L'édito de Radouan Kourak
12H16 - vendredi 12 janvier 2024

Attal 1 : Un gouvernement sarkozyste et médiatique. L’édito de Radouan Kourak

 

Le gouvernement du plus jeune Premier ministre de l’histoire a hier soir été en partie dévoilée, les noms des secrétaires d’État et autres ministres délégués seront connus dans les heures et les jours à venir.

Les poids lourds sont devenus des éléphants, sans surprise les Darmanin, Dupont-Moretti, Le Maire, Lecornu… conservent leurs fauteuils respectifs. Amelie Oudéa-Castéra  décroche le jackpot avec un méga ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

La surprise de ce nouveau gouvernement s’appelle Rachida Dati, c’est une réelle prise de guerre de la majorité sur Les Républicains. L’ancienne garde des sceaux revient au gouvernement quinze ans après l’avoir quitté. Celle qui distribue les punchlines sur les plateaux TV les soirs d’élections devient ministre de la culture. Cette nomination est un véritable tremblement de terre dans le très woke monde de la culture.

C’est un coup politique d’Emmanuel Macron : terminer la purge de LR et permettre à l’édile du septième arrondissement d’être la candidate unique d’une large coalition marconiste-LR pour les élections municipales parisiennes de 2026. Passé l’effet de surprise, il est à rappeler qu’en avril 2022 Rachida Dati appelait déjà à un pacte de gouvernement entre Emmanuel Macron et les Républicains. Elle a été exclue des Républicains quelques minutes après l’annonce de sa nomination.

Ce gouvernement signe aussi la fin de la partie pour l’aile gauche de la majorité, tous les opposants internes à la loi immigration ayant été remerciés.  Nul doute que certains secrétariats d’état seront distribués en guise de lot de consolation aux marconistes de gauche. La rumeur enfle déjà sur la création d’un nouveau groupe parlementaire rassemblant cette sensibilité qui pourrait être portée par Clement Beaune. Le Président de la République arrivera-t-il à contenir sa gauche ?

Emmanuel Macron débute souvent à gauche avant de virer à droite : il était passé à l’été dernier à l’Education nationale de Pap Ndiaye à Gabriel Attal et aujourd’hui de Rima Abdul-Malak à Rachida Dati.

La volonté est de miser sur l’image en nommant de jeunes femmes comme Marie Lebec, Prisca Thevenot ou Aurore Bergé. « Elles passent bien à la TV, elles n’ont pas peur d’aller au combat, on peut les mettre face aux jeunes porte-parole du RN ou les envoyer sans soucis chez Hanouna » nous a confié un membre de l’entourage du nouveau Premier ministre.

Les femmes demeurent tout de même les grandes perdantes de ce gouvernement. Outre Catherine Vautrin et Amelie Oudéa-Castéra, elles sont reléguées aux ministères délégués ou de second plan. Les obsédés de la parité à tout prix préfèrent-ils le genre aux compétences ?

Darmanin, Dati, Bergé, Lebec, Vautrin… Leur point commun : tous sarkozystes. De même pour les autres ex-LR. Bruno le maire, Sebastien Lecornu… Selon Renaud Muselier (Président de la région PACA), il y a désormais plus de cadres LR au gouvernement que chez les Républicains. Ce qui ne manque pas d’agacer Francois Bayrou qui trouve également que le gouvernement tangue trop à droite, il aurait brandi la menace d’une liste MoDem aux élections européennes sans renaissance dont Olivier Veran est désormais pressenti pour conduire la majorité.

Au final, la macroniene politique du dépassement n’est-elle pas tout simplement en train de devenir la politique du rassemblement des Républicains (LR) ?

 

Radouan Kourak

Rédacteur en chef d’Opinion Internationale

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