La chronique de Patrick Pilcer
04H36 - vendredi 8 juillet 2022

Pouvoir d’achat, plutôt que l’aumône, baissons les charges sur les salaires ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Patrick Pilcer

Elisabeth Borne a relevé le défi que constituait son premier discours de politique générale. Malgré les propos excessifs, essentiellement des Insoumis, elle a tenu le cap. Bravo à elle, et honte, une fois de plus, aux Insoumis, qui remplacent dans leurs outrances répétées les dérapages habituels de Le Pen père.

Il faut maintenant que la Première Ministre agisse vite et fort pour relancer le pouvoir d’achat des Français. Ce n’est pas en donnant un chèque transport de 100€ qu’elle va permettre à nos concitoyens d’améliorer leurs conditions de vie. Pour beaucoup, l’attente n’est plus dans une amélioration du pouvoir d’achat mais dans un maintien du pouvoir vivre !

En donnant des chèques, style hélicoptère money, le gouvernement permet aux ménages de ne pas couler, alors qu’il faut à présent bien plus, leur permettre de flotter à nouveau, et d’espérer naviguer, voguer. Si le gouvernement n’agit pas, nous risquons une nouvelle explosion sociale en octobre, avec le retour des gilets jaunes, puissance 2, avec une assemblée nationale qui ne tiendra pas le choc des confrontations. Le Rêve commun de Mélenchon et Le Pen, la tentative de prise du pouvoir par les extrêmes, par la rue… Nous aurons alors la crise sociale et, en même temps, la crise politique, voire la guerre civile.

Il est encore temps d’éviter cela, et, enfin, de revaloriser le travail. Pour cela, plutôt que de distribuer des chèques, l’État devrait décider dès le 1er septembre de diminuer les charges pesant sur les salaires de 200€. Cela ne coûtera rien de plus aux entreprises, et heureusement, alors que la récession touche nos économies et que l’inflation rogne nettement les marges de nombre d’entreprises. Par contre, cela augmentera fortement, et au bon moment, les salaires des travailleurs de notre pays. De facto, le SMIC perçu sera de l’ordre de 1500€. Enfin !

L’hélicoptère money a du bon, il permet de tenir le coup, mais il est par nature inflationniste car le montant reçu est immédiatement dépensé. La baisse des charges l’est beaucoup moins. Bien sûr, une partie sera dépensée, encore une fois, nous parlons pour la plupart de nos concitoyens de pouvoir vivre, pas de dépenser dans des futilités. Mais cette hausse des salaires permet aussi de resolvabiliser nos salariés. Ils pourront rembourser plus facilement leurs dettes, comme emprunter pour changer leur chaudière, leur voiture ou leur machine à laver. Ils pourront louer un logement plus aisément ou acheter leur appartement, leur maison individuelle. Toute l’économie en bénéficiera, et l’État pourra compenser ce coût, important, par des rentrées d’argent supplémentaires que créera cette augmentation de la circulation monétaire.

Cette hausse des salaires par la baisse des charges n’est, en fait, pas un coût, c’est un investissement d’avenir pour notre pays.

Quand Emmanuel Macron a décidé la « flat tax » sur les plus-values, il a baissé le taux d’imposition et pris le risque de diminuer les ressources de Bercy, mais l’Etat a récolté bien plus de taxes qu’auparavant. Il en sera de même avec cette baisse des charges.

L’autre bénéfice pour notre pays est de revaloriser la valeur travail : par cette baisse des charges, et par la hausse mécanique des salaires, l’écart entre les revenus de l’assistanat et les revenus du travail augmentera fortement. Gloire au travail ! Cela devient une incitation supplémentaire à travailler, et un coup de pouce vers le plein emploi. Là encore, notre pays dépensera moins en traitement social du chômage et récoltera plus par les cotisations de ces nouveaux salariés.

Enfin, cela accélèrera la réforme tant attendue de l’Etat. Il est temps que l’Etat réfléchisse à la bonne utilisation de nos impôts et de nos cotisations. Peut-on continuer à payer autant d’impôts et de cotisations quand les services publics sont ventripotents et dysfonctionnent autant ? Est-il acceptable dans notre pays d’attendre 6 mois pour pouvoir refaire sa carte d’identité, ou 6 mois pour avoir un rendez-vous avec son cardiologue ? Inutile d’évoquer la situation de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos universités, de notre recherche, de notre armée, de notre police, de notre justice, de nos prisons, de notre souveraineté économique… tout est à reconstruire ! Là encore, ce sont les ferments d’une révolution sociale.

Il est temps d’agir et de rebâtir la Maison France !

Madame la Première Ministre, à vous d’agir, dès aujourd’hui. Sinon, l’explosion sociale sera pour cet automne…

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers