Edito
12H41 - jeudi 8 juillet 2021

« Corona, ma petite puce, t’es vicieuse comme un virus ». Le billet estival de Michel Taube

 

Covid : on voudrait que ce soit derrière nous, que ce soit un mauvais souvenir ou un cauchemar… La rédaction d’Opinion Internationale se préparait à des billets d’été plutôt joyeux et optimistes en lieu et place d’éditos par trop sérieux sur la complexe et périlleuse destinée de l’humanité (et de la France).

On fera léger dans les prochaines semaines. Ras-le-bol de la sinistrose, et vive l’été (côté météo, faut le dire vite dans la moitié nord). Sauf qu’autour de nous, on (re)commence à restreindre les festivités, prélude à d’autres mesures plus draconiennes, face à un variant Delta (le Beta et autre super Delta arrivent !). Bien sûr, les experts scientifiques ne sont pas d’accord. La médecine, qui n’est certes pas une science tout à fait exacte, n’est décidément plus ce qu’elle était ! Comme dans les médias et finalement dans l’opinion, le clivage artificiel entre enfermistes et anti-enfermistes fait rage, comme si l’arme contre la pandémie était idéologique. Le problème, c’est que ceux qui sont contre le confinement et les restrictions, et considèrent qu’on peut, qu’on doit vivre avec le virus, sont souvent aussi ceux qui sont contre le vaccin, le passeport sanitaire, le port du masque, le nettoyage des mains, la distanciation physique…Liberté, liberté, chantent-ils à tue-tête. Tuer… Le virus tue encore. Il blesse aussi, même les jeunes, auxquels les pouvoirs publics n’ont jamais su fredonner la mélodie préventive à laquelle ils auraient pu être sensibles, même si les responsabilités sont partagées (le « y’en a que pour ma gueule » est une autre réalité).

Y’en a marre, aussi, de ces quelques médecins démagos qui nous racontent que le masque en extérieur est inutile, même en cas d’affluence (ça, les Français, et pas seulement eux, l’ont bien entendu !) alors qu’il suffit d’observer une volute de fumée par temps calme, sans vent, pour se convaincre du contraire. Pas de cluster en extérieur ? L’Euro de foot en a provoqué quelques-uns, alors que la finale n’est pas encore jouée (l’équipe de France, altruiste et généreuse, a sans doute fait exprès de perdre pour préserver la santé des Français). 

Et pendant ce temps, le gouvernement (Emmanuel Macron, en réalité) tergiverse. Il réfléchit à une loi rendant la vaccination anti-Covid obligatoire pour les soignants, alors que cela fait belle lurette que cela aurait dû être fait, comme c’est le cas pour d’autres vaccins. Ceux qui refusent les innovations au prétexte du manque de recul sur les vaccins ARN peuvent se voir proposer de l’AstraZeneca, actuellement en solde. Un vaccin classique avec un risque équivalent à celui des autres vaccins classiques. Et s’ils ne veulent toujours pas, dehors ! Ils seraient aisément remplacés par des personnels étrangers, prêts à pallier à l’effondrement éthique et à l’égoïsme de leurs collègues hexagonaux. Rappelons par ailleurs que la Cour européenne des droits de l’Homme, à laquelle se réfèrent parfois mensongèrement, ou par ignorance, les prétendus défenseurs des libertés individuelles (de l’égoïsme, en réalité) admet la vaccination obligatoire en population générale. Tel est aussi l’avis de la majorité des Français (à l’exception notoire des sympathisants de La France Insoumise). Si le vaccin est le seul salut à court terme (ce qui n’empêche pas de travailler sur des médicaments destinés à guérir du Covid), l’intérêt général commandera peut-être de le rendre totalement ou partiellement obligatoire. 

À chaque jour suffit sa peine. Sur Paris, d’où nous vous envoyons ce billet estival, le soleil brille ce matin (zut, il vient d’être masqué par un gros nuage !). « Corona, ma petite puce, t’es vicieuse comme un virus », chantait Marginal Ray au tout début de la pandémie. Elle est le vice. Pour la vertu gouvernementale et collective, il faudra être patient…

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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