
Je suis allé là-bas.
Sur les terres calcinées où la barbarie s’est déchaînée.
J’ai marché entre les cendres du festival Nova, où des jeunes venus célébrer la musique, la paix, la vie, ont été traqués, exécutés, brûlés vifs, kidnappés. J’ai vu les ruines de Reim, Beeri, Nir Oz, Shuva. Les maisons réservées aux jeunes adolescents prises pour cibles délibérément. J’ai traversé Sderot, ville assiégée, encore hantée par les échos des tirs, des cris, des silences trop lourds. Là, sur cette terre israélienne, à quelques kilomètres d’un monde qui a basculé dans l’horreur, j’ai vu.
Et ce que j’ai vu, je ne peux ni l’oublier, ni le taire.
Le 7 octobre 2023, les barbares du Hamas, au nom d’une idéologie islamiste génocidaire, ont franchi toutes les limites de l’humanité. Le mot « pogrom » n’est pas ici une métaphore. Ils sont venus pour tuer, violer, décapiter, brûler. Méthodiquement. Froidement. Avec jubilation. Ils ne visaient pas des soldats. Ils visaient des civils, des enfants, des vieillards, des cliniques, des ambulances. Des kibboutz. Des militants de la « Paix Maintenant ». Un festival de jeunesse. Ils sont venus pour exterminer. C’est une tentative de génocide. N’ayons pas peur des mots.
Et pourtant, à peine quelques mois plus tard, des voix s’élèvent en France, en Europe, en Occident, pour inverser les rôles, réécrire l’histoire, la nier, salir les faits. On accuse Israël de commettre un « génocide » à Gaza. On parle de « résistance », de « déséquilibre des forces », comme si cela pouvait effacer la barbarie première, l’acte fondateur du chaos. Les morts israéliens sont relativisés. Les otages oubliés. Les bourreaux deviennent victimes, les défenseurs deviennent bourreaux.
Les mêmes qui ont crié au racisme structurel, à l’urgence climatique, à la cause des opprimés, des femmes, des enfants, se taisent aujourd’hui ou pire : ils applaudissent, justifient, travestissent. L’« islamo-gauchisme » qu’on croyait marginal est devenu un poison actif dans les esprits d’une jeunesse en perte de repères, dans des universités où la haine d’Israël comme des juifs est devenue marqueur de radicalité chic, dans des médias où les termes sont savamment édulcorés pour ne pas « stigmatiser ».
Mais moi, j’ai vu.
Et parce que j’ai vu, je dois comprendre. Comprendre que ce qui s’est joué ce jour-là ne concerne pas seulement Israël, ni le peuple juif. C’est un avertissement lancé au monde libre. C’est une fracture morale que nous devons refuser. Car ce que l’on accepte contre Israël aujourd’hui, ce sont les principes de la démocratie que l’on trahit pour demain. Les ennemis d’Israël et des juifs sont les ennemis aussi de nos valeurs humanistes. Demain, ils tenteront aussi de nous tuer, de nous violer, de nous brûler, de nous faire disparaître. En France, en Europe, en Occident, partout !
Il faut voir. Il faut comprendre. Et il faut parler.
Ne pas laisser les négationnistes de salon, les manipulateurs de hashtag, les extrémistes fanatisés, les professeurs complices, les élus lâches, y compris au plus haut niveau, travestir la réalité.
Il faut parler parce que la République ne peut pas vivre dans le mensonge. Parce que nos enfants doivent apprendre à reconnaître les faits, à discerner la vérité, à faire la différence entre une armée de défense et une organisation terroriste. La République se nourrit de notre esprit critique, de notre recherche de la Vérité, fondements de l’humanisme. C’est aussi cela que les islamistes et leurs idiots utiles veulent abattre, et c’est cela que nous devons à toute vitesse réapprendre à notre jeunesse : l’esprit critique, la quête de la Vérité, le doute, l’esprit des Lumières.
Parce que la mémoire des victimes du 7 octobre est aussi un combat pour le présent et pour l’avenir. Parce que l’Europe a payé le prix de son aveuglement une fois. Ne recommençons pas.
Je le dis avec force : il n’y a pas d’équivalence morale entre Israël et le Hamas.
Il n’y a pas de débat sur le droit de se défendre contre une idéologie qui nie l’humanité de l’autre.
Et il n’y a pas de paix possible sans vérité.
J’ai vu.
Je n’oublierai pas.
Et je parlerai.
Parce que se taire, c’est déjà trahir.
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).


















