Edito
07H29 - jeudi 21 avril 2022

Le jour d’après. Mais que peut-il se passer si Le Pen gagne le 24 avril ?

 

Dimanche 24 avril 2022, 20 heures. Marine Le Pen est élue Présidente de la République. La première femme chef de l’État de l’histoire de France… depuis Marie de Médicis et Anne d’Autriche.

20h30. Le ton grave, Emmanuel Macron annonce qu’il se retire de la vie politique et qu’il appelle Édouard Philippe à reprendre les rênes du grand centre qu’il souhaitait bâtir.

20h30. Le premier télégramme de félicitations arrive du Kremlin, via l’AFP. Vladimir Poutine se dit disponible pour rencontrer la nouvelle Présidente de la République française et l’invite le 9 mai à Moscou pour le Jour de la Victoire (soviétique).

Lundi 25 avril, 8h : la présidente élue rend visite à Jean-Marie Le Pen. Dans la foulée, la nouvelle Souveraine réunit pendant deux longues heures un conseil de famille, le clan Le Pen, qui dirige de fait le Rassemblement National depuis toujours et qui s’apprête à mettre la main sur la France. Surprise, faisant semblant d’être bougonne, Marion Maréchal, embrassant son grand père, est présente sur place.

9h. La Bourse ouvre en panique et dévisse de 15%. Les taux d’intérêt flambent : 4 %, 5 %, 6 %, avant de se stabiliser à 10 %. L’euro décroche dans les mêmes proportions face aux grandes devises mondiales. Les agences de notation annoncent une prochaine et forte dégradation de la note de la France. 

10h Bruno Le Maire, ministre de l’économie sortant, convoque une conférence de presse et annonce que, au rythme des décrochages entamés depuis ce matin, les retraites de la fonction publique ne pourront plus être payées dans trois mois et qu’un contrôle des changes sera inévitable. La fuite des capitaux commence. Des licenciements sont annoncés. Dans l’heure qui suit, la panique s’empare des épargnants et des ménages :  une ruée sur les comptes de dépôt est constatée à l’entrée des banques ouvertes le lundi.

11h. Marine Le Pen est de retour à son QG de campagne, et réunit au pas de charge le deuxième cercle des fidèles, Jordan Bardella, Louis Alliot, Sébastien Chenu, Laurent Jacobelli, Julien Odoul. Des hommes de l’ombre sont là aussi, les anciens du parti, solides, fiables, de retour au bercail comme le leur avait proposé Jean-Marie la veille au soir. Curieusement, Gilbert Collard, veste à nouveau retournée, vient embrasser la main de la nouvelle monarque.

20 heures. Invitée du journal de 20 heures sur TF1, Marine Le Pen fait plusieurs annonces – choc : dès le lendemain, sa première visite à l’étranger sera pour Viktor Orbán, maître réélu de la Hongrie. Elle annonce qu’elle accepte l’invitation de Vladimir Poutine et que celui-ci l’a déjà assuré de ses efforts pour stopper l’opération spéciale (elle rectifie ensuite en parlant de la guerre) en Ukraine d’ici le 9 mai. Seconde annonce de la chef de l’Etat : le référendum sur l’immigration est convoqué pour le premier jour des élections législatives, le 12 juin. Enfin, la présidente de la République nomme Eric Ciotti, qui, la veille au soir, avait annoncé son ralliement à Le Pen « dans l’intérêt de la France », Premier ministre et le charge de former un gouvernement provisoire de rassemblement national.

Mardi 26 avril. Eric Ciotti annonce la composition du gouvernement qui prendra ses fonctions dès l’investiture de la nouvelle Présidente de la République et procèdera par ordonnances dès sa mise au travail. Pierre de Villiers est nommé ministre des Armées. Marion Maréchal occupe le poste de Ministre d’Etat, Ministre de la famille et de la natalité. Julien Odoul est le second Ministre d’Etat en charge de la laïcité. Gilbert Collard est nommé à la Justice. Philippe de Villiers àl’Instruction Nationale et de la langue française. Pour la première fois, deux frères siègent au gouvernement. Laurent Jacobelli, ancien de TV5 Monde, est à la Culture et à la communication. On apprendra le lendemain que Ciotti, de Villiers, Collard et Maréchal ont décidé, à la demande de la Présidente, de couper tous les ponts avec Éric Zemmour, dont elle a exigé qu’il soit considéré comme un traître.

Dimanche 8 mai (quel symbole !). Lors de son investiture à l’Élysée, Ludovine de La Rochère, Présidente de la Manif pour tous, est la marraine de la cérémonie. Laurent Fabius, président de Conseil Constitutionnel, dont il se dit qu’il a hésité jusqu’à la dernière seconde à être présent, fait prêter serment sur la Constitution au neuvième chef de l’État sous la Vème République.

