Edito
10H36 - mardi 30 juin 2020

L’écologie pastèque ou la nouvelle gauche plurielle ! L’édito de Michel Taube

 

Canicules à répétition, sécheresse et incendies de forêt, pluies diluviennes, ouragans et typhons en nombre croissant, pollution de l’air et appauvrissement des sols, nouveaux virus, disparition accélérée d’espèces végétales et animales (à quand l’homme ?)…  Les signaux d’urgence écologique se multiplient, mais les États continuent à privilégier la parlotte et les grandes messes de type COP et Conférences citoyennes, à l’action concrète.

Un peu partout à travers le monde, et tout particulièrement en Europe occidentale, l’écologie politique progresse. Elle se positionne presque toujours à gauche. En France, elle a même été confisquée par l’extrême gauche, ce qui l’a toujours décrédibilisée aux yeux de la majorité des Français, l’empêchant de franchir un plafond de verre de 5 à 10 % des voix aux élections présidentielles et législatives. Certes, quelques écologistes moins marqués politiquement, voire plus proches de la droite ou du centre, ou plus « libéraux », comme Noël Mamère, Nicolas Hulot, Daniel Cohn-Bendit ou Corinne Lepage, ont connu un certain succès dans le passé, mais alors que la gravité du problème environnemental aurait dû transcender les clivages traditionnels, la tradition a repris le dessus, jusqu’à ancrer les Verts, puis EELV dans un courant, et parfois une alliance avec la France insoumise ou le parti communiste.

D’ailleurs, ce sont toujours les Verts qui se sont échignés à briser l’ascension nationale de ces personnalités plus centristes que gauchistes. Le même sort sera-t-il réservé à Yannick Jadot ?

EELV est l’archétype de cette écologie pastèque, vert à l’extérieur et rouge dedans, vert pour les apparences, rouge dans le fond !

Cette gauche ou cette écologie pastèque entretient le dogme de la décroissance et risque de céder à sa propension naturelle à vouloir imposer une véritable dictature écologique, aux relents marxistes, et hostiles à l’économie de marché. Dans toutes les villes conquises par EELV alliée à des partis de gauche, les commerçants et les entreprises sont très inquiets et craignent d’avoir de bonnes raisons de l’être.

Plus que l’économie, de nombreuses idées portées par cette mouvance relèvent plus de l’extrême gauche la plus subversive que de la défense de la nature. En 2014, l’ancien sénateur EELV Jean-Vincent Placé regrettait que son parti fut plus celui des Roms et de la Palestine (nobles causes par ailleurs lorsqu’elles sont dans la mesure), sujets qui suscitaient infiniment plus de contribution des militants sur le site du parti que les sujets écologiques.

Le futur conseil municipal de Strasbourg comportera une femme voilée avec un hijab dont les deux couleurs noir et blanc sont un véritable marqueur identitaire. Durant la campagne des municipales, on a vu des militants verts exhiber la photo de cette candidate pour susciter l’adhésion d’un certain électorat. Qu’obtiendra cette communauté en échange ? Des repas halal dans les cantines publiques de Strasbourg ? Des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales ? Des fonctionnaires municipales voilées (sans doute, puisqu’une nouvelle élue l’est déjà) ?…

Et demain, si cette écologie gouverne le pays, abrogera-t-elle la loi de 1905 dans un sens permettant la libre expression religieuse dans les entreprises et même dans les administrations ? Le communautarisme, l’atteinte à la laïcité et des compromissions avec l’islam politique, contraire à l’Islam français et laïc que nous prônons et respectons, est-ce cela l’écologie qui vient de triompher lors des dernières municipales ?

Après que François Mitterrand eut marginalisé le PC, le PS domina outrageusement la gauche jusqu’à l’effondrement de 2017. Les écologistes et l’extrême gauche, en particulier le PCF, puis les mouvements successifs créés par Jean-Luc Mélenchon, lui servaient de forces d’appui au second tour d’élections nationales. Après l’avènement d’Emmanuel Macron, les rapports de force se sont inversés : la France insoumise a pris l’ascendant, mais sans aucune perspective d’accéder au pouvoir par la voie des urnes, Jean-Luc Mélenchon, qui par ailleurs prétend incarner la République, appelant à l’insurrection et s’inscrivant nettement dans la mouvance islamo-gauchiste, malgré quelques soubresauts républicains de circonstance.

En dépit d’une abstention de 60 % aux dernières municipales, plusieurs signaux permettent de penser que le succès de l’écologie politique n’est pas un feu de paille, et que c’est elle, et non LFI, qui est désormais la première force politique de gauche. En 2022, il y aura trois candidats pour deux places au second tour : Emmanuel Macron, s’il se représente, Marine Le Pen, et peut-être le candidat écologiste.

Nous l’avons écrit à plusieurs reprises dans les colonnes d’Opinion internationale : Yannick Jadot est peut-être le prochain président de la République, parce qu’il a eu le courage de commencer, par petites touches, à se détacher de l’islamogauchisme et de Jean-Luc Mélenchon, d’être plus vert que rouge, jusqu’à donner le sentiment qu’il pourrait travailler avec Emmanuel Macron.

C’en sera trop pour les caciques de ce parti encore très dogmatique, et il risque fort de d’être contraint de réaffirmer son ancrage à gauche, tout en regrettant la présence de candidates voilées sur les listes municipales d’EELV ou apparentées. On peut penser que sans le reconnaître, Yannick Jadot approuve (sous réserve de mise en pratique) le tournant écologique d’Emmanuel Macron à l’issue de la Convention citoyenne pour le climat, mais ni lui ni son parti n’ont désormais vocation à servir de supplétif, de force d’appui, à qui que ce soit.

L’objectif politique des verts, c’est désormais l’Élysée en 2022 et la majorité au Palais Bourbon.

Mais avec quelles alliances ? L’extrême-gauche ? Ou les socialistes jusqu’au centre gauche déçu par la macronie ? Tel est le choix historique qu’aura à faire Yannick Jadot !

Car pour accéder au pouvoir suprême, il faudra briser la pastèque. Le marquage à l’extrême gauche permettrait sans doute un bon score de premier tour, mais condamnerait vraisemblablement le candidat vert au second tour. Les Français veulent bien d’une croissance verte, mais pas d’une décroissance génératrice de déclin et de chômage. Ils sont également attachés à la laïcité et rejettent massivement les compromissions avec l’islam politique. Ils ne veulent pas d’une écologie agressive et punitive, avec une fiscalité idéologique brutale, comme l’illustre le mouvement des gilets jaunes né d’une éco taxe. Ils ne veulent pas non plus d’une immigration massive à laquelle l’extrême gauche et les verts actuels semblent très attachés.

Quelle est la véritable pensée de Yannick Jadot et quel est son poids au sein du parti vert ? S’il représente EELV en 2022, sera-t-il un candidat de premier tour, un candidat écolo pastèque, ou l’incarnation d’une écologie capable d’une vraie transition écologique libre de toute idéologie gauchiste, une écologie attachée à la libre entreprise, à la laïcité, à l’Europe ?

Yannick Jadot est face à un double choix : sur le fond, prôner une écologie positive, créatrice de richesses, d’emplois et de croissance ou partir sur une écologie punitive et culpabilisatrice. Et politiquement, récupérer les déçus de la macronie et s’allier au PS revivifié pour espérer un destin national ou sombrer dans ses racines altermondialistes et gauchistes qui feront de lui un éternel second.

 

Michel Taube

Directeur de la publication