
La campagne de recrutement lancée par Bruno Retailleau et Les Républicains autour du slogan « la France des honnêtes gens » intrigue autant qu’elle interroge. S’agit-il d’un véritable tournant stratégique pour une droite en quête de renouveau, ou d’une simple tentative de rhabillage sémantique pour reconquérir un électorat qu’elle a abandonné depuis trop longtemps ?
Derrière cette expression un peu désuète et pourtant si puissante — « les honnêtes gens » — se cache en réalité une réalité sociale bien ancrée : celle de cette nouvelle classe moyenne française qui travaille, paie ses impôts, respecte la loi, élève ses enfants dans le respect des règles, et se sent de plus en plus étrangère dans son propre pays.
Ce sont les artisans, les employés, les retraités modestes, les mères célibataires, les jeunes actifs qui ne bénéficient ni des aides sociales ni des avantages réservés aux élites ou aux minorités bruyantes. Ce sont ceux qu’on ne voit jamais sur les plateaux télé mais qui peuplent les files d’attente des urgences hospitalières, les bus de banlieue, les écoles surchargées et les centres-villes délaissés.
Ces Français-là n’en peuvent plus. Ils ne demandent pas l’aumône. Ils veulent simplement que leur travail soit reconnu – et qu’il paye, que leurs enfants aient une chance, que l’ordre soit respecté et que la République protège ceux qui la servent.
La France des honnêtes gens, c’est aussi une façon de redonner toute leur fierté aux Français ! Aujourd’hui de dos, peut-être les verra-t-on de face prochainement ?
En parlant de « la France des honnêtes gens », Bruno Retailleau tente de redonner un visage à cette majorité silencieuse, lasse d’être trahie par les promesses non tenues, méprisée par les élites parisiennes, abandonnée à la violence et à l’insécurité. C’est une tentative, encore fragile, de faire renaître une droite populaire, enracinée, réaliste, et tournée vers la reconstruction morale et sociale du pays.
Mais il ne suffira pas de mots. Il faudra des actes. Car ces honnêtes gens, qu’on appelait jadis la France laborieuse, et qui vote depuis longtemps Rassemblement National, ont une exigence : celle de ne plus être être déçus par des promesses vaines.
Michel Taube




