Samedi 7 mai. Lors de la finale de la Coupe de France de football au Stade de France, les 22 joueurs entonnent la Marseillaise en tournant le dos à la tribune présidentielle. À la fin du match, pour la remise de la Coupe au capitaine de l’équipe gagnante par la nouvelle présidente de la République, les 22 joueurs refusent de monter à la tribune présidentielle et deux gigantesques banderoles se déploient sur les deux ailes du Stade de France avec le drapeau tricolore incrusté du slogan provocateur : « black, blanc, beur ». La Présidente Le Pen s’éclipse rapidement sous les huées. 

Mardi 17 mai, 19h. Pierre Lescure, président pour la dernière fois du Festival de Cannes, celle qui lui succèdera, Iris Knobloch, et le jury de l’édition 2022, annoncent, lors de la cérémonie d’ouverture, que le cinéma mondial est orphelin de la France des Lumières, et ne décernera pas de Palme cette année. Des cinéastes et comédiens en lice pour la Palme annoncent dix jours de grève du cinéma sur la Croisette en protestation contre l’élection de Marine Le Pen.

Dimanche 12 et 19 juin. Le Rassemblement National ne remporte pas les élections législatives. Aucun parti n’a de majorité à lui tout seul. C’est la chienlit politique.

Dimanche 19 juin, 22h. Jean-Luc Mélenchon, dont le partie LFI est arrivé second, derrière le RN, est reçu discrètement à l’Élysée. Mais une photo de « Public » diffusée par Myriam Palomba, la directrice, sur son compte Instagram, évente le secret.

22h30. Éric Zemmour et son mouvement Reconquête annoncent prendre la tête de l’opposition politique à Marine Le Pen. Le parti Horizons d’Edouard Philippe a récolté 13 % des voix, devant LREM, qui s’est effondré, LR et EELV à 4 % chacun.

Lundi 20 juin. 7h. Dans une interview exclusive à Mediapart, Jean-Luc Mélenchon confesse avoir lui-même proposé à Marine Le Pen de le nommer Premier ministre dans le cadre d’un gouvernement d’union populaire. « Madame, avec moi, vous aurez la paix sociale… et identitaire », lui confie Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen lui répond : « pas pour le moment… ».

10h. Sortant de leur réserve légendaire, le premier président de la Cour de cassation, son homologue du Conseil d’État, le président du Conseil constitutionnel, le  Bâtonnier de Paris, le Défenseur des Droits, le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Président du Conseil, Économique, Social et Environnemental, et, cas unique, les deux présidents de  la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg et de la  Cour de Justice de l’Union européenne de Luxembourg, cosignent une tribune dans un grand quotidien du soir s’inquiétant des conséquences juridiques catastrophiques de  l’élection de Marine Le Pen. Les premiers s’apprêteraient, selon les rumeurs, à démissionner… 

 

Mardi 22 juin, 20h. Dans une annonce solennelle aux Français diffusée sur toutes les chaînes de la TNT (mais boycottée par TPMP de Cyril Hanouna et Quotidien de Yann Barthès), Marine Le Pen annonce la convocation d’un référendum pour le dimanche 25 septembre sur la sortie de la France de l’Union Européenne. Elle rappelle que pendant sa campagne, elle avait bien précisé qu’il n’y aurait pas de référendum sur des questions essentielles à la vie de la nation. L’adhésion à l’UE n’est donc pas vitale selon la nouvelle hôte de l’Élysée.

Mercredi 23 juin, 10h. À Bercy, c’est la panique. Le Directeur du Trésor et le gouverneur de la Banque de France annoncent leur démission et préviennent dans un communiqué : « la France va tôt ou tard renoncer à l’Euro. Nous avons reçu l’ordre de l’Élysée de réimprimer sur le-champ des Francs à Chamalières. Nous nous y refusons. »

15h. Les juges suprêmes de toutes les Cours du droit français démissionnent. 

Jeudi 24 juin. La presse européenne et mondiale se déchaîne : le Frexit et les obsèques de l’Union européenne sont annoncés.

Jeudi 14 juillet, 10h30. Après la valse des généraux des trois armées qui ont démissionné la veille, Marine Le Pen est huée pendant toute la descente des Champs-Élysées. Mais dans la foule, ses partisans s’en prennent violemment à ses détracteurs. 

14h. 32000 maires de France, emmenés par David Lisnard, le nouveau président de l’AMF, l’Association des Maires de France, se réunissent place de la Concorde et appellent à un sursaut républicain des territoires.

21h. A l’initiative de Dadju, Soprano, Slimane, Zoe Wees, Jason Derulo, Enrico Macias, Julien Clerc et Céline Dion, accourue d’Amérique, des dizaines d’artistes chantent la Marseillaise devant la Tour Eiffel. Tweet de Marion Maréchal : « Ces pseudos artistes n’ont de français que les papiers, pour le moment ! »

Jeudi 1er septembre. La rentrée scolaire est perturbée par des grèves massives des personnels enseignants et des élèves hostiles au nouveau pouvoir. Dès le 25 avril, les lycéens s’étaient mis en grève partout en France, rejoints rapidement par des dizaines de milliers d’enseignants et la démission de tous les Recteurs des Académies. Pour la première fois depuis 1968, le Bac avait été annulé en juin. 

Dimanche 4 septembre, 20 heures. Marine Le Pen intervient sur toutes les chaînes de télévision, C8 et TMC ayant été interdites le 23 juin par décret du gouvernement.  Elle appelle au calme, promet le retour du franc dès le 1er janvier, confirme qu’elle compte gouverner sur son programme et quelles que soient les résistances de la rue. Ma seule boussole, dit-elle : « Le peuple, le peuple et encore le peuple ».

Lundi 5 septembre. En réponse, les syndicats décrètent la grève générale dès le lendemain. 

Mercredi 7 septembre. Alors que commence la campagne du référendum sur le Frexit, le Canard enchaîné publie un courrier adressé une semaine plus tôt par la Commission européenne à la ministre de l’agriculture, annonçant que les 9 milliards d’euros de subventions européennes à la Ferme France seront bloqués sans renoncement au référendum sur le Frexit. Les agriculteurs, réunis autour de la présidente de la FNSEA, demandent à Marine Le Pen de revenir sur son projet de rupture. De nombreux groupes de paysans annoncent qu’ils s’organisent pour monter à Paris en tracteurs pour bloquer la capitale d’ici la fin septembre.

Mercredi 21 septembre, date symbolique dans l’histoire de la République. Des manifestation géantes sont organisées dans tout le pays. Bilan : 34 morts et  des milliers de blessés. 

Il faut dire que, depuis le 1er juin, la police nationale, à la suite à la démission, pour raisons républicaines, de nombreux directeurs de service dans l’administration centrale du ministère, est encadrée et dirigée par les anciens chefs du service d’ordre du Front National et du Rassemblement National. Les arrestations sont innombrables, sans qu’on puisse les chiffrer et sans que l’on sache toujours où sont emmenées les personnes arrêtées. 

21 septembre au soir. Barricadée à l’Élysée depuis la rentrée, Marine Le Pen réunit son clan, sa famille, son premier cercle, et consulte tous azimuts face à la montée des violences qui compromettent la tenue même du référendum du dimanche suivant sur la sortie de l’Union Européenne.

22h. Jean-Marie, son père, demande à voir seul la Présidente, sa fille. Il lui dit : « non, tu as mieux à faire. Le pays est bloqué, la violence des manifestations et la colère du peuple t’offrent une opportunité historique d’aller plus vite. Mélenchon appelle au soulèvement dans les banlieues. Les salafistes préparent des attentats. L’état d’urgence n’est plus suffisant. L’article 16 de la Constitution te permet, en cas de péril grave et immédiat, de t’octroyer les pleins pouvoirs. C’est la seule issue. Évite le bras de fer, passe en force. Tous les ingrédients sont réunis, et de toute façon, personne ne peut s’y opposer » 

22h30. Marine se lève, se retire dans son bureau et décide de prendre une nuit de réflexion, le texte de la Constitution de la Ve République et le livre de Carl Schmitt, « La notion de politique – Théorie du partisan » en guise de livres de chevet… 

Jeudi 22 septembre 9h. Avec l’automne venu, Marine Le Pen déclenche la procédure de l’article 16.

Article 16, alinéas 1er et 2 de la Constitution de la Vème République : Lorsque les institutions de la République,  l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son  territoire ou l’exécution de ses engagements  internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des  pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées  par ces circonstances, après consultation officielle du  Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi  que du Conseil constitutionnel. 

Il en informe la Nation par un message. 

La France sombre dans la dictature, dans le respect de la Constitution de la Ve République.

La guerre civile embrase le peuple français…

 

Une fiction ou une anticipation publiée le 14 avril 2022 de

Michel Taube et Raymond Taube

 

RDV mardi 26 avril pour le Live du Mardi avec Opinion Internationale

Je m’inscris Mardi 26 avril à 19h sur Zoom : bilan de l’élection présidentielle /Débat Solutions pour la France « Faut-il créer un McKinsey public au sein de l’Etat ? » avec Patrick Pilcer, Philippe Latombe et des décideurs engagés au coeur de l’actualité.

 

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Directeur de l'IDP - Institut de Droit Pratique

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