Edito
13H17 - mardi 13 avril 2021

Variant brésilien à Roissy : faut-il une plainte contre le gouvernement pour mise en danger du peuple français ? L’édito de Michel Taube

 

Cet éditorial pourrait être une plainte tant, une fois de plus, l’exécutif français manque d’agir là où il faut et se contente de communiquer sur le reste. Un nouvel exemple, qui risque de nous faire perdre des semaines ou des mois sur le virus, nous vient du Brésil.

Quels sont les faits ?

  • Chaque semaine, au moins 1000 personnes arrivent du Brésil à Roissy. En fait certainement plus par les voyages avec correspondances.
  • En mars, 66 000 personnes sont mortes du Covid au Brésil, principalement du fait du variant amazonien P1, particulièrement contagieux, virulent et létal.
  • De nombreux cas de réinfection ont été constatés auprès de personnes qu avaient déjà contracté le Covid
  • La moitié des patients brésiliens en soins intensifs ont moins de 40 ans.
  • 92 nouvelles souches et 17 mutations ont été identifiées au Brésil.
  • Une personne peut avoir jusqu’à 70-120 contacts », selon Gilles Pialoux, infectiologue, sur BFMTV-RMC
  • Selon le ministre français des Transports Jean-Baptiste Djebarri, « Ils [les voyageurs en provenance du Brésil] viennent en France après avoir eu un test PCR négatif, ils font parfois un test antigénique à l’arrivée et ils doivent justifier d’un motif impérieux (s’ils ne sont pas Français) ». Aucun voyageur n’a donc une obligation coercitive de s’isoler, même en cas de test antigénique positif. Une déclaration sur l’honneur suffit.
  • Plusieurs reportages (dont une enquête de France 24) ont démontré la facilité de voyager avec des documents falsifiés, des faux résultats de test PCR, que l’on peut même acheter sur internet.
  • La plupart des pays européens ont décidé de fermer leurs frontières aériennes avec le Brésil. La France s’y refuse.

 

Les arguments du gouvernement :

– l’impossibilité juridique de fermer les liaisons aériennes ;

– le peu de personnes venant du Brésil.

 

Notre réponse : ces arguments fallacieux mettent en danger les Français.

 

Premier argument fallacieux : le droit interdit la fermeture de liaisons aériennes avec le Brésil.

Le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari déclarait hier : « Le Conseil d’État nous a dit que les ressortissants français et les résidents en France, au nom de la liberté de circulation, devaient pouvoir continuer à venir ». Le ministre s’appuie sur la jurisprudence au titre de laquelle il serait « disproportionné d’exiger un motif impérieux aux Français qui souhaitent rentrer en France, car l’impact de ces déplacements est mineur sur la propagation de l’épidémie de Covid-19. […] Exiger un motif impérieux porte une atteinte disproportionnée au droit fondamental qu’a tout Français d’accéder à son pays ».

Si le Conseil d’État oublie que le droit est un outil au service de la société démocratique et que, s’il empêche le gouvernement de protéger sa population, il faut changer le droit et surmonter la décision du Conseil d’État dans l’immédiat, au nom de l’urgence sanitaire.

Mais le problème n’est pas de laisser les Français entrer en France (les Brésiliens y entrent d’ailleurs également, même s’il n’y résident pas), mais d’éviter la propagation du virus, en particulier du variant brésilien.

Le Portugal et le Royaume-Uni, deux exemples parmi tant d’autres, imposent un isolement de 10 jours, sous peine de lourdes amendes (11.500 € au Royaume-Uni et encore bien plus en Espagne, où la sanction peut aller jusqu’à la prison). La France se refuse de prendre une telle mesure, alors que cela ne serait en rien attentatoire aux libertés, dès lors que chaque voyageur en est informé avant de monter dans l’avion, même s’il est muni d’un test PCR négatif ou s’il est vacciné.

Il ne serait pas davantage attentatoire aux libertés, en particulier à celle de ne pas contracter et disséminer les dangereux variants brésiliens, de s’assurer par tous moyens, y compris la vidéo surveillance et des dispositifs électroniques, que l’assignation temporaire à résidence est respectée.

Conclusion pratique : oui à la venue en France des Français du Brésil (et même des Brésiliens) mais à la seule condition d’observer dix jours de quarantaine dans un des hôtels de Roissy avec deux tests PCR français effectués le deuxième et le dernier jour de l’isolement.

 

 

Second argument fallacieux : le faible nombre de voyageurs en provenance du Brésil et la faible présence du variant brésilien en France.

Le variant brésilien (mais lequel ?) ne représenterait que 0,1 % des cas de Covid en France. Ce fut aussi le cas de la souche initiale, puis du variant britannique.

Selon le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, seulement 50 passagers débarqueraient chaque jour du Brésil, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle (déclaration sur LCI). Mais Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes annonce un tout autre chiffre : 1000 personnes par semaine, minimisant toutefois le danger viral, malgré les nombreuses mises en garde de scientifiques (hors ceux qui appartiennent au courant dogmatique des « anti-enfermistes » qui minimisent systématiquement tous les dangers).

En sous-estimant la menace, les pouvoirs publics mettent en danger les Français par leur entêtement et/ou leur incapacité à prendre et faire appliquer des décisions qui le sont dans de nombreux pays démocratiques.

Avec 1000 personnes arrivant chaque semaine du Brésil, sans véritable garantie qu’elles ne sont pas porteuses d’un variant très dangereux du coronavirus, et sans mettre en place une véritable quarantaine, le gouvernement expose un nombre croissant de Français, même jeunes, à la maladie et à la mort, compromet la stratégie vaccinale, augmente le risque d’un confinement radical ultérieur avec des conséquences économiques, sociales, morales et psychologiques dramatiques.

Miguel Nicolelis, neuroscientifique, ancien président du comité anti-Covid dans la région du Nordeste au Brésil déclarait ce matin sur Europe 1 : « Ce variant est une menace très sérieuse pour le monde. Je ne voudrais pas le sous-estimer et je voudrais souligner sa gravité, car ça pourrait saper les efforts de l’Europe, des États-Unis et de l’Asie à contenir cette pandémie ». Ces propos sont conformes à l’analyse de l’immense majorité des scientifiques de la planète, et contredits uniquement par une petite minorité qui sert au gouvernement des arguments du même ordre que « le masque ne sert à rien ».

Évidemment nous ne déposerons pas plainte contre le gouvernement pour mise en danger de la vie d’autrui [nous avons déjà écrit que nous y sommes opposés par principe], mais que les pouvoirs publics sachent que ce manque d’agilité, de réactivité et surtout de mesures contraignantes là où il faut, ce refus d’imposer une quarantaine sanitaire est une pure folie et met en danger le peuple français.

Une fois de plus qui finira par être une fois de trop…

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

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