Edito
07H41 - dimanche 8 juillet 2012

On ne touche pas à un mausolée !

 

La destruction des mausolées de Tombouctou au Mali (sept à dix des seize stèles de la ville, selon les sources) est un crime contre l’humanité et une honte pour la communauté internationale. Plus encore que la destruction des Bouddhas de Bâmiyân par les talibans en Afghanistan en 2001, ces crimes révèlent au grand jour la dimension viscéralement eschatologique des islamistes radicaux de Ançar Eddine, liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Violer et détruire des tombes a toujours été une atteinte aux hommes comme au sacré. Venant de tenants d’une soi-disante loi religieuse, c’est un comble et une folie !

Ces tombes enferment les corps de saints musulmans touarègues considérés comme des hérétiques par ces partisans d’un retour à l’Islam des origines. La destruction de ces monuments intervient en représailles à leur classement au Patrimoine mondial en péril par l’Unesco.

Comme l’indique un article du Monde (Anne Pélissier, 3 juillet 2012), des risques majeurs pèsent aussi sur des manuscrits précieux remontant jusqu’aux XIIème et XIIIème siècles que la ville de Tombouctou gardait précieusement. Université islamique et touarègue renommée au XVème siècle, Tombouctou eut son heure de gloire. Des Maliens auraient caché et protégé ces manuscrits lors de la prise de pouvoir par les islamistes et les touarègues.

Sur le plan politique, espérons que ces crimes convaincront définitivement les rebelles touarègues du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qu’ils se sont fait totalement instrumentaliser par les islamistes et qu’ils se retourneront, avec la population, et le soutien de la communauté internationale, contre ces semeurs de mort d’Ançar Eddine. Ces destructions marquent le début de la guerre fratricide que se livrent désormais les alliés d’hier.

Ajoutons que, plus les semaines passent, et moins l’on comprend l’attentisme de la communauté internationale et des dirigeants africains, notamment l’Algérie. Il est temps d’intervenir avant qu’un Etat islamiste s’installe, et pour longtemps, au cœur de l’Afrique noire francophone. Une alliance tactique avec le MNLA nous paraît indispensable pour vaincre les islamistes radicaux, quitte à renvoyer à plus tard la question de la partition ou d’une grande autonomie du Nord du pays.

Michel Taube