La chronique de Patrick Pilcer
05H41 - dimanche 16 avril 2023

Et maintenant, place au Travail  ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Les Sages du Conseil Constitutionnel ont tranché et ont validé le passage de la retraite de 62 à 64 ans. Dans la foulée, le Président a promulgué la loi. Quelques articles de loi, traitant des conditions de travail et non du financement des retraites, ont été, à juste titre, éliminé de la loi par les Sages. Ces aménagements, souhaités par le Gouvernement pour mieux diminuer la pénibilité et mieux tenir compte des carrières longues, étaient considérés comme insuffisants par un grand nombre de députés et sénateurs républicains et centristes. Leur vote a d’ailleurs cruellement manqué ; avec eux, le recours au fameux 49-3 aurait été inutile. Il a bien fallu faire sans eux. Le choix, logique, du Conseil leur donne un peu raison. Comme au Gouvernement qui n’avait initialement pas inséré ces articles dans ses réflexions. Il donne aussi raison au Parti Communiste qui reprochait à LFI d’empêcher les débats réels, ceux de fond, à l’Assemblée.

Les Sages du Conseil Constitutionnel n’auraient d’ailleurs pas pu décider autrement. Invalider entièrement la loi aurait été un véritable coup d’état constitutionnel, accepter les quelques articles qui n’ont rien à voir avec le financement de la Retraite, de la Sécurité Sociale ou de l’Etat aurait été une porte ouverte à des abus de procédure législative.

Mais cette juste décision offre au Président Macron et aux Français une fenêtre d’opportunité, celle de réfléchir ensemble à l’amélioration des conditions de travail. Ce devrait être considéré aussi par les Syndicats comme une réelle opportunité, une chance.

Que les extrêmes continuent leur cirque et leur brouhaha, c’est logique. Ils vivent des tensions, des peurs, des outrances, c’est leur fonds de commerce. S’ils ne peuvent agiter les peurs, profiter des tensions, dresser les uns contre les autres, ils n’ont plus rien en magasin ! Leur gagne-pain repose sur ce triptyque, Provocation Répression Mobilisation. S’ils acceptent de discuter, calmement, avec raison, ils perdent leur capacité de provocation et, in fine, la mobilisation de leurs troupes. Ces extrêmes, de gauche comme de droite, vivent de l’agitation, s’ils ne vocifèrent pas, s’ils ne provoquent pas, s’ils ne s’agitent pas, s’ils se calment, ils s’effondrent.

Par contre, est-ce le rôle des Syndicats de passer de la constatation sociale à l’agitation politique ?

Que les syndicats se battent pour refuser le passage de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans peut déjà sembler limite quand l’âge réel de départ est à 64,5 ans ! Cette loi ajuste l’âge légal sur l’âge réel. Rien de plus.

Il aurait été logique de voir les syndicats s’agiter sur les conditions de travail, sur la pénibilité, les carrières des femmes, les carrières longues, pas vraiment sur l’âge. Le problème du travail en France n’est pas vraiment l’âge, puisqu’encore une fois, les Français, dans la réalité, partent peu ou prou au même âge que les autres Européens. Le véritable problème est qu’on doit bien sûr améliorer les conditions de travail mais surtout travailler plus et mieux. Les Français, entre 25 et 55 ans, ont à peu de chose près le même taux d’emploi que les autres grands pays, mais il n’est pas acceptable que les 15-25 ans et les 55-65 ans travaillent, en proportion aussi peu par rapport à nos grands concurrents et partenaires. Parallèlement, il est temps de réfléchir plus encore à l’amélioration des conditions de travail. Il est temps de profiter des progrès scientifiques et techniques pour mieux travailler.

Le Gouvernement aurait certainement dû commencer par le Travail plutôt que par les retraites, surtout pour valider par la loi ce qui est déjà la réalité. Nous l’avons très souvent écrit.

Mais, objectivement, si le Gouvernement avait voulu légiférer sur le sexe des anges ou sur l’accouplement des fourmis en milieu urbain, les oppositions extrémistes auraient tenté de profiter de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée Nationale pour en faire une grande cause nationale d’agitation dans la rue, avec certainement le soutien de la LDH, et, peut-être, que les syndicats seraient faits, là aussi, manipuler !

Les Sages du Conseil Constitutionnel permettent aujourd’hui au Gouvernement et aux syndicats, aux Français, de sortir par le haut de toute cette agitation. Il est temps d’ouvrir, tous ensemble, la grande page du Travail. Comment améliorer les conditions de travail, comment augmenter le nombre de plus de 55 ans en emploi, comment permettre aux jeunes d’entrer plus aisément dans le monde du travail ? Comment utiliser les grands progrès scientifiques pour diminuer la pénibilité dans tous les métiers ? Comment améliorer le pouvoir d’achat des salariés ? Comment améliorer l’épanouissement et l’émancipation par le Travail ? Comment mieux faire respecter la Laïcité en entreprise (sujet, ou curieusement, les syndicats sont étrangement muets !) ? comment mieux récompenser l’Effort, dès l’Ecole ?

L’attente du Peuple Français est là. Les extrémistes misent eux sur la foule. Ils oublient à quel point la foule peut être versatile. Qu’ils regardent les photos de la foule, Place Stanislas à Nancy, en mai 1944 applaudissant Pétain le traître puis en septembre 1944 acclamant de Gaulle libérateur. Les mêmes têtes…

La foule n’est pas le Peuple, ne décevons pas le Peuple Français, servons-le !

Alors, au Travail !

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés,
Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers