La chronique de Patrick Pilcer
13H31 - mardi 6 février 2024

François Bayrou relaxé « au bénéfice du doute », mais le Modem condamné. Bayrou peut-il rester à la tête du Modem ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Les Salons Parisiens attendaient ce jugement avec impatience. Après 7 ans de procédure, Bayrou serait-il condamné ou totalement blanchi ? Pourrait-il même revenir au Gouvernement, à la place d’Oudéa Castéra par exemple, et surtout le Modem pourrait-il participer plus à la composition de ce dit Gouvernement ?

Le Tribunal Correctionnel de Paris a rendu son verdict : « au bénéfice du doute » Bayrou est relaxé, mais huit prévenus sont condamnés, dont l’ancien Garde des Sceaux Michel Mercier (18 mois avec sursis et 20000€ d’amende), l’UDF condamné à 150 000€ d’amende dont 100 000 ferme, et le Modem à 350 000€ d’amende dont 300 000€ ferme ! Sylvie Goulard et Maud Gatel sont par contre totalement blanchies.

Il serait des plus logiques aussi que le Parquet fasse appel de cette décision, n’en déplaise au « Château ».

Pour la Justice, des assistants parlementaires ont bien été rémunérés sur des fonds du Parlement Européen pour des tâches au profit de l’UDF puis du Modem ; il y a donc bien eu détournement de fonds publics. La Justice va plus loin, elle dit qu’il est « très probable que les actes commis par trois des prévenus l’aient été avec l’autorisation de M Bayrou », président de l’UDF puis du Modem, mais aucun élément du dossier, aucune preuve apportés par le Parquet ne permettent de l’affirmer. D’où le bénéfice du doute.

C’est, étrangement, ce qui permet à M Bayrou d’affirmer après ce verdict : « Ce qui me satisfait, c’est que la preuve soit apportée, que non il n’y aurait pas de volonté de détournement de fonds du Parlement européen ».

Bayrou est à présent relaxé « au bénéfice du doute », avant appel éventuel du Parquet, mais peut-il rester pour autant à la tête du Modem, parti qui, lui, a été condamné pour ces faits de détournement de fonds publics lorsqu’il en était déjà le Président ?

Dans une entreprise, un tel président serait immédiatement débarqué s’il ne démissionnait pas aussitôt. La cécité, la mauvaise gouvernance aussi sont des fautes. Dans un parti politique moderne, également. Au Modem, nous verrons !

Quoiqu’il en soit, ce jugement peut aider Gabriel Attal à compléter la composition de son Gouvernement et éviter que la pression « Jupitérienne » sur lui ne soit trop forte. 

Impossible en effet de faire revenir Bayrou dans un Gouvernement à présent. Mais la porte est grande ouverte pour Maud Gatel et Sylvie Goulard, totalement épargnées par ces pratiques illégales, aujourd’hui condamnées par la Justice.

Reste pour l’automne le procès du FN/RN pour le même type de détournement de fonds publics et d’emplois fictifs. Marine Le Pen pourra-t-elle, elle aussi, rester candidate naturelle de son parti ?

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers