International
08H01 - dimanche 19 janvier 2020

Conférence de Berlin sur la Libye : cessez-le-feu ou accord de paix. La chronique de Michel Scarbonchi

 

Ce 19 janvier 2020 se tient à Berlin, la énième conférence sur la Libye en six ans. Après l’échec de Moscou où le maréchal Haftar a refusé de parapher l’accord de cessez-le-feu que lui proposaient Vladimir Poutine et Recept Erdogan. Pourquoi ? Parce que Haftar voulait que l’accord fige la position réelle des troupes à Tripoli et surtout parce qu’il souhaitait un accord inter libyen alors que le texte soumis incluait la Turquie….

La diplomatie allemande réussira-t-elle là ou Skhirat, La Celle Saint Cloud, Dubaï et Palerme ont échoué ? Les plus optimistes des experts en doutent. En effet, pourquoi le maréchal, en position de force, contrôlant 95% du territoire libyen accepterait-il un accord de paix avec un premier ministre de l’ONU qu’il considère comme un fantôche aux mains des pires islamistes et qui ne contrôle plus que le centre de Tripoli, soit 10 km² ?

Même animé d’une volonté de paix, Haftar exigera la dissolution et le désarmement des milices islamistes de Tripoli. Nul accord ne peut se faire si on ne comprend pas la psychologie d’Haftar. Celui qui n’était alors que général a quitté Tripoli en 2014, quand les islamistes ont pris le contrôle de la capitale car il venait de comprendre qu’ils allaient rapidement prendre possession du pays entier.

L’homme qui, avec l’opération « dignité », a  conquis Benghazi puis la Cyrénaïque en deux ans est obsédé par l’élimination des milices qu’il appelle « terroristes », la réunification et la pacification du pays. Il n’acceptera pas un compromis qui fasse perdurer la situation que la Libye connaît depuis des années, à savoir un premier ministre ne tirant sa légitimité que de l’ONU à laquelle il oppose la légitimité populaire que lui a conférée sa désignation comme chef de l’Armée Nationale libyenne (ANL) par l’assemblée nationale de Tobrouk, seule institution «élue et légitime du pays.

Haftar n’acceptera pas la présence des centaines de miliciens islamistes syriens (les mêmes qui combattaient, il y a trois mois, nos alliés kurdes) à Tripoli dont on peut s’étonner de les avoir vu arriver par avion sans que l’OTAN et l’Union européenne ne les en empêchent.

Quant à l’ONU, responsable du chaos actuel après avoir usé trois médiateurs en six ans, elle est hors-jeu, tout comme les Etats-Unis, en repli général…

Haftar est conscient que sans Erdogan, Tripoli serait déjà tombée et son rêve d’une Libye enfin en paix et souveraine, réalisé.

Alors, Merkel qui n’a pas invitée la Grèce et la Tunisie à la conférence, qui n’a pas autorisé l’envoi de troupes allemandes au Sahel, qui compte une communauté turque importante dans son pays, arrivera-t-elle à annuler l’accord maritime « Turquie-GNA » et obtenir un accord de paix « Haftar-Sarraj » ou se contentera-t-elle d’une consolidation du cessez le feu ?

A moins que des évènements à Tripoli, dans les 48 heures, ne viennent tout bouleverser. 

Déjà, si Berlin permettait à l’Union européenne de reprendre la main sur ce dossier si sensible pour son futur, ce serait une grande avancée. 

 

Michel Scarbonchi

Ancien député européen

  

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