La chronique de Patrick Pilcer
09H50 - mardi 8 septembre 2020

La semaine où Emmanuel Macron a perdu les élections de 2022… La chronique de Patrick Pilcer

 

Au train où vont les choses, il va falloir se résoudre à un second tour sans Emmanuel Macron en 2022. Le Président Macron s’enfonce jour après jour alors qu’un boulevard se présentait devant lui pour les prochaines élections présidentielles, faute de concurrent centre gauche/centre droit et avec une extrême droite toujours sans crédibilité économique et sociétale.

Cette semaine aura été riche en événements négatifs pour sa prochaine candidature.

Première exemple, sur le plan international, le Liban. On peut déjà se demander de quel droit un président s’ingère aussi fortement dans la vie politique d’un autre pays. Imagine-t-on Angéla Merkel, après les attentats de 2015 ou après la panade dans laquelle était notre système hospitalier en mars/avril, venir en France nous dire, « les amis, vous êtes bien gentils, mais à présent il est temps de réformer votre système électoral et faire entrer la France Insoumise et le Rassemblement National au gouvernement, car après tout ils ont fait 40% à eux deux aux dernières présidentielles ! » On imagine le tollé face à une telle ingérence. Une erreur !

Pire, dans ses reproches véhéments au reporter Georges Malbrunot, le Président Macron braque les projecteurs sur les discussions qu’il aurait eu avec le Hezbollah, un groupe terroriste, reconnu comme tel par l’Union Européenne, groupe terroriste responsable de nombreux attentats, entre autres celui de 1983 contre nos militaires, attentat ayant tué 58 de nos parachutistes ! Les Français n’ont pas oublié ce sang versé. Une faute !

Il est vrai que le Quai d’Orsay est le gardien de la Vérité et de l’Arbre du Bien et du Mal … Dans le même temps, la même semaine, Trump et son plan, si critiqué par le Quai d’Orsay, commencent à porter leurs fruits. Les Emirats Arabes Unis et Israel renouent et vont signer un accord de paix. Bahreïn et d’autres devraient suivre ; la Serbie, premier pays européen, et le Kosovo, premier pays musulman, vont transférer leurs ambassades de Tel Aviv à Jérusalem…

Sur le plan économique, la même semaine, le Président Macron ressuscite le Commissariat Général au Plan et donne un bâton de maréchal à François Bayrou. Nous ne reviendrons pas sur cette erreur de casting, chacun pourra lire ou relire la chronique de lundi dernier. Mais cette erreur de casting, notée comme telle par la plupart des spécialistes, aura en partie éclipsé l’annonce du plan de relance annoncé par le Premier Ministre Castex. Pourtant ce plan, même s’il n’est pas parfait, même s’il demande à être complété, a le mérite de vouloir libérer le travail, de remettre la France au travail dans une dynamique écologique et socialement responsable. Les Français ont moins vu ce plan de relance, ou de survie, que ce cadeau, ce renvoi d’ascenseur. L’économie française a avant tout besoin que l’on restaure la confiance, et cette nomination ne dope pas vraiment la confiance en nos gouvernants.

Sur le plan des valeurs de la République, le discours lors des 150 ans de la IIIème République était lyrique, un peu plus laïc qu’à l’accoutumée, mais sans aucun élément concret, sans annonce phare. Le Président aurait pu assez facilement reprendre la proposition du Mouvement Radical sur la suppression de jours fériés comme la Toussaint ou le lundi de Pâques, proposition allant dans le sens du renforcement de la Laïcité, ciment de la République, tout en améliorant la compétitivité de nos entreprises. Rien. Il attend peut-être l’anniversaire des 150 ans de la Commune de Paris. Encore heureux que le Président n’ait pas décidé d’introduire la proportionnelle aux prochaines élections, en cédant une fois encore à François Bayrou, et en affaiblissant ainsi encore plus notre gouvernance.

Sur le plan politique, la tentative de Christian Estrosi, de pousser la Droite et le Centre à se rallier dès le premier tour à Macron et de ne pas présenter de candidat face à lui, aura fait flop. Les différences politiques majeures, dans le domaine régalien, comme sur la réponse à apporter face à la violence urbaine, face à la montée du séparatisme, comme sur la laïcité, poussent Valérie Pécresse comme Xavier Bertrand, comme d’autres, à croire en leurs chances. Jusqu’à cet été, un(e) candidat(e) de la droite et du centre n’aurait eu que peu de chances ; ils pouvaient à peine y croire comme y ont à peine cru avant eux Jean Pierre Chevènement et Chantal Taubira, deux candidats qui empêchèrent, par leur présence au premier tour, Lionel Jospin d’être au second tour et d’être président. Il ou elle aurait foncé dans le dur mur de la réalité. Ils auraient, eux aussi, pu empêcher un candidat républicain d’atteindre le second tour.

Ce ne semble plus le cas aujourd’hui, entre l’effondrement de Macron dans l’opinion et l’enlisement de Mélenchon, dont le potentiel électoral est tiré vers le bas par ses propres excès comme ceux d’Obono. Ses hologrammes et lui figureront bien en 2022, mais a priori pas au second tour. Le Pen aussi s’enlise. Depuis que la plupart des forces politiques dénoncent les tentatives de séparatisme de l’islam politique, la violence urbaine, les incivilités, la faiblesse des sanctions par la Justice, depuis que la plupart des forces politiques prônent plus de souverainisme économique, l’espace politique du RN fond à vue d’œil. Les différences sont alors non pas dans le constat mais dans les solutions proposées, et là, force est de constater que le RN est toujours aux abonnés absents et ses rares propositions économiques et sociétales font aussi peur que les sauvageons.

Valérie Pécresse et Xavier Bertrand ont à présent parfaitement raison de lancer, dès cette rentrée, l’idée de leur candidature, de battre la campagne et de travailler avec force et vigueur sur leurs plateformes présidentielles, surtout s’ils s’allient avant la dernière ligne droite.

D’erreurs en fautes, le Président Macron perd inexorablement le soutien de ses électeurs, du second comme du premier tour. La magie n’opère plus. Il y a fort à parier que beaucoup de ses électeurs préfèreront, comme pour les municipales, dont le maintien du premier tour fut une autre erreur majeure, l’abstention, ou le vote pour un autre candidat républicain.

Rien ne va plus, mais les jeux ne sont pas faits. Il est encore temps pour Emmanuel Macron de réagir, de sonner le tocsin, de souffler dans la corne de bélier, et de réveiller le pays. 2022 commence aujourd’hui…

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers

 

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