La chronique de Patrick Pilcer
12H27 - mardi 7 juin 2022

Monsieur le Président, les retraites ont bon dos ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Alors que les Français sont préoccupés par leur avenir et se posent de nombreuses questions quasi-existentielles, à quelques heures des élections législatives, le Président Macron n’a rien trouvé de mieux que de braquer à nouveau les projecteurs sur la réforme des retraites.

Certes, chacun en convient, il faut réformer cette épineuse question des retraites, et traiter l’allongement notable de la durée de la vie, certes il faut que les partenaires sociaux mettent en place un régime des retraites dont les comptes s’équilibrent. Mais est-ce la question centrale à l’aube de cette prochaine élection ? Est-ce l’alpha et l’oméga du moment ? Les électeurs vont-ils se déterminer sur cette question alors qu’ils attendent des réponses et des actes sur tant d’autres ?

Au passage, plutôt que de parler de départ à retraite à 64 ou 65 ans, nous ferions mieux d’évoquer le nombre d’annuités nécessaires pour partir avec une retraite entière. Plutôt que de parler d’allongement de la durée de vie, nous devrions véritablement analyser quels sont les Français qui voient leur durée de vie s’allonger, ou se raccourcir, quelle est leur durée de vie en pleine autonomie, et pourquoi. Que fait-on pour lutter contre le raccourcissement de la durée de vie des salariés de tel ou tel secteur ? Que fait-on pour augmenter la durée de vie en pleine autonomie, que fait-on pour que les gens qui partent à la retraite à 65 ans, par exemple, puissent vivre jusqu’à 120 ans et au-delà dans les meilleures conditions possibles ? Mais là, le silence règne !

Surtout, le débat, malheureusement inexistant, aurait dû être sur la Réforme de l’État, non pas simplement comme l’a fait le gouvernement d’Edouard Philippe en changeant le nom l’École Nationale d’Administration, mais en proposant de réelles réformes de fond pour améliorer notre système éducatif (avant, on se demandait ce qu’allait faire un jeune sans diplôme, maintenant on se demande ce qu’il va faire avec un bac année après année nivelé toujours plus  bas !), comment restaurer notre système de santé, comment reconquérir les Territoires Perdus de la République, comment retrouver un sentiment de sécurité partout en France, comment avoir pleinement confiance dans notre Justice (éviter que les juges ne se prennent pour des avocats et inversement, empêcher que des assassins n’échappent à la justice), comment améliorer la prospérité de notre économie, comment retrouver la souveraineté sur les biens vitaux, comment rééquilibrer nos comptes publics, comment réduire notre dette alors que les taux d’emprunt vont nous couter chaque jour plus cher, comment exporter plus que ce que nous importons… tant de sujets absents des débats !

Les Français aimeraient savoir ce que proposent les uns et les autres, et ils aimeraient analyser concrètement l’effet des mesures de chaque camp politique sur leur vie pour les cinq prochaines années. Et bien rien… le débat est anesthésié à la fois par Macron et par Mélenchon qui se sont découverts meilleur ennemi respectif. Cela étouffe les autres, tous les autres.

Pourtant, il n’y aurait pas beaucoup à gratter pour mettre à jour la réalité des projets. Prenons Mélenchon, qui n’a toujours pas compris que quand on est troisième, on n’est pas en finale et encore moins vainqueur. En ping pong, et même à la pétanque, quand on perd le match et la revanche, on ne demande pas à jouer la belle… Pour lui, la sécurité, c’est surtout celle des délinquants. Pour lui, la Police tue. Pas un mot de sa part après l’assassinat d’Alban Gervaise, ce médecin poignardé sauvagement devant ses enfants à Marseille, pas un mot pour René Hadjaj, ce nonagénaire juif défenestré à Lyon a priori parce que juif (comme la regrettée Sarah Halimi dont son assassin n’a pas été jugé pour ses actes de barbarie), pas un mot contre les sauvageons qui ont attaqué les spectateurs anglais du Stade de France, pas un mot pour ce propriétaire attaqué par trois squatteurs, immigrés sans papier, qui avaient accaparé son appartement. Bien sûr, en ce qui concerne l’économie, c’est facile, on rase gratis et on fait payer les riches. La technique est éprouvée, moins on a de chance de gagner, plus on peut se permettre de faire des promesses intenables… Mais après tout, la République c’est lui !

Du côté de LREM, c’est facile aussi, ayez confiance, faites confiance…donnez une majorité au président, donnez-lui les pleins pouvoirs…Mais pour en faire quoi ? Déconstruire encore un peu plus notre République ? Reporter à la semaine des quatre jeudis les réformes indispensables ? On aimerait croire en la capacité du président à passer de la parole aux actes, mais les actes démentent les paroles !

Reste le programme du Centre Droit, basé pour la majeure partie sur le programme du candidat Xavier Bertrand, un programme équilibré, volontariste, remettant la mairie au milieu du village, reprenant en main le régalien et laissant la société respirer dans les domaines que l’Etat étouffe jusqu’à présent de tout son poids, quand son rôle est d’optimiser, d’huiler, de réguler mais pas de tout faire.

Mais est-ce encore audible dans le climat étrange de ce mois de juin, où l’outrance et l’inconsistance dominent ?

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers