Edito
12H03 - mardi 30 avril 2024

Les écrans volent la vie de nos enfants. A nous, adultes, de les en sauver ! L’édito de Michel Taube

 

Enfin un rapport d’experts utile car clair, net et précis !

Citons les présidents de la commission qu’avait créée Emmanuel Macron en début d’année : Amine Benyamina, professeur de psychiatrie, et Servane Mouton, neurologue et neurophysiologiste.

L’addiction des mineurs aux écrans est le nouveau mal du siècle !

Saluons donc des propositions audacieuses qui prennent la mesure du tsunami qui se déroule sous nos yeux : « limiter autant que possible » l’usage des téléphones portables et des téléviseurs dans les maternités, empêcher tout usage des écrans aux moins de 3 ans, ouvrir, entre 3 ans et 6 ans, un accès « fortement limité », « avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte », n’autoriser le portable qu’à partir de 11 ans et avec un téléphone sans Internet jusqu’à 13 ans ; après 13 ans, donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux « éthiques ».

L’ambition : reprendre le contrôle !

C’est connu : Zuckerberg et ses potes de la Silicon Valley élèvent leurs enfants loin des écrans : il est urgent de les imiter si l’on veut sauver toute une génération presque déjà perdue !

Addiction, violence, isolement, sédentarité, harcèlement. Exposez des jeunes enfants aux écrans, et ils apprendront à parler plus tard, plus difficilement, plus mal. A peine entrés à l’école, ils seront en difficulté, en retard, déjà en échec. Ils seront plus agressifs, violents, dans le ressentiment et la jalousie vis-à-vis des autres, dans le paraître plus que dans l’être. Le harcèlement n’aurait jamais pris de telles proportions sans les réseaux sociaux.

Les centaines de milliards des jeux vidéos, des réseaux sociaux, des écrans en tous genres, l’argent de ce que l’on appelle « l’économie de l’attention » gavent les géants du numérique, presque tous américains ou chinois. Ils détruisent nos vies avec le plus parfait cynisme, comme l’a constaté avec effarement la commission Benyamina / Mouton.

Non le « e-sport » n’est pas du sport, non vos « amis » Facebook ne sont pas vos amis, oui, le défilement ininterrompu des vidéos sur TikTok ou dans les Shorts de YouTube vous volent votre temps et votre vie.

Il faut légiférer

Il est temps de passer de la prise de conscience des désastres provoqués par les écrans, non seulement sur nos enfants, mais aussi dans nos vies d’adultes, sur la cohésion des familles, dans le tissu social, à l’action !

La commission Benyamina / Mouton montre la voie.

La méthode macronienne consistant depuis 7 ans à faire confiance aux plateformes et à compter sur leur esprit de modération ? C’est à se demander si le chef de l’État compte se reconvertir entre 2027 et 2032 dans la direction de Facebook ou de Google et qu’il ménagerait son futur employeur !

Quel comble ! La Chine a bien identifié le problème, qui a interdit dès 2021 aux mineurs de jouer aux jeux vidéo plus de trois heures par semaine… Sans empêcher le déferlement de Tencent et de TikTok dans nos pays.

Notre responsabilité est totale, individuelle et collective, politique. La complaisance à l’égard des écrans est humainement désastreuse et moralement inacceptable. Il va falloir choisir, il va falloir sévir. Il est d’autant plus aisé de le faire rapidement qu’un enfant addict aux écrans n’en est pas pour autant dépendant. Il suffit de lui proposer une autre activité, de s’occuper de lui, de lui manifester de l’attention, et il oublie très vite ses écrans. C’est donc par faiblesse, par lâcheté, par manque de temps, que les parents ne prennent pas les bonnes mesures.

Il faut sortir de la solution de facilité qui consiste à transformer les écrans en baby-sitters autant que de l’hypocrisie du « en même temps », qui prétend développer un secteur économique tout en contrôlant ses effets délétères pour des générations entières.

Au Parlement de s’en saisir !

Michel Taube

Directeur de la publication