L'édito de Radouan Kourak
17H10 - mercredi 12 avril 2023

Bernard Cazeneuve sauvera-t-il la gauche ? L’édito de Radouan Kourak

 

Le nom de l’éphémère premier ministre de François Hollande est sur les lèvres de tout le monde politique depuis plusieurs semaines. Ce dernier ne cache d’ailleurs pas sa proximité avec lui et n’hésite pas à le couvrir de louanges, notamment sur le plateau de BFM Politique il y a dix jours.

La NUPES n’a jamais été la tasse de thé de Bernard Cazeneuve, il a d’ailleurs à ce titre récemment lancé La Convention, un mouvement qui se veut être l’alternative de la gauche républicaine, situé entre Macron et Mélenchon. Celui-ci est d’ailleurs à ses yeux le leader du parti de l’outrance et de l’insulte : pour l’ancien maire de Cherbourg, c’est limpide : la France Insoumise est à l’extérieur de l’arc républicain.

La gauche qu’il défend devant les sympathisants de son mouvement ne promet pas la retraite à 60 ans, est ferme sur la laïcité et est fièrement européenne. Il n’est pas seulement entouré d’éléphants socialistes à l’image de Jean-Christophe Cambadélis ou de plus jeunes comme Carole Delga. Celui qui a tenté il y a quelques semaines en marge du congrès du Parti socialiste de le faire sortir de la NUPES, l’édile de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol est aussi l’un de ses très proches.

Bernard Cazeneuve crispe et attire même au sein de la NUPES : Fabien Roussel, le leader communiste fraîchement réélu à la tête de son parti, pense que la coalition est dépassée et qu’il faut aller plus loin notamment avec Bernard Cazeneuve mais aussi les députés de centre gauche et des territoires ultra-marins regroupés dans le groupe LIOT. Ces propos n’ont pas manqué d’agacer les insoumis : pour Corbière, cela conduirait la gauche dans le mur.

Il y a une semaine, la gauche Cazeneuve a emporté sa première bataille sur celle de Mélenchon : l’élection législatives partielle de la première circonscription de l’Ariège a pris une dimension nationale. Le second tour opposait Bénédicte Taurine, sortante LFI-NUPES, à Martine Froger, la dissidente du PS : c’est cette dernière qui l’a emporté. Pour Olivier Faure, leader du parti Socialiste et soutien de l’insoumise, c’est une alliance contre-nature qui a permis cette élection. Ces propos ont irrité nombre de socialistes, faisant grandir la contestation anti-Faure dans le parti. Valerie Rabault va presque jusqu’à remettre en cause la légitimité de celui qui a été élu premier secrétaire du PS avec à peine plus de 50%.

Si Bernard Cazeneuve s’est fait discret depuis 2017, le voici qui change de stratégie : et ce n’est pas la seule sortie de son dernier livre sur François Mauriac [« Ma vie avec Mauriac », éd. Gallimard] qui explique cette mue personnelle. C’est peut-être l’espoir tout juste ravivé du réveil d’une gauche républicaine qui le fait sortir aujourd’hui. Il est malgré lui devenu le leader de la gauche anti Nupes, soutenu par les déçus de cette alliance électoraliste et les républicains de gauche. Mais arrivera-t-il à perdurer jusqu’à 2027 et rassembler le peuple de gauche ?

 

Radouan Kourak

Rédacteur en chef d’Opinion Internationale