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14H55 - mardi 21 février 2012

Grande spécialité brésilienne : le carnaval pour tous sans distinction !

 

 

A Rio, les blocos familiaux traditionnels du carnaval sont souvent oubliés des touristes au profit des spectacles du Sambodrome. ©Antonin Balsan

« Le Carnaval du Brésil est une fête unique. Si on lui trouve quelques ressemblances dans d’autres pays, rien n’est comparable à sa dimension grandiose, sa beauté et sa joie. » Karina Santana, Sao Paolo.

 

A Rio de Janeiro, s’achève aujourd’hui le plus grand carnaval du monde. Il emporte avec lui la magie qui a fait rêver les millions de touristes venus  pour quelques jours de tous les pays du monde. C’est le Carnaval du Brésil le plus prisé par les touristes étrangers.  L’image reflétée dans les médias est toutefois bien trop simpliste, le carnaval est, pour de nombreuses raisons, le moment le plus important de l’année dans tout le Brésil. Les Brésiliens préfèrent souvent célébrer la plus heureuse fête de l’année dans d’autres villes, où la dimension du carnaval est tout aussi importante.

Luciana Nascimento recommande, pour mieux comprendre la culture brésilienne, de découvrir le carnaval du Nordeste, des états de Bahia et Pernambuco, comme à Olinda où se déroule le carnaval le plus folklorique. Un passage obligé dans le Minas Gerais, où la fête bat son plein dans les rues historiques, entre les églises du XVIIIe siècle. C’est l’occasion de connaître la grande diversité musicale actuelle et la tradition pour les femmes et les hommes de se vêtir comme le sexe opposé. Ces villes moins connues des touristes européens rassemblent également chaque année des millions de touristes brésiliens.

A Rio de Janeiro, avant de filer vers le Sambodrome où défilent les écoles de Samba (et qui regroupe la majorité des touristes), Luciana conseille d’apprécier les « blocos » traditionnels du carnaval et souvent familiaux, où se joue de la musique des années 40.

L’année commence seulement après le carnaval

Le carnaval est en réalité bien plus qu’un simple évènement au Brésil… Selon Luciana : « Le carnaval est l’opportunité de se laisser aller tout à sa joie et de la partager avec chacun, c’est un moment de fête plus important que le nouvel an, car c’est après cette grande fête que commence véritablement l’année. »

Depuis les congés de fin d’année, l’excitation est à son comble, les écoles et les entreprises peinent à reprendre leur activité. Les répétitions des écoles de samba battent leur plein dans toutes les villes brésiliennes. Ouvertes au public, elles sont l’occasion de multiples fêtes chaque semaine précédant le carnaval, déjà depuis octobre ou novembre dans certaines villes !

Une semaine avant la fête, tout le pays s’arrête. Les brésiliens savourent l’euphorie du moment et trouvent prétexte à toute fête de préparation (ou de conclusion) du carnaval. C’est aussi l’occasion pour eux de voyager. Ils prolongent souvent les congés plus d’une semaine après la fin officielle des festivités. Les entreprises et même les banques ferment leurs portes. Seule l’industrie du tourisme et celle des transports sont en pleine effervescence ; les agences de voyages enregistrent 10 % de leur chiffre annuel à cette période. Des millions de réals enrichissent le pays. Cette période est souvent cruciale pour les petites villes à l’économie moins solide.

Au-delà de l’aspect économique et touristique des 4 jours de carnaval, c’est un évènement qui se prépare durant toute l’année. Guilherme nous explique : « Le carnaval est une fête traditionnelle très enracinée dans notre culture. La partie la plus importante et la plus belle de la fête, c’est de voir le travail de toute une communauté, qui s’unit dans l’effort une année entière, pour produire un moment aussi grandiose. Ce sont des employés de maison, des mécaniciens, qui travaillent toute l’année et deviennent les personnages principaux de cette fête. »

Luciana : « Pour les personnes les plus pauvres c’est l’occasion de se réunir, d’être heureux. Ils travaillent toute l’année pour économiser et fabriquer leurs propres costumes ».

Une fête pour tous sans aucune distinction

Quelle que soit la taille ou l’importance de la ville brésilienne, petits et grands, riches et pauvres se retrouvent dans la rue de la manière la plus ingénue et unanime qu’il soit, pour danser, boire une bière gelée et s’embrasser.

Karina:  « Le carnaval est principalement une fête qui ne fait pas de distinction de couleur, de classe sociale ou de religion… Pendant 4 jours, tous recherchent seulement la joie, dans les mêmes lieux, écoutant les mêmes musiques. C’est une fête démocratique qui englobe tout un pays. »

Vivre le carnaval, c’est aussi l’occasion de rencontrer le peuple le plus heureux du monde. Face à cette joie simple, la générosité et l’amour du peuple brésilien, l’étranger est à même d’éprouver le sentiment le plus dépaysant, et de comprendre la signification de la « Saudade » (non traduit dans nos langues, ce mot exprime la douleur, le manque et la nostalgie éprouvés une fois éloigné du Brésil).

Carnaval, période de trêve dans les conflits ? Témoignages

Les forces de la police militaire avaient entamé un important mouvement de grève à Salvador, suivies de près par celles de Rio de Janeiro. La requête exprimée au gouvernement concernait l’augmentation des salaires. Les conflits avaient entrainé une hausse des violences dans les deux villes.

Luana : “Je ne sais pas si les grèves ont cessé grâce au carnaval, mais j’ai assisté à des entretiens, avec les représentants du mouvement, expliquant qu’ils retourneraient travailler pour garantir la sécurité de la fête la plus attendue du Brésil. »

Diego : « Le mouvement a profité d’un moment de pression, sachant que le gouvernement céderait plus facilement. »

Guilherme : « Le carnaval a une très grande importance pour le peuple brésilien, surtout les Cariocas (les habitants de Rio ndlr) et les Bahianais. Au-delà de l’importance économique et touristique, il existe une importante dimension psychologique pour chaque individu. C’est durant le carnaval que tous les problèmes sont oubliés. »

Il est très difficile d’imaginer une telle importance pour un évènement unique dans la culture d’un peuple. Luana conclut ainsi « Le carnaval, peu importe la forme qu’il prend au Brésil, c’est toujours joie, amusement et musique qui sont l’essence de la culture brésilienne ».

E.H.

Merci à Guilherme Matos, Karina Santana, Luana Assis, Diego Nogueira, et Luciana Nascimento pour leur aide précieuse.

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