Edito
08H56 - jeudi 11 mai 2023

Jean-Marc Rouillan bienvenu, Florence Bergeaud-Blackler interdite : où va l’université française ? L’édito de Michel Taube

 

Un terroriste et assassin comme Jean-Marc Rouillan a donc plus de « chances » de s’exprimer devant la jeunesse française qu’une éminente chercheuse qui dit et explique les faits.

Florence Bergeaud-Blackler est anthropologue et fonctionnaire du CNRS. Elle vient de publier au éditions Odile Jacob un livre intitulé « Le Frérisme et ses réseaux : L’Enquête », préfacé par Gilles Kepel.  

Cette universitaire devait animer le 12 mai une conférence consacrée à la laïcité à la Sorbonne, conférence suspendue et pour le moment annulée, officiellement pour des raisons de sécurité. 

Le prétendu crime de Florence Bergeaud-Blackler ? Etre une éminente spécialiste des mouvements islamistes en France, et notamment de leurs modes de pénétration et de financements. Ses ouvrages sur le marché du halal sont fort éclairants et inquiétants.

En réalité la mouvance islamo-gauchiste fortement implantée dans l’université française ne supporte pas que la stratégie d’infiltration des Frères musulmans puisse être portée sur la place publique et débattue. 

Rien dans le parcours de l’anthropologue ne permet de la suspecter de racisme ou d’islamophobie, terme promu par les islamistes et leur amis politiques pour interdire toute critique de l’islam, même le plus rétrograde et le plus violent. 

Pire, la chercheuse est aussi connue et respectée pour son attachement à la laïcité à la française, posture courageuse et républicaine qui constitue aujourd’hui pour les fréristes et les salafistes le véritable ennemi à abattre.

Comme naguère la jeune lycéenne Mila, Florence Bergeaud-Blackler est donc menacée de mort et placée sous protection policière. Son travail sur le frérisme est pourtant scientifique, étayé par de multiples éléments factuels incontestables, qui confirment des vérités qui sont au cœur de cette idéologie sexiste, raciste, antisémite, pernicieuse et dangereuse pour nos libertés, y compris pour les musulmans modernistes qui ne veulent pas retourner au Moyen-âge. Les femmes iraniennes qui depuis septembre 2022 retirent courageusement leur voile de soumission en savent quelque chose.

Entre menaces, djihad judiciaire et infiltration, les fréristes ont soumis les prétendus Insoumis (le vote musulman en faveur de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle prouve que cette stratégie communautariste avance), et soumettent aujourd’hui l’université, dont les dirigeants et ministres Ndiaye et Retailleau font montre d’une coupable lâcheté.

Jean Marc Rouillan, assassin condamné et ancien terroriste d’Action directe qui a participé à l’assassinat de René Audran, ancien ingénieur général de l’armement, et de George Besse, ancien patron de Renault, a donc été invité par l’extrême gauche à s’exprimer à l’université de Bordeaux le 28 mars dernier. Ailleurs, des islamistes parfois faussement « modérés » (un oxymore), des leaders politiques étrangers antisémites comme Jeremy Corbyn ont voix au chapitre grâce à l’extrême gauche, avec la bénédiction de la nomenclatura universitaire.

Et qu’en dit Emmanuel Macron ? Rien. Son ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye n’est pas loin du wokisme, s’il n’en est pas un adepte. Le silence assourdissant de la ministre de l’enseignement supérieur, Madame Sylvie Retailleau, est profondément choquant.

La République, jusqu’à son sommet, tremble-t-elle devant les wokes, indigénistes, islamistes, gauchistes, « antifas » devenus majoritaires sur les bancs des étudiants et dans les salles des profs ? 

Le culte du « pas de vague » dégénère en lâcheté et même en complicité. Une fois encore, c’est Marine Le Pen qui s’en frotte les mains, elle qui a beau jeu de dénoncer les manifestants d’extrême droite qui votent pourtant tous pour elle, et qui sont parfaitement capables de s’entendre avec le fondamentalisme islamique pour abattre la République et ses valeurs libérales et sociales, comme l’histoire nous l’enseigne. 

Aux dernières nouvelles, face au tollé suscité par cette annulation du 12 mai, la conférence de Florence Bergeaud-Blacker à la Sorbonne serait reportée au 2 juin 2023. Espérons que le « pas de vague » et la soumission n’auront pas le dernier mot, ce qui est loin d’être gagné.

 

Michel Taube

Directeur de la publication