 20,8 % pour les femmes alors que la moyenne nationale s’établit à 14 %. Mais on y meurt également de cancers de la vessie et du cerveau, de maladies touchant le système nerveux. Et si le sous-sol empoisonne ses fruits, le ciel a également sa part de responsabilités : les fumées toxiques qui se dégagent de la combustion des déchets brûlés illégalement pour extraire du cuivre ou pour dissimuler les traces de tout déversement illégal, colorent le bleu du ciel en noir, mais aussi les poumons de ceux qui respirent cet air, en les remplissant de dioxine. C’est ainsi que le triangle de la mort est devenu également « Terre de feu », comme elle a été rebaptisée par un groupe d’activistes.

Le registre du cancer

Depuis des années, les habitants de la Campanie demandent la mise en place d’un registre des tumeurs pour démontrer que leur terre est plus polluée qu’ailleurs, mais la Cour Constitutionnelle a rejeté cette proposition parce qu’elle serait trop coûteuse. Alors que les responsables politiques nient toute corrélation entre la pollution environnementale et l’incidence élevée de cancer, les proches des victimes, parmi lesquelles, de nombreux enfants, ont créé un groupe sur Facebook pour transformer la douleur en activisme et mettre le registre du cancer à la portée de tous.

Déchets et crime organisé

L’élimination illégale des déchets toxiques est l’activité la plus rentable de la Camorra, l’organisation mafieuse en Campanie, selon le repenti Carmine Schiavone, 70 ans, cousin de Francesco surnommé « Sandokan », le leader incontesté du clan des Casalesi qui a sévi pendant des décennies dans les campagnes autour de Caserte et qui avait une véritable main mise sur les affaires de la région. Selon ce repenti, « une grande partie des entreprises du nord de l’Italie se débarrasse de déchets dangereux dans les campagnes du sud du Latium (région de Rome) et de la région de Caserte, près de Naples ». Des déchets hospitaliers aux boues thermonucléaires, il y a absolument de tout, avoue « le boss ». Mais le phénomène ne concerne pas seulement l’Italie, de grosses sociétés françaises, belges et d’autres pays européens profitent également de ces terres, souligne Schiavone.

Pourtant, Schiavone ne fait que répéter des choses que les habitants de la Campanie savent depuis toujours, des mesures sérieuses de surveillance et de contrôle du trafic illégal de déchets n’ont jamais été prises et l’Etat continue de répéter que les habitants de la Campanie sont davantage atteints de tumeurs que les autres « car ils ont de mauvaises habitudes de vie ».

Serena Grassia

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