La chronique de Patrick Pilcer
17H14 - lundi 5 septembre 2022

Faut-il surtaxer les superprofits pour financer les super-dépenses ? La chronique de Patrick Pilcer

 

La gauche en France a décidément un mal fou à sortir de ses dogmes communistes, ça c’est sûr !

Dès que quelqu’un gagne un peu plus qu’un autre, on propose de créer un nouvel impôt, de lui prendre le fruit de son travail, quand ce n’est pas de lui couper la tête. Gagner plus, pour cette gauche, c’est mal. Dans leur doctrine quasi-religieuse, c’est le fruit du péché, la conséquence du péché originel ! en 2022…

Ces derniers jours, pas un journal, pas une chronique sans qu’on nous parle de taxer les superprofits. Affligeant ! Car ces grands connaisseurs de l’économie oublient que les profits sont déjà taxés. Quand Total gagne en France 1mds€, cela rapporte 250 000 000€ à l’Etat Français, donc à vous et à moi. Si Total fait un « superprofit » de 4Mds € par exemple, cela va rapporter une super-taxe à l’Etat de 1 000 000 000€ ! Si Total gagne, l’Etat, vous et moi gagnons !

Mieux, Total, et tous les énergéticiens, vont pouvoir investir plus encore dans leurs outils, dans la modernisation de leurs plates-formes pétrolières, dans leurs sites de raffinage, dans les énergies renouvelables, dans la recherche, dans l’innovation, voire pouvoir baisser le prix de l’essence à la pompe. Rappelons que la hausse du prix de l’essence vient aussi du manque d’unités de raffinage dans le monde faute d’investissement suffisant. Total va pouvoir embaucher, mieux payer ses salariés, augmenter ses loyers, investir pour demain, diffuser autour de son écosystème plus d’activités, et générer encore plus de « superprofits » pour après-demain.

L’Etat, de son côté, grâce à la hausse des profits, reçoit plus d’impôt sur les sociétés, et du fait de la hausse des salaires, comme du nombre de salariés, perçoit plus d’impôt sur les revenus. L’Etat va pouvoir diminuer sa dette (on peut rêver), alléger le poids de l’inflation pour les plus modestes, investir dans nos hôpitaux et nos écoles. L’Entreprise, les salariés, l’écosystème, l’Etat sont main dans la main, dans la même barque.

Alors pourquoi vouloir augmenter les taxes quand la France souffre depuis les années 80, depuis les erreurs de l’Union de la gauche jamais vraiment corrigées par la Droite, contrairement aux autres pays amis et concurrents, de taux d’imposition parmi les plus hauts au monde ? Pourquoi vouloir faire chavirer notre barque ? Est-ce par jalousie ? Par dogmatisme ? Par méconnaissance de l’économie ? Par strabisme en préférant les gagnants aux perdants ? par séquelles d’un catholicisme mal compris ?

Rappelons que la notion de péché originel a été introduite par un Berbère, Saint Augustin, à la fin du IVème siècle pour faire référence à l’état de péché dans lequel se trouve l’homme du fait de son origine. Saint Augustin attendait tout de la grâce divine quand son opposant, Pélage, prônait l’effort personnel et le libre arbitre.

Pour beaucoup, à gauche, le profit est un péché. L’argent, c’est le vol disait Proudhon. Et à l’origine de ce péché, de ce profit, qu’y a-t-il ? Le Travail ! Travail dont le mot vient de Tripalium, un outil de torture à Rome… Remplaçons travail par Work s’il le faut… Mais favorisons l’effort personnel et n’attendons pas tout de la grâce de l’Etat !

Si une entreprise n’investit pas, si elle n’embauche pas, si elle n’innove pas, elle fera peut-être un peu plus de profit une année ou deux, mais elle disparaîtra vite. Si Total n’avait pas investi dans ses outils de production, dans le raffinage, dans la distribution, et bien sûr dans ses salariés et dans leurs outils de travail, Total n’aurait jamais pu forer, transporter le pétrole, le raffiner, nous le distribuer tout en développant les énergies renouvelables dont tout le monde parle. Quand le baril de pétrole était tombé à 20€, Total continuait d’investir et de nous distribuer notre essence. Quand le baril monte à 100€, Total fait plus de profits, l’Etat perçoit plus d’impôt, et Total continue d’investir pour demain et après-demain !

Plutôt que de tirer sur les entreprises, nous devrions tous glorifier le travail et féliciter les entreprises qui génèrent des superprofits !

Alors bien sûr, Total, et les autres énergéticiens, vont distribuer plus de dividendes, voire racheter des actions, et tant mieux. Car ces dividendes sont perçus par vous et moi, ne serait-ce qu’au travers de nos caisses de retraite. Et les actions rachetées vont permettre de diversifier les portefeuilles, de réinvestir ces sommes dans d’autres activités qui n’ont pas eu la chance de faire des « superprofits » mais qui vont néanmoins pouvoir utiliser ces nouveaux fonds propres pour développer leurs activités, leur recherche, leurs innovations et générer des superprofits dans d’autres secteurs d’activité demain.

Ajoutons que la France n’est pas la Grande-Bretagne qui, elle, peut légitimement augmenter ses taxes sur l’exploitation du gaz et du pétrole car elle en produit. C’est un bien commun, national. En France on n’a pas de pétrole, et on a plus d’impôts…

Point subsidiaire : qui nous dit que l’Etat investirait mieux ces « super taxes » pour notre bien commun ? Rappelons que Hollande avait décidé de limiter la part du nucléaire en France, cédant à la pression de ses alliés pastèques, verts et rouges à la fois. Même Mitterrand et ses ministres communistes n’avaient pas osé. Hollande, aujourd’hui heureusement oublié de la Grande Histoire, mettait alors en péril l’héritage majeur de la politique industrielle de de Gaulle et surtout Pompidou, qui eux seront encore longtemps remerciés pour leurs apports à la Nation.

Inutile d’évoquer l’aveuglement du SPD et des Verts en Allemagne qui ont préféré produire de l’électricité à base de gaz et de charbon plutôt que par le nucléaire ! Bonjour le bilan carbone ! Poutine doit les en remercier tous les jours ! Leur aveuglement d’hier finance ses efforts de guerre d’aujourd’hui ! Mais ces écolos auto-proclamés n’ouvrent toujours pas les yeux et préfèrent les écrans de fumée d’un débat abscons sur la virilité et le barbecue aujourd’hui, demain sur le bilan carbone de l’épilation, des parfums et des cosmétiques…

Vive les superprofits, gloire au travail, et haro sur les super taxes ! Faisons confiance à nos entreprises, dans un cadre bien défini, plutôt qu’aux politiques et aux dogmatiques qui ne savent que déshabiller Paul sans habiller Pierre !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

 

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers