Edito
09H41 - samedi 29 avril 2023

Coupe de France : le 23ème homme… L’édito de Michel Taube et Radouan Kourak

 

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Ce soir au Stade de France, Emmanuel Macron pourrait essuyer un sondage grande nature sous forme d’un concert de sifflets et d’une pluie de cartons rouges : la première partie, non d’un concert, mais des manifestations du 1er mai lundi prochain.

Rassurons nous, la politique n’occultera pas longtemps le clou du spectacle : la finale de la Coupe France entre le FC Nantes et le Toulouse Football Club. Une affiche qui offrira, quelqu’en soit l’issue, un résultat historique : le FC Nantes, tenant du titre réalisera-t-il le doublé, après avoir battu l’OGN Nice il y a un an ? Le club toulousain remportera-t-il pour la première fois ce titre prestigieux ? Le suspense est total.

Mais le 23ème homme du match sera bien Emmanuel Macron qui est bel et bien attendu ! Depuis la dépêche de l’AFP hier matin, laissant entendre que le chef de l’Etat pourrait ne pas descendre sur le pelouse pour venir, comme de tradition, saluer joueurs, staffs des équipes et arbitres, le landerneau politico-médiatique s’agite.

La CGT Energie brandit la menace de possibles coupures de courant. Les syndicalistes veulent distribuer à l’entrée du Stade de France cartons rouges et sifflets mais un arrêté préfectoral le leur interdit.

C’est que le chef de l’Etat, qui multiplie les visites de terrain depuis quinze jours, joue au chat et à la souris avec des protestataires et des manifestants dopés à la casserolade. Depuis les incidents légers de Sélestat dans le Bas-Rhin le 19 avril, le président de la République déploie « en même temps » une stratégie d’évitement et de présence sur terrain : visites officielles en présence de quelques élus locaux (pas toujours invités comme au château de Joux, dans le Doubs pour l’hommage à Toussaint-Louverture) et des manifestants tenus à bonne distance, pauses surprise sur des marchés ou dans des bars pour la jouer quand même « je vais au contact » tout en échappant aux banderoles syndicales et aux casseroles…

Adepte des bains de foules, le président est paradoxalement de plus en plus coupé des Français au moment même d’aller sur le terrain. « Seuls » titrait Paris Match, en y ajoutant une touche « people » avec sa femme Brigitte.

Mais ce soir, devant 80000 personnes, Emmanuel Macron n’échappera pas au face à face avec les Français. Il aura beau déployer le chiffre hallucinant de 3000 policiers (un dispositif de sécurité plus important que pour la fameuse et humiliante finale de la Ligue des Champions en mai 2022), un Laurent Nunez, préfet de police de Paris en personne, dans le PC de sécurité du stade, des grilles et des pics dans les virages pour éviter tout envahissement du terrain, nul ne pourra empêcher les sifflets si la foule décide qu’il en sera ainsi.

Déjà on apprend que le trophée, qui depuis trois ans était remis aux vainqueurs au milieu de la pelouse, sera remis dans les tribunes à la fin de match.

Si le chef de l’Etat renonce même à descendre sur la pelouse juste avant le match (ce qu’il ne faut pas souhaiter car cette tradition républicaine est belle), alors ce sera une petite mais véritable humiliation pour un président mal élu en 2022 et déjà démonétisé en début de mandat.

Ue façon de perdre un peu la face dans un un match sous haute tension qui est un des événements les plus populaires de l’année.

On peut regretter cette politisation du match mais saluons en même temps cette relation si singulière entre le foot et la politique : les chefs d’Etat aiment généralement le foot (Macron est pro-OM, ce qui en soi en fait un président attachant), des députés tapent régulièrement le ballon comme un Karl Olive, député des Yvelines et ancien maire de Poissy, les grands Jacques Vendroux et Jean-Michel Larqué, dirigeants et titulaires du club, des politiques entraînent des équipes de foot comme Ian Boucard (LR) dans le Territoire de Belfort. 

Décidément, le foot est roi, même en politique !

 

Michel Taube et Radouan Kourak

Directeur de la publication