La chronique de Patrick Pilcer
12H13 - vendredi 28 janvier 2022

Déficits, dettes, dépenses publiques… La quadrature du cercle pour la prochaine Présidente de la République. La chronique de Patrick Pilcer

 

Ce mois de janvier aura marqué un véritable tournant. D’un côté, Omicron, même s’il contamine plus largement la population, se révèle nettement moins dangereux et mortel. De l’autre côté, les banques centrales, surtout la FED, ont envoyé des signaux clairs sur la réduction de la taille de leur bilan et sur la hausse des taux courts. C’est la fin du whatever it takes mondial, le quoi qu’il en coûte du président Macron.

L’Etat Français paie à présent un intérêt positif lorsqu’il emprunte sur du long terme. Il va falloir se réhabituer à ce que l’argent emprunté aujourd’hui coûte plus cher à rembourser demain. Il va falloir se désintoxiquer, se sevrer.

Dans le même temps, la prochaine Présidente de la République devra, enfin, réduire les dépenses publiques et améliorer le fonctionnement de l’Etat. Il lui faudra, exemple criant, remettre sur pied l’Hôpital. Dans ce domaine, il faudra tirer un trait sur le bilan catastrophique des ARS, avoir plus de soignants, mieux payés, plus d’étudiants en médecine aussi, et moins d’administratifs. Il faudra aussi que les responsables de ce fiasco soient virés de la haute fonction publique avant leur retraite. L’Education Nationale devra aussi, enfin là encore, dégraisser le mammouth, tout en améliorant le niveau scolaire des élèves. Il faudra mettre plus d’argent dans la Sécurité et dans la Justice, simplifier le travail administratif des policiers pour mettre plus de force de l’ordre dans les quartiers. Il faudra moderniser nos armées, dans un monde plus dangereux demain qu’hier. Il faudra investir pour passer à un Etat 3.0, en prenant en compte les outils d’Intelligence Artificielle d’aujourd’hui et de demain, vaste chantier quand on voit que les logiciels dans les commissariats par exemple datent de Mathusalem et buggent sans cesse.

Mais la difficulté majeure ne sera pas de définir où couper dans les dépenses, où investir, où dépenser. Les Hauts Magistrats de la Cour des Comptes ont depuis longtemps éclairé les gouvernants de tous les bords sur la situation de nos administrations. Non, le défi est dans expliquer aux Français qu’il faut impérativement réduire les dépenses. Macron a cramé la caisse, chacun le sait. Nous en avons tous profité, et dans la lutte contre la Covid 19, le quoi qu’il en coûte était nécessaire. Sans ces dépenses publiques, notre économie aurait sombré et le coût social aurait été bien plus fort. Mais aujourd’hui, il faut arrêter d’injecter autant d’argent public.

Mais comment faire comprendre aux Français qu’ils vont devoir partir à la retraite plus tard pour économiser n milliards, qu’ils vont devoir travailler plus, quand on les a habitués à faire des chèques par dizaines de milliards. Ce discours sera difficilement audible. Les populistes s’engouffreront sur ce créneau et mettront les gens dans la rue. Le risque d’explosion sociale sera énorme. Difficile d’expliquer à un drogué qu’on lui refuse sa nouvelle dose. Et pourtant, il faudra bien remettre la Mairie au milieu du Village et rétablir les comptes de la Nation. Il faudra choisir, soit la France bascule Europe du sud, avec des conditions de financement élevées, voire très élevées comme l’Italie ou la Grèce, pire devient l’Argentine, avec le FMI comme recours, soit la France reste arrimée au nord de l’Europe, et démontre son sérieux budgétaire et l’efficacité de son administration. Là comme ailleurs, le En même temps n’est pas possible. Les élections vont arriver au bon moment !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers