International
07H46 - vendredi 10 janvier 2020

Libye : la faute d’Erdogan. La chronique de Michel Scarbonchi

 

Source : dzairdaily

 

En signant un accord maritime et militaire entre la Turquie et le GNA, le Président Recep Erdogan et Fayez el Sarraj pensaient avoir sauvé le bastion des Frères Musulmans qu’était devenu Tripoli depuis 2014 avec la prise de contrôle de la capitale par les milices islamistes.

Erreur stratégique majeur !

Dans un pays déchiré depuis neuf années, l’annonce du débarquement éventuel de soldats turcs, ne pouvait, dans un réflexe nationaliste, que souder la population libyenne autour de la figure emblématique du maréchal Haftar. Ceux qui n’avaient pas encore pris parti dans l’affrontement entre Benghazi et Tripoli ne resteront plus neutres.

Et la meilleure réponse qui pouvait être donnée à la déclaration de guerre d’Erdogan à Haftar, a été la prise de la ville de Syrte, le 7 janvier, par l’ALN, sans combat… grâce au ralliement de la brigade 604 mêlant des kadhafistes et des salafistes.

Un verrou a sauté, fragilisant Misrata et le flanc sud de la capitale.

Pire, au-delà de l’Égypte, alliée fidèle du maréchal, l’Algérie et la Tunisie ont marqué leurs opposition aux menées expansionnistes du maître d’Ankara, le président tunisien Kaïs Saïed lui refusant même, il y a une semaine, l’usage d’une base aérienne dans le sud de son pays.

Si Sarraj a perdu définitivement toute crédibilité en donnant le sentiment d’avoir vendu la Libye au grand « mamamouchi turc », Erdogan a favorisé contre lui un front Maghreb-Machrek en Afrique qui adoube désormais Haftar.

La réalité est que Haftar est le seul leader libyen crédible, capable d’unifier, de sécuriser son pays et de l’engager, avec l’Assemblée Nationale, dans un processus démocratique.

L’Europe est toujours dans une posture classique appelant « les deux parties à la retenue » mais son ministre des affaires Étrangères, Josep Borrell et le Président du Conseil européen, Charles Michel, s’impliquent fortement. Quant à l’OTAN, même sur le dossier libyen, elle est toujours en « mort cérébral », confirmant ainsi le diagnostic pertinent énoncé par le Président Macron. Quant à la rencontre Poutine-Erdogan elle n’aboutit qu’a un simple « appel à un cessez le feu »…

Le salut viendra-t-il du sommet du Caire pour savoir si nous aurons un conflit généralisé aux portes de l’Europe ou, enfin, la chute de Tripoli…

 

Michel Scarbonchi

Ancien député européen

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