Edito
17H01 - vendredi 31 octobre 2025

Quand Astérix et Obélix célèbrent la fraternité franco-lusophone. L’édito de Michel Taube

 

Quand Astérix et Obélix célèbrent la fraternité franco-lusophone. L’édito de Michel Taube

Astérix et Obélix ont une vraie potion magique : ils sont profondément français, aussi bougons que généreux, gaulois et ouverts sur le monde, espiègles et têtus. Leur identité fonde leur succès mondial : l’alliance du particulier et de l’universel.

Avec Astérix chez les Lusitaniens, 41ᵉ album de la célèbre saga gauloise, se poursuit l’exploration du monde antique et notamment des territoires latins, un épisode où l’humour se double d’un véritable hommage à la culture portugaise. Derrière les jeux de mots et les coups de menhir, c’est une célébration des liens historiques et affectifs entre peuples francophones et lusophones qui se dessine.

Les auteurs Didier Conrad et Fabcaro, fidèles à la tradition de Goscinny et d’Uderzo, multiplient les clins d’œil culturels. Ils nous invitent, avec humour et finesse, à explorer un territoire où l’esprit gaulois rencontre la douceur atlantique.

Dès les premières pages, le clin d’œil est appuyé : expressions, musicalité de la langue, allusions à la saudade, version portugaise de la mélancolie, mêlant à la fois la nostalgie d’un passé et la joie de l’avoir vécu mais avec un supplément d’âme, nous rappellent que la culture portugaise est une poésie populaire, un art de vivre. 

« Pocào magique”, « Aberracào » : même la bande dessinée se laisse contaminer par ces tournures chantantes qui semblent flotter au-dessus des cases comme un refrain de fado.

Et comment ne pas sourire devant la découverte émerveillée, presque sacrée, de la morue par Obélix ? Bacalhau, trésor séché au soleil, élevé au rang de symbole national… même nos irréductibles Gaulois ne peuvent y résister. 

Du Vinho Verde aux pavés de pierre taillés comme sur les places de Lisbonne, en passant par Amelia, une héroïne dont le prénom résonne comme celui d’Amália Rodrigues elle-même, l’hommage à la culture portugaise est omniprésent. 

Ici, l’Histoire se raconte avec tendresse : l’évocation de la « révolution des œillets » (1974)avec un bel « Oyez », humour gaulois oblige, rappelle qu’entre Gaulois et Lusitaniens, l’esprit de liberté coule depuis longtemps dans les veines des peuples portugais et français, pardon, gaulois.

Même lorsque Astérix et Obélix se transforment, moustachus et bruns, méconnaissables, c’est pour mieux se fondre dans cette famille latine. 

Jusqu’au clin d’œil footbalistique : Benfica, servante du gouverneur pluvadus, clin d’œil joyeux à l’un des mythes vivants de Lisbonne. En parlant de football, les plus avertis auront remarqué une référence au célèbre Cristiano Ronaldo. Référence peut-être trop discrète : il n’apparaît qu’à travers la petite case illustrant un enfant jouant au ballon, vêtu des couleurs du Portugal (rouge et vert) et portant le numéro VII. On aurait espéré un personnage central avec un Ronaldballistix dans le scénario.

Autre regret dont nous ne tiendrons pas rigueur aux excellents auteurs : un ChristophusCollombix partant à la conquête de l’horizon à partir de la rade d’Olisipo aurait pu croiser Astérix et Obélix.

Au fil des pages, une évidence : cette aventure n’est pas seulement une épopée gauloise. C’est une déclaration d’amitié. La preuve que l’humour, la table, la musique et le goût de la liberté tracent un pont fraternel entre deux peuples que la mer relie plus qu’elle ne sépare.

La Gaule et la Lusitanie partagent plus qu’un passé romain : elles partagent un cœur latin, une passion pour la fête, et cette capacité rare à rire d’elles-mêmes tout en célébrant l’humanité.

Et si, finalement, Astérix et Obélix n’avaient jamais été aussi européens que dans cette aventure ?

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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