Afriques
09H58 - lundi 17 mai 2021

Conférence Internationale de Paris : vers un New Deal du financement des économies africaines subsahariennes ?

 

 

Une initiative de Michel Taube, fondateur d’Opinion Internationale, éditorialiste et écrivain, et de son équipe, avec Alain Dupouy, consultant International, directeur Général du Cabinet OM2A Consulting (Outre-Mer & Afrique), Président du Think Tank Club Objectif Afrique Avenir O2A.

Dans le courant de l’année 2020 a été lancée par la France cette idée de Conférence sur le financement des économies africaines, espérant que ce serait une occasion de mettre en œuvre, par cette coopération Internationale, un renouveau de ses modes de financements. Il est nécessaire de préciser que dans l’esprit du Président Macron, ce projet s’adressait à ce qu’il est convenu d’appeler l’Afrique Subsaharienne.

Un an s’est écoulé, le Covid est passé par là, modérément diront certains. La démographie n’a pas ralenti, et cette Afrique a subi des épreuves « politiques » qui n’ont pas facilité, c’est le moins que l’on puisse dire, son développement économique.

En conséquence, cette Conférence Internationale semble tomber à point nommé, comme une sorte d’aubaine pour les pays africains concernés, qui vont voir se réunir à Paris ces Chefs d’États ou de gouvernements, certains réélus dernièrement dans des circonstances plutôt tendues, et en présence  (ou en visio) des institutions  telles que l’Union Africaine, représentée à la fois par son Président actuel Felix Tshisekedi, et le Président de la Commission, la Banque Africaine de Développement (BAD), le Fonds Monétaire International (FMI), la Société Financière Internationale, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Devraient s’y ajouter des représentants des pays européens, des Présidents de pays de l’Est et du Sud de l’Afrique. La Chine aurait été aussi conviée à participer.

Cet événement arrive à point nommé aussi pour la France, dont l’image est aujourd’hui ternie auprès de certains peuples africains en raison d’une position diplomatique parfois considérée comme complaisante à l’égard de certains régimes, par une jeunesse en attente. Cette initiative est somme toute constructive, et donc opportune, afin de se donner les moyens, ensemble, de trouver des solutions nouvelles à cette dégradation économique, à ces déficits considérables, provoqués, encore une fois, par la pandémie Covid-19 mais aussi par bien d’autres facteurs.

Ce cadre de financement « assaini et plus équitable avec l’Afrique », comme le dit le Président Macron, doit permettre à la France, et à l’Europe, d’aider à ce positionnement financier concurrentiel face à la Chine (et d’autres) qui ne respecte pas toujours les règles du jeu. Alors il est temps de voir comment, dans l’intérêt de l’Afrique, les financements internationaux pourront être normalisés. Et pour cela, on associe à ces réflexions tous les organismes concernés mais aussi les pays qui sont « dans la boucle » du financement des pays africains.

Bien entendu, c’est une initiative qui devrait rapporter à la France pour redorer un peu son blason, notamment en permettant la facilitation des partenariats avec les entreprises privées où la France expose ses spécialités, d’un côté et par ailleurs sur les participations aux soutiens des dettes publiques, notamment dans la bonne définition et la saine répartition des « prêts » et des « dons ». A tout cela l’AFD (Agence Française de Développement) s’emploie depuis cette dernière année particulièrement.

Indirectement, ces nouvelles mesures assainies permettront de freiner ou d’arrêter la corruption, donc de redonner confiance aux populations, et notamment à leurs jeunesses, évitant ainsi de tomber dans le réflexe de la migration.

La finalité de cette Conférence est donc de tenter de freiner ce nouvel endettement et de juguler ce déficit de financement qui pourrait friser les 300 Milliards de Dollars si rien ne se passe. Et ces objectifs d’aide aux économies devront passer, chacun le sait, par le renforcement du secteur privé africain, où tant de possibilités et de projets existent, pays par pays, et par la même, rendre les pays plus attractifs vis-à-vis de leurs partenaires. Le bon fonctionnement des Etats est la condition de base pour relancer l’économie, lorsqu’effectivement les différents pays ne se trouvent pas inquiétés, voire paralysés par les risques d’insécurité et de terrorisme, entre autres maux.  

Le « New Deal » du financement, évoqué et suggéré par le Président Macron, saura-t-il trouver ces recettes novatrices, permettant de sortir de ce cycle infernal de la pauvreté en Afrique et de retrouver un certain niveau de croissance ? Le choix des ciblages dans l’éducation, la santé, l’environnement mais aussi les secteurs d’avenir (industrialisation, modernisation agricole, technologie) est prépondérant.

Sortira-t-il de Paris la décision d’une structure financière « panafricaine » articulée autour du FMI, de la Banque Mondiale, des institutions financières africaines et appuyée par les pays du G20 ? Une innovation au sein d’un système financier sclérosé ?

Une grande journée en perspective que ce mardi 18 mai prochain… Et si c’était le début de quelque chose ?

 

Alain Dupouy

Consultant International, Directeur Général du Cabinet OM2A Consulting (Outre-Mer & Afrique), Président du Think Tank Club Objectif Afrique Avenir O2A

 

 

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