Edito
10H00 - dimanche 6 octobre 2019

La chronique du dimanche de Michel Taube, le 6 octobre 2019

 

 

Tunisie : les modernistes voteront-ils pour Qalb Tounes, le parti de Karoui ?

Les Tunisiens votent ce dimanche 6 octobre pour une élection législative décisive pour l’avenir de la Tunisie.

L’enjeu est limpide : les islamistes d’Ennahdha, seule force politique structurée, arriveront-ils en tête, Nidaa Tounes, le parti du défunt Essebsi, qui avait su capter les voix des modernistes en 2014, ayant volé en éclat ? Ou Qalb Tounes,le parti de Nabil Karoui, candidat toujours emprisonné mais en lice pour le second tour de la présidentielle, sortira-t-il vainqueur de la législative d’aujourd’hui ? Les sondages sont favorables à ce dernier mais le vote repose sur une question : les partis destouriens et modernistes traditionnels ayant été laminés au premier tour de la présidentielle, leurs électeurs, tant dispersés aujourd’hui, sauront-ils avoir le geste utile lors des législatives ?

Or ce n’est pas prendre parti que de considérer que le seul vote utile aujourd’hui pour un Tunisien attaché à la modernité, à l’égalité femmes – hommes, à l’ouverture économique de son pays pour recréer des emplois, c’est le vote pour les candidats de Qalb Tounes !

Pour une seule raison : parmi les deux candidats de la présidentielle qui devraient s’affronter dimanche 13 octobre, l’un, le favori, Kaïs Saied, est un solitaire assumé, très conservateur, donné comme proche des islamistes. En face, Nabil Karoui, toujours emprisonné dans le déni le plus total du droit politique, est un chef d’entreprise certes audacieux, border-line certainement, mais très efficace pour relancer l’économie de son pays (il est très populaire dans le sud du pays où règne une misère sociale terrible) et porteur d’un projet moderniste pour la seule démocratie libérale de la région.

Karoui, lui, il a un parti, il a des candidats aux législatives. Il ne méprise pas le Parlement. Si donc les Tunisiens venaient à donner victoire à Qalb Tounes, la Tunisie aurait demain un chef du gouvernement reconnu et respecté pour son sens de la modernité (l’ancien ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkefi, est pressenti pour siéger au Dar El Bey,sur les hauteurs de la médina de Tunis, si Qalb Tounes l’emporte).

La victoire, même relative, du parti de Karoui relancerait la campagne demandant le report du second tour de l’élection présidentielle, son maintien en détention entachant la campagne d’inéquité entre les deux candidats. Karoui n’a pas pu faire campagne, il n’a pas pu s’adresser aux Tunisiens ni expliquer son projet.

Qalb Tounes, avec des alliés d’autres partis modernistes, pourrait contre-balancer le président de la République si Kaïs Saied le solitaire venait à être élu. Ce dernier, fin tacticien, a annoncé qu’il ne ferait pas la campagne du second tour à cause de l’emprisonnement de son rival (ce qui ne veut pas dire qu’il demande sa libération ni le report de l’élction).

Mais rien n’est fait et la Tunisie est face à son destin.

 

« Seul Dieu te jugera »

Par ces mots, son épouse encouragea, dans l’un des 33 sms échangés avec son mari, le terroriste Michaël Harpon à semer la mort dans le saint des saints de la préfecture de police de Paris le 3 octobre dernier.

Cette phrase, diabolique lorsqu’elle est prise à la lettre, exprime exactement la conviction qui incarne celles et ceux qui pensent que la Charia est supérieure aux lois des hommes, et plus particulièrement à celles de la République.

« Un islam français est possible », tel était le nom de l’étude de l’Institut Montaigne qui révélait en 2016 que 29% des citoyens français de confession musulmane se disaient « d’accord » avec l’affirmation suivante : « La loi islamique (charia) est plus importante que la loi de la République ».

Les musulmans qui représentent aujourd’hui 5,6 % de la population française et 10% des moins de 25 ans ont le devoir de condamner sans réserve toutes celles et ceux qui se salafisent au nom de Dieu et s’éloignent du giron de la République.

Car, jusqu’à nouvel ordre, « ce sont les hommes qui jugeront ».

 

L’aspirine oui, mais à petites doses

Très bonne nouvelle ! Les boîtes de paracétamol qui tapissent les étagères des pharmacies ne seront peut-être plus en libre service au 1er janvier 2020 ! L’Agence nationale de sécurité du médicament souhaite que les produits qui contiennent de l’ibuprofène, du paracétamol ou de l’aspirine soient désormais rangées derrière le comptoir et non plus en accès libre dans les rayons, même s’ils continueront d’être disponibles sans ordonnance. Doliprane, Advil, Nurofen et autres aspirines tuent nos reins à petit feu ! Ce sont pourtant les médicaments les plus vendus au monde.

Verdict d’ici la fin 2019 !

 

Jeudi 10 octobre, Journée mondiale contre la peine de mort

Cette année aura lieu la 16ème édition de cette Journée créée en 2003 sur une initiative française. La Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite forment le trio de tête des pays qui exécutent le plus de condamnés à mort chaque année. Rendons ici hommage à Jacques Chirac qui fut un président abolitionniste très engagé.

 

Prix Nobel de la paix en vue

Même jour, le 10 octobre, l’Académie d’Oslo en Norvège dévoilera le nom du Prix Nobel de la paix 2019 qui sera remis le 10 décembre prochain à l’occasion de la Journée mondiale des droits de l’homme. Qui sera le lauréat 2019 ? Un chef d’Etat comme Obama, Shimon Perez et Yasser Arafat en leur temps ? Un(e) militant(e) des droits humains ? Une organisation qui incarne la cause d’un peuple comme le quartet du dialogue national en Tunisie en 2015 au lendemain du printemps arabe ? Verdict jeudi et rendez-vous mercredi avec les suggestions de la Rédaction d’Opinion Internationale.

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication