Edito
13H52 - mardi 26 octobre 2021

Rachida, femme menacée de mort pour avoir enlevé son voile islamique devant Éric Zemmour et les caméras de Cnews

 

 

Préambule : la gauche, et plus encore l’extrême gauche à minima complaisante avec l’islam radical, font grief à leurs adversaires politiques leur obsession du voile. Ignorance ou mauvaise foi ? Il est un pilier de la stratégie des islamistes, largement majoritaires parmi les animateurs du culte musulman en France. Le voile donne à l’islam une visibilité dans l’espace public et vise à culpabiliser, dénoncer et soumettre les femmes musulmanes refusant de le porter. Il vise aussi à habituer les non-musulmans à cet étendard identitaire brandi comme une provocation permanente. Doit-on rappeler qu’avant que les Frères musulmans ne tissent leur toile dans le monde arabo-musulman, en particulier en Égypte d’où il est issu, ou en Iran, les femmes étaient rarement voilées et pouvaient se vêtir à leur guise.

 

Dans la nouvelle émission « Face à la rue » sur Cnews, innovation courageuse et utile pour rapprocher les politiques des réalités qu’ils ignorent trop souvent, Jean-Marc Morandini a accompagné le presque candidat Éric Zemmour dans ses déambulations dans les rues de son enfance, à Drancy (Seine-Saint-Denis), à la rencontre des habitants, des commerçants et de quelques contradicteurs du monde politique. Lors d’une rencontre avec une femme voilée prénommée Rachida, Éric Zemmour lui demanda de retirer son voile islamique, en guise de preuve de la liberté qu’elle clamait. « Enlevez votre cravate ! », lui répond-elle, ce que son contradicteur fit volontiers.

Certains dénoncent une mise en scène au motif que cette femme travaillerait pour le groupe Bolloré, propriétaire de Cnews. D’autres reprochent à Éric Zemmour d’avoir voulu l’humilier et la soumettre à la laïcité. En soi, la soumission aux lois et valeurs de la République n’est pas une option. C’est une obligation que les pouvoirs publics ont renoncé à imposer. Mais jusqu’à preuve du contraire, la laïcité n’a jamais conduit à interdire l’expression religieuse dans l’espace public, dans la limite fixée par la loi qui prohibe la dissimulation du visage, loi au demeurant presque jamais appliquée. En revanche, malgré les tensions et peut-être les violences que cela engendrerait, la question de la neutralité des accompagnatrices scolaires mérite d’être posée. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Le port du voile islamique dans l’espace public est donc parfaitement légal. Tout comme ne pas le porter ! Cette femme qui a enlevé le sien devant Éric Zemmour et les caméras de télévision n’a pas répondu à son injonction, mais a prétendu agir ainsi pour montrer qu’elle était libre et par conséquent, que son contradicteur était dans l’erreur, le fantasme, le mensonge. Hélas, la suite a donné raison à Éric Zemmour.

Le soir même, Rachida était l’invitée de Cyril Hanouna dans « Touche pas à mon poste ». « Je suis une femme libre, musulmane, fière de l’être, mais libre », affirme-t-elle, arborant cette fois un voile tout blanc entourant intégralement son visage, tout en prétendant ne pas regretter son geste.

Mais surtout, elle témoigna des nombreuses menaces de mort qu’elle a reçues depuis son geste. Le poids des fondamentalistes à l’obscurantisme haineux est immense sur les réseaux sociaux comme dans les cités où l’islam est majoritaire, comme c’est le cas en Seine Saint-Denis. La liberté des femmes y est un leurre. On peut, on doit même souligner les excès et les insuffisances d’Éric Zemmour, mais cette séquence a contribué à mettre en évidence la force de la contrainte sur tous les musulmans refusant de se plier au diktat des intégristes, de plus en plus nombreux et organisés, malgré les gesticulations inefficientes des pouvoirs publics.

Pourtant, ce combat des femmes musulmanes pour leur liberté, combat dont le voile est, n’en déplaise à la gauche bienpensante, un symbole essentiel, mérite un soutien massif. Comme le démontrait Chahdortt Djavann (qui sait, elle, de quoi elle parle) dans son livre « Bas les voiles ! » (Folio) en 2003, les islamistes tiennent à la soumission des femmes plus qu’à la prunelle de leurs yeux. Ils exercent ce pouvoir sur les femmes et même les jeunes filles réduites au rang d’objet social et sexuel. Arracher le voile est la plus grande et la plus poignante liberté que la République française devrait accorder aux femmes musulmanes. Ce serait le point de départ d’une vraie émancipation et une affirmation forte de la laïcité. Sous cet angle, et peu importe le degré de spontanéité de la scène filmée à Drancy avec Éric Zemmour, nous sommes tous Rachida.

Rappelons-le à Rachida comme à toutes ces femmes françaises qui préfèrent se voiler : en Tunisie et au Maroc aujourd’hui, comme en Algérie avec le mouvement du Hirac, largement féministe, les islamistes perdent les élections et sont rejetés par les femmes et les opinions publiques. Il est temps que la vraie liberté étreigne enfin les Rachida françaises.

 

Michel Taube

 

 

Directeur de la publication