Sur vos écrans
18H23 - mardi 15 février 2022

“Un Monde” ou le désenchantement d’une société miniature

 

Bienvenue dans un monde à part, celui de l’école, pris à parti par la réalisatrice Laura Wandel. Loin des clichés heureux de l’enfance, elle ose poser sa caméra là où seules la bienveillance et la sécurité devraient être assurées. Fort et marquant ce film aux allures de documentaire relève de l’exploit tant le spectateur en ressort bouleversé. Le harcèlement, un sujet dont pourrait s’emparer le (la) prochain(e) président(e) de la République ?

72 minutes à bout de souffle

Projeté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, ce premier long métrage relate l’histoire de Nora. Elle vient d’entrer à l’école primaire et veut suivre les pas de son grand frère, Abel, à peine plus âgé qu’elle. Loin de l’esprit de camaraderie du Petit Nicolas de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, la petite fille découvre avec effroi que son frère est victime d’harcèlement scolaire. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Comment réagir à la violence perpétrée de manière volontaire ? Quid de la sensibilisation à l’intimidation dans les milieux scolaires ? Quel est le point de bascule qui fera d’un enfant, un harceleur ou un harcelé ? 

Tic-tac, tic-tac. A l’image des secondes effrayantes qui défilent, le public perçoit tous les moments, en apparence ordinaire, pouvant renverser la vie d’un enfant banal à celle de victime de harcèlement. Dans l’histoire de la réalisatrice belge, les issues heureuses ne tiennent qu’à un fil : réussir ses lacets, être invité à un anniversaire, échanger avec une copine mesquine, … Une erreur banale suffit à être rejetée de tous. Si l’on aperçoit toutes ces conjonctures pour la petite fille, c’est avec son frère que la violence sera insoutenable. Filmé à hauteur d’enfant, le spectateur vit l’impuissance et le climat toujours plus oppressant à travers les yeux de Nora.

La désillusion des bacs à sable

Qui n’a jamais ressenti la nostalgie du doux retour en enfance ? Ces belles années où la liberté et l’innocence ne faisaient qu’un. Sacrée douche froide pour le public qui se trouve désarçonné face à la réalité des cours de récréation. Laura Wandel nous entraîne, caméra au poing, dans un style naturaliste percutant. En effet, les personnages fictifs représentent avec réalisme une situation vécue par de nombreux élèves, celle de l’intimidation dès la petite enfance. En octobre 2020, un rapport parlementaire délivrait une étude affirmant que près de 700.000 enfants étaient victimes de harcèlement scolaire chaque année en France. 

Ce long métrage met le doigt sur un système encore trop peu formé pour répondre à ces problématiques. Pour nous le montrer, la cinéaste utilise la technique de la longue focale, un angle de champs réduit avec un cadrage serré où les enseignantes et les parents apparaissent hors de la réalité de Nora. Démunie et frustrée par deux mondes qui ne se comprennent pas, la jeune actrice, Maya Vanderbeque, interprète avec talent les dilemmes qui lui font face. Ainsi, l’autrice belge nous révèle au grand jour des scènes oscillant entre la vie et la mort, bien loin de l’image candide des enfants. Alors, une fois La Reine des neiges remisée au placard, la réalité de ces petits monstres nous choque. Pour cette expérience immersive, la réalisatrice a été récompensée par le prix Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique) mais aussi par le Festival du film de Londres (BFI) avec le prix du meilleur premier film. Nécessaire et magistral, ce long métrage vous fera réfléchir à l’ampleur des mesures qu’il faut mettre en place pour protéger les enfants dans un univers où l’apprentissage, la culture et le vivre ensemble devraient être leurs seules préoccupations. 

Le 24 février 2021, le Parlement adopte un projet de loi instaurant un nouveau délit, le « harcèlement scolaire », qui pourra être punissable de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende si la victime a été conduite au suicide ou à la tentative. Si le harcèlement a conduit à une incapacité de travail de la victime de de huit jours, la peine pourra monter jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Auparavant punissable sous d’autres chefs (harcèlement moral), les nouveaux outils mis en place par le Parlement permettront donc au pays de mieux s’armer face à ce fléau.

Fanny David

 

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