Edito
15H20 - mercredi 9 juillet 2025

Emmanuel Macron : pour gagner en 2032, mieux vaut Le Pen ou Mélenchon à l’Elysée en 2027 ? L’édito de Michel Taube

 

Et si pour gagner en 2032, Emmanuel Macron préfèrerait Le Pen, Bardella ou Mélenchon à l’Elysée en 2027 ? Petite leçon de philosophie politique…

Remontons au week-end dernier : une scène inédite sous la Cinquième République s’est jouée au Cirque d’hiver.. Un président en exercice qui foule la scène d’un meeting partisan, comme un chef de parti plus qu’un chef d’État. Emmanuel Macron a donc soufflé les dix bougies des « Jeunes avec Macron », devenus « Les Jeunes en marche », au grand dam de Gabriel Attal, avec un discours qui ne laissa place à aucun doute : le président déjà candidat veut rester dans le jeu, pour deux ans, pour cinq ans, pour dix ans.

Le voilà donc en campagne. Non pour 2027 — la Constitution lui interdit un troisième mandat consécutif — mais déjà pour 2032, A 55 ans, il pourra aisément prétendre revenir sur le devant de la scène. En politique, certains meurent jeunes, d’autres renaissent. Macron, lui, ne veut ni l’un ni l’autre : il veut régner, au présent comme au futur.

Rappelons qu’Emmanuel Macron a 47 ans : l’âge où certains futurs présidents de la république ne pensaient même pas encore à un destin présidentiel en se rasant le matin.

Son irruption surprise au Cirque politique d’Hiver ne fut pas un simple clin d’œil à ses troupes, mais une déclaration d’intention, presque une déclaration de canddiature. Derrière les mots doux à la jeunesse, on devine un appétit intact. « J’ai besoin de vous », leur a-t-il dit. Mais surtout, le président leur a lancé qu’ils auraient encore besoin de lui. Comme si, après deux quinquennats, la France resterait orpheline sans son guide éclairé.

Le président de la République redevient-il chef de parti ? C’est précisément ce que la Cinquième République voulait éviter. Mais Macron l’a toujours dit : la Constitution de 1958 est trop rigide, trop contraignante. Le verrou du troisième mandat consécutif ? « Une funeste connerie », affirmait-il déjà en 2023.

En réalité, le chef de l’État prépare son retour en 2032. Et si pour cela, il fallait hystériser le débat politique en approfondissant la logique des ennemis permanents contre un homme ?

Avec Emmanuel Macron, le « après moi le déluge » devient « avant mon retour, le chaos ». Bref faire échouer les Philippe, Attal et autres Retailleau, laisser gagner Marine Le Pen, Jordan Bardella ou Jean-Luc Mélenchon en 2027, pour être le sauveur, le recours, le seul à pouvoir sauver la République.

Une stratégie cynique ? Non : une stratégie macronienne, politicienne. Laisser les extrêmes se brûler les ailes pour revenir en phénix.

La vérité, c’est qu’Emmanuel Macron ne veut pas quitter la scène française. Il veut la transformer en théâtre permanent, celui d’un one-man-show plus que d’un opéra ! Au risque d’une “dissolution française” que pressentit le défunt Olivier Marleix.

 

Michel Taube

Directeur de la publication