
Thierry Ardisson en Une de Paris Match. © Hubert Fanthomme
De la une de Paris Match, où il posait dans un cercueil – une mise en scène qu’il avait déjà imaginée en 2005 – au documentaire poignant d’Audrey Crespo-Mara diffusé sur TF1, Thierry Ardisson a orchestré sa sortie comme il avait orchestré toute sa vie : avec provocation, panache et contrôle absolu. Jusqu’au bout, l’homme en noir aura tenu le rôle principal dans son propre scénario.
Il a porté à son paroxysme ce nouveau luxe contemporain : planifier la mise en scène de son propre départ, y compris médiatique. Ce qu’il appelait autrefois « mourir avec élégance » est devenu, chez lui, une œuvre. Une chorégraphie parfaitement pensée entre pathos et glamour, douleur et humour noir, émotion sincère et mégalomanie assumée.
Tous ceux qui ont vu mourir un proche à l’hôpital comprendront la puissance de certaines séquences du documentaire de TF1. Ardisson, au fond, a offert une image de la mort ni sordide ni aseptisée. Grâce à Audrey Crespo-Mara, à la fois épouse, confidente et réalisatrice, « La face cachée de l’homme en noir » révèle l’envers de la légende, avec une grâce pudique, une précision chirurgicale et une grande humanité.
Ce couple improbable a désacralisé la mort sans en nier l’horreur. Ils ont rendu sa noblesse à la mort, sans tomber dans la mièvrerie. Il y a, bien sûr, cette part d’égocentrisme qu’Ardisson revendiquait d’ailleurs, et qui colle si bien à notre époque. Mais au final, cette sortie presque royale reste l’œuvre d’un homme qui aura sublimé la vie et osé mettre en lumière la mort.
Chapeau l’artiste.
Michel Taube


















