La chronique de Patrick Pilcer
16H49 - jeudi 2 juin 2022

Le gouvernement français a-t-il retenu les leçons de la pandémie ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Patrick Pilcer

Poser la question, c’est malheureusement y répondre !

Quelles ont été les principales attentes des Français dans la crise du Covid ? Être et se sentir protégés, souffrir de moins d’administration et non pas plus mais de mieux d’État, préserver le pouvoir d’achat.

Force est de constater que le nouveau gouvernement ne répond en rien à ces attentes, pourtant légitimes.

Commençons par le besoin de protection.

Les évènements autour du Stade de France samedi 28 mai démontrent s’il en était besoin que la sécurité des spectateurs, parmi lesquels une grande majorité de visiteurs étrangers, n’avait pas été le premier souci du ministre de l’Intérieur. Ce dernier a beau discourir sur une fraude massive de billetterie, et tenter d’éteindre l’incendie en noyant les journalistes par des milliers de détails sur les transports ou les accès au stade, il ne peut plus cacher que le véritable souci a été l’incapacité des forces de l’ordre, sous sa direction, à protéger les spectateurs des bandes de sauvageons, trop contents de profiter de la mauvaise organisation technique de ce match pour détrousser ces touristes désorientés, souvent violemment. Les images sont passées en boucle dans les journaux d’information du monde entier. La finale de la Champions League aurait dû être l’occasion de montrer l’excellence de notre pays pour organiser un évènement sportif majeur, l’un des plus suivis au monde. Cela aurait dû servir de vitrine commerciale avant les Jeux Olympiques de 2024, et permettre à Paris d’attirer encore plus de touristes. Eh bien, ce fut un véritable fiasco, une tache sur l’image de notre pays, avec un gouvernement incapable de nommer correctement les choses.

Si ce gouvernement ne peut appeler un chat un chat, comment peut-il résoudre les problèmes posés ?

Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde, dit-on. Gerald Darmanin, à ne pas nommer la violence de ces délinquants, ne peut y répondre correctement. Il ne fait qu’ajouter au malheur de la Seine Saint Denis. Au lieu de désigner les supporters de Liverpool comme responsables, alors que tout montre que ces supporters, remarquablement calmes, ont été les victimes des sauvageons du « 93 », il ferait mieux de rétablir la sécurité à Saint-Denis, Stains, Pierrefitte, Sarcelles, etc… Au lieu de gonfler les chiffres et prétendre l’existence de 30 ou 40 000 faux billets, il ferait mieux de vérifier pourquoi le système informatique de vérification des billets a trop vite saturé. Une image bien triste d’incompétence. Une honte pour notre pays quand cette soirée aurait dû être une fête européenne du sport !

Moins d’administration et mieux d’État ?

On n’en prend pas le chemin en écoutant la nouvelle ministre de la Santé sur la réforme des Urgences. Après des dizaines de rapports sur l’état de l’Hôpital et sur les services urgentistes, nous avons eu droit à la mise en place d’une nouvelle commission qui doit soumettre un nouveau rapport. Clémenceau disait, « quand on veut enterrer une décision, on crée une commission » … La ministre a parlé d’investissements immobiliers, de primes mais toujours pas de formation, de former bien plus de médecins et de personnels soignants, en France bien sûr et pas à Bruxelles ou Madrid. Toujours pas de réflexion sur cette gabegie de vocations dans nos universités, toujours pas de réflexion non plus sur pourquoi autant de médecins et d’infirmières jettent l’éponge, quelques années après le début de leur carrière ! Et partout dans les hôpitaux, l’administration a repris le pas sur les médecins. Pourtant, l’un des grands constats de la pandémie a été de démontrer que l’administration des hôpitaux comme les ARS, loin d’être un facilitateur dans la vie des médecins et des patients, était un boulet devenu impossible à porter. Quand on a laissé faire les médecins, le système fonctionnait. Le pouvoir a été depuis repris par les administratifs… Les Français ne veulent pas de plus d’État, ils veulent mieux d’État ! Au XXIème siècle, à l’ère de l’intelligence artificielle, il est grand temps de, vraiment, réformer l’État, et sans passer par la case « mission Théodule »…

Sur le pouvoir d’achat également, ce gouvernement débute assez mal. Ce n’est pas en bloquant les prix ou en attribuant des chèques essence, encore moins en laissant la banque centrale monter les taux d’intérêt, que nous allons faire baisser l’inflation ou garantir le pouvoir d’achat de nos citoyens. Lorsque la pandémie a frappé le monde, nous avons su lui déclarer la guerre, unir nos forces et développer des vaccins en un temps record. Il nous faut agir de même. L’inflation est due à la hausse des matières premières, à la suite du conflit entre la Russie et l’Ukraine, aux problèmes d’approvisionnement, la fameuse Supply Chain que même la ménagère de plus de 50 ans connait à présent, mais aussi à l’avidité d’un trop grand nombre d’acteurs économiques qui veulent maintenir leurs niveaux de marge, sur des bases très élevées.

La France devrait pousser à une grande réunion internationale sur les prix des matières premières et sur ces problèmes d’approvisionnement, et apporter des solutions pratiques et immédiates. Nous devons faire comprendre aux pays producteurs qu’affaiblir nos économies avec, par exemple, un prix du baril de pétrole à 120$, les affaiblira également, en retour. Ils ont besoin de blé, de coton, de vêtements, d’ordinateurs, de tracteurs, de voitures également, et de notre protection. Ajoutons que les seuls grands gagnants de cette hausse du pétrole sont la Russie et l’Iran. Avec un baril de pétrole qui a doublé, même si la Russie vend 25% de moins de barils, elle encaisse 50% de plus ! Cette hausse finance son effort de guerre. Et les Iraniens financent leur projet d’armes nucléaires et gonflent les coffres des ayatollahs et des gardiens de la révolution… Les Etats-Unis gagnent aussi de cette situation. Ils sont de grands exportateurs, prennent des parts de marché et remplissent les poches des producteurs de pétrole, de gaz de schiste ou de denrées agricoles.

Inutile de dire qu’une hausse des taux de la Fed ou de la BCE n’a et n’aura aucun impact sur les prix des matières premières. Elle affaiblira par contre nos économies, surtout en Europe, augmentera le chômage et la précarité, alors que nous avons besoin de fortifier encore plus, toujours plus nos entreprises.

Mais pour cela, il faudrait un gouvernement soucieux de protéger la nation, et de réformer l’État ! il reste encore les élections législatives pour corriger le tir et élire des candidats du centre droit… Gémissons mais Espérons, Espérons…

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

 

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers