Edito
10H57 - lundi 18 janvier 2021

2022 : vers la cohabitation ou le chant du signe de la Vème République ? L’édito de Michel Taube

 

Après avoir dynamité le paysage politique français en 2017, Emmanuel Macron pourrait réussir en 2022 ce qui semblait impossible depuis l’alignement de la durée des mandats parlementaire et présidentiel : la cohabitation. Mais d’autres hypothèses se profilent à l’horizon…

La présidentielle est la seule élection qui intéresse encore les Français. Les législatives n’ont jamais eu d’autre fonction que de donner au président élu une majorité pour mettre en œuvre son programme. Ensuite, ce sont cinq années le petit doigt sur la couture du pantalon, sauf à courir au désastre, comme les frondeurs du parti socialiste en 2017. C’est malheureusement à bon escient, à cause de la Vème République où tout repose sur le chef de l’Etat, que l’on qualifie de « godillots » ces députés. Sans Emmanuel Macron, la plupart d’entre eux n’auraient jamais eu d’existence politique. Mais près de quatre ans après leur entrée au Palais Bourbon, rares sont ceux qui ont imprégné les esprits. C’est même tout le parti LREM qui a échoué à s’enraciner dans le paysage politique, les dernières municipales en étant l’illustration la plus douloureuse. Au gouvernement, la plupart des postes clés n’ont jamais été occupés par des ministres du parti macronien, ce qui est déjà une forme de cohabitation.

Emmanuel Macron n’est aujourd’hui pas même certain d’être présent au second tour de la présidentielle de 2022. Et s’il veut être réélu, il faudrait au moins que la France ne sorte pas plus meurtrie, plus affaiblie et plus tard que ses voisins de la crise du Covid-19. Mais à quoi ressemblera le groupe LREM après les prochaines législatives ? Sans réélection d’Emmanuel Macron, il disparaîtrait dans l’indifférence générale. Et si réélection il y avait, nul doute qu’elle serait acquise sur le fil, sans enthousiasme. Le score du premier tour de la présidentielle n’hypothèque aucunement la légitimité de l’élu s’il obtient une majorité absolue lors des législatives qui suivent. Qui peut croire qu’il en sera ainsi après une réélection poussive ou par défaut d’Emmanuel Macron en 2022 ? 

Si cohabitation il devait y avoir, encore faut-il qu’une majorité se dégage des législatives ? Toutes les combinaisons peuvent alors être imaginées : LR-LREM (a priori la plus crédible), mais aussi LR-RN (la mort de la droite républicaine en somme), EELV-LFI-PS, LREM-PS… Ou une autre « combinazione », comme disent nos amis italiens ?

Après l’explosion du paysage politique en 2017, avec une Chambre impossible en 2022, c’est la Vème République qui pourrait être pulvérisée. Jacques Chirac, dont les erreurs majeures (le principe de précaution dans la Constitution) apparaissent aujourd’hui à travers la brume de sa popularité post-mortem, avait déjà grandement affaibli la Vème République en abandonnant le septennat au bénéfice du quinquennat, avec l’aide d’ailleurs de Lionel Jospin. 

La Vème République bientôt pulvérisée ou sauvée in extremis, en revenant au septennat, ou au quinquennat mais avec un mandat unique du chef de l’Etat, comme le propose Xavier Bertrand ?

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication