Edito
09H11 - lundi 18 novembre 2019

Algérie : démission du staff d’Abdelmadjid Tebboune. La présidentielle tourne à la mascarade. L’édito de Michel Taube

 

 

Abdallah Baali, le directeur de campagne d’Abdelmadjid Tebboune, et le trésorier de sa campagne, ontdémissionné hier, fragilisant l’avenir d’un des deux anciens premiers ministres de feu Bouteflika en lice pour l’élection présidentielle du 12 décembre en Algérie.

Âgé bientôt de 75 ans,Abdelmadjid Tebboune a été premier ministre du 25 mai au 12 juillet 2017 et plusieurs fois ministre. Le 10 novembre dernier, il s’en était pris violemment à la France, accusant Jean-Yves Le Drian et France 24 d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie, vieille rengaine d’un pouvoir finissant et usé. Il avait ainsi déclaré sur une chaîne de télévision algérienne  : « Je vois une chaîne de télévision publique française pour qui l’Algérie se résume à la place de la Grande Poste et la place Audin ». Et d’ajouter : « leur ministre des Affaires étrangères dit la même chose, de quoi tu te mêles ? Je ne parle pas de la France officielle, je ne me permettrais pas. Mais le ministre des Affaires étrangères français a affirmé qu’il fallait une période de transition en Algérie. Le peuple algérien ne veut pas de cette période de transition. De quoi tu te mêles ? »

Selon nos informations, Abdelmadjid Tebboune avait envoyé la semaine dernière des émissaires à l’Elysée pour calmer le jeu avec Paris tout en réaffirmant sa volonté de poursuivre les accords trouvés au cours de l’année  2018.

 

Ces démissions ne sont pas anodines : diplomate chevronné, Abdallah Baali avait été pressenti à la rentrée pour devenir Ambassadeur de l’Algérie en France avant d’en être écarté brusquement par le régime.

Ces démissions dans l’entourage de celui qui apparaissait pourtant comme le favori de la présidentielle interviennent un mois et demi après l’ouverture du procès de Khaled Tebboune, fils du même Abdelmadjid Tebboune. On se souvient que le fils de son père avait été placé en détention provisoire le 20 juin 2018, dans le cadre de l’affaire de saisie de 701kg de cocaïne au port d’Oran. L’ex-chauffeur de l’ancien patron de la police nationale Abdelghani Hamel, mais également l’ex-procureur de la République près le tribunal de Boudouaou et son adjoint ainsi que le fils de l’ancien ministre Nacer Mehal, sont également cités dans cette affaire.

Ces démissions jettent une lumière crue sur les luttes intestines qui, en coulisses jusque-là, de plus en plus en public désormais, commencent à faire craquer de toutes parts l’édifice fragile d’une parodie de Présidentielle que le regime militaire voudrait pourtant imposer et voler au peuple algérien.

Après Tebboune fragilisé, à qui le tour ? Benflis, l’autre ancien premier ministre de Bouteflika ?

Non, ce n’est pas la France mais les Algériens qui le scandent tous les vendredis depuis 39 semaines : le peuple algérien, l’Algérie méritent mieux qu’une présidentielle fantoche avec des candidats croupion.

 

Michel Taube

Directeur de la publication