La chronique de Patrick Pilcer
12H05 - mardi 24 novembre 2020

Relançons notre économie. La chronique de Patrick Pilcer

 

Le second confinement va bientôt se terminer et 2021, dans le monde entier, s’annonce sous les meilleurs augures avec des vaccins efficaces et de meilleurs protocoles et traitements médicaux. Le gouvernement va pouvoir passer de la phase de survie de l’économie à la phase de relance. Nous allons pouvoir changer de voyelle, de panser à penser. Mais les questions vont alors être comment relancer le plus efficacement possible, comment générer le plus de croissance possible, et comment donner confiance en cette politique de relance économique ? Comment mettre en place le cadre le plus propice à cette relance, maximiser les effets de levier sur la croissance économique qu’elle va engendrer et éviter l’effet massue de dettes qu’elle génère inévitablement.

Beaucoup d’hommes politiques, comme Arnaud Montebourg, réfléchissent à l’annulation de la dette et à la hausse des impôts. Ils n’ont toujours pas updaté leurs logiciels et changé d’état d’esprit. Annuler la dette reviendrait à ruiner les investisseurs qui la détiennent. Les banques centrales, et donc in fine les états, détiennent une part de ces dettes, mais états et banques centrales pourraient se remettre, comptablement d’un défaut. Par contre les autres détenteurs des dettes d’état sont les caisses de retraite et les assureurs vie. On ruinerait alors les retraités comme les futurs retraités. Et pourquoi annuler uniquement la dette d’état ? Pourquoi ne pas annuler aussi la dette privée et ruiner les banques, les assureurs, et tous les épargnants ? On devrait alors nationaliser toute l’économie. Les gens qui ont un peu d’épargne à l’étranger partiront sous d’autres cieux. Et les créateurs, bâtisseurs, entrepreneurs iront également créer, bâtir, entreprendre ailleurs. Sauf si on ferme les frontières pour les empêcher de partir. Les Montebourg et consorts nous préparent le prochain Soviet Suprême. Le Monde de demain ne doit pas être pire que le monde d’hier

Il y a heureusement d’autres possibilités pour rembourser la dette que de l’annuler et de se tirer une balle dans la tête. L’inflation et la croissance, mais en premier lieu la Croissance.

Quelle est la ressource de l’Etat pour payer son fonctionnement, ses investissements, les intérêts et le remboursement de sa dette ? les impôts bien sûr. Mais pour augmenter cette ressource, on peut pêcher par faciliter et augmenter le taux d’imposition, on peut aussi tout faire pour augmenter l’assiette sur laquelle repose cet impôt. Autrement dit maximiser la croissance économique. Et plus on augmente la croissance, plus l’Etat peut améliorer son fonctionnement, augmenter les salaires de ses fonctionnaires, investir, payer sa dette, et baisser le taux d’imposition…

L’Etat ne peut bien sûr pas décréter la croissance, mais il peut changer les états d’esprit et mettre en place les conditions d’une plus forte relance, d’une croissance plus importante. Il ne nous faut pas viser un retour à 2% mais briser le « plafond de verre » et atteindre des taux de croissance de 4 ou 5% voire plus. Nous le pouvons grâce à cette même dette que M Montebourg veut annuler. La dette aujourd’hui ne nous coûte pas, elle nous rapporte, et cela grâce à l’Europe, grâce à la BCE, grâce à l’Euro. Annuler une dette qui nous rapporte est la bonne idée de M Montebourg. Au contraire il nous faut nous endetter plus pour mettre en place les meilleures conditions possibles pour doper notre croissance.

C’est le bon moment à présent pour diminuer considérablement les charges salariales et patronales. Il faut absolument que créer, entreprendre, travailler en France coûtent moins cher. Il nous faut cet électro-choc sur le coût du travail que j’évoquais dès le mois de mai, https://www.opinion-internationale.com/2020/05/29/reanimons-notre-economie-par-un-electro-choc-sur-le-cout-du-travail-la-chronique-de-patrick-pilcer-invite-du-prochain-live-opinion-internationale-le-1er-juin_75963.html .

Dans le même temps, il faut que l’Etat augmente les investissements publics, dans les Grands Travaux, dans les commandes de matériels pour l’Armée, pour la Police, pour la Justice. Cela va de la commande d’hélicoptères, à la création de nouvelles prisons, à la rénovation des lycées et des tribunaux, en privilégiant bien évidemment ce qui est produit en France.

Parallèlement, il faut accélérer nos efforts dans l’innovation et dans la recherche. Nous avons des chercheurs de tout premier plan. Il n’est pas normal que des vaccins de nouvelle génération comme ceux de Pfizer ou Moderna ne sortent pas aussi de nos laboratoires. Ces techniques seront demain les techniques pour guérir ou se prémunir des cancers ou de la maladie d’Alzheimer. Nous devons être à la pointe non plus seulement de la Recherche, mais des applications de ces recherches. Tout comme dans le domaine des cellules souches, pour reproduire un organe et ne plus avoir besoin de donneurs de greffes. Dans la 5G, il nous faut prendre d’urgence le train en marche et être parmi les pionniers des nouveaux usages que permet cette 5G, de la télémédecine à la voiture autonome, sans oublier l’accompagnement à la dépendance, le Silver Age, etc… tant de domaines employant des « bac +5 » comme du personnel peu qualifié. La liste n’est bien sûre pas exhaustive, d’autant plus que dans ces périodes de révolution industrielle, de nombreuses activités, de nombreux usages n’existent pas encore.

La France aime bien les triptyques, « testez, isolez, soignez » par exemple, ou les devises ternaires, Liberté Egalité Fraternité. Nous avons ici une politique en 3 piliers : diminution du coût du travail, commande publique, innovation. En mécanique, chacun sait qu’avec deux piliers un équilibre reste instable, à partir de 3, on crée un équilibre stable. N’oublions pas cependant le quatrième pilier, invisible dans ce propos mais si présent et nécessaire, la solidarité, ce quatrième pilier qui fera que notre édifice sera stable dans le temps.

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers

 

 

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