Edito
07H30 - jeudi 18 juillet 2019

Un centre pour SDF de trop dans le 13ème : violences verbales avec les 13èmiens et dialogue de sourd avec la Région Ile-France de Valérie Pécresse. L’édito de Michel Taube

 

Vendredi 12 juillet à 18h30 (le choix de la date est évidemment anodin), la Région Ile-de-France a convoqué (enfin !) une réunion d’information dans le quartier Rungis au sud-ouest du 13ème arrondissement de Paris, entre place d’Italie et parc Montsouris. La commission permanente de l’institution régionale venait d’adopter le 3 juillet, en catimini et à la va-vite, sans aucune concertation préalable, la décision de fermer le lycée Lazare Ponticelli pour le remplacer prochainement par un centre d’hébergement de jour et de nuit pour 200 à 400 SDF.

Pour les 13èmiens, habitués à la solidarité, c’est le centre pour SDF de trop !

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Face à trois cents riverains fort remontés, avec, à ses côtés, des représentants de la Croix-Rouge pour le moins gênés et souvent chahutés, Madame Marie-Carole Ciunti, vice-présidente de la Région Ile de France chargée des lycées et de l’administration générale (et Maire de Sucy-en-Brie), est restée droite dans ses bottes.

La musique est connue : comme toujours, les riverains ne veulent pas de centres pour SDF près de chez eux. C’est le seul lot de consolation que l’on accordera à la Région dans ce dossier chaud bouillant.

Oui, il faut bien se préoccuper des centaines de SDF qui dorment la nuit dans le métro et dont la RATP ne veut plus ! Valérie Pécresse, en sa double qualité de présidente de la Région francilienne et d’Ile-de-France mobilités, cherche donc des solutions et annonce pour l’hiver 2019 – 2020 des Maisons solidaires. Résultat : la commission permanente de l’institution régionale vient de fermer le lycée polyvalent Lazare Ponticelli, un Pôle innovant lycéen (PIL) pour décrocheurs, implanté depuis vingt ans, pour le remplacer prochainement (quand ?) par un centre d’hébergement de jour et de nuit pour 200 à 400 SDF.

 

Pour les 13èmiens, c’est le centre de trop !

Mais manque de chance pour l’édile régionale, – et Madame la vice-présidente Ciunti le constata à ses dépens tout au long d’une réunion houleuse, le 13ème est un arrondissement connu et respecté pour ses solidarités actives. Nous pouvons en attester comme riverain depuis vingt ans de ce quartier dont la mixité sociale constitue un savant dosage entre des maisons, une Cité florale, des immeubles bourgeois et une cité HLM politique de la ville (avec 12 000 habitants concernés). Les 13èmiens sont fiers de cette mixité réussie !

Mairie d’arrondissement sous la houlette de Jérôme Coumet, associations d’accueil comme « La mie de pain », acteurs du vivre-ensemble comme l’ARBP, commerçants et habitants, vivent déjà avec des centaines de sans-abris qui sillonnent cette partie sud-ouest du 13ème depuis des années.

Alors, pourquoi un centre de plus dans ce quartier qui compte déjà beaucoup de SDF (1 000 à 1 500 selon les estimations) ? La décision de la Région va ruiner le patient et fragile équilibre social bâti pendant des années : c’est l’argument clé des habitants dont la colère est à la mesure de leur esprit de solidarité et de leur expérience des SDF. « Le 13ème a fait sa part dans la solidarité », nous confiait un commerçant excédé.

Une absence criante de consultation des citoyens et de concertation entre les institutions de la Région (vous savez, ce célèbre mille-feuille territorial), un « projet » hâtif, une décision irréversible avant toute évaluation de ses coûts finaux, un calendrier obscur (on nous annonce une ouverture dans un an pour seulement quatre années)… Les habitants, portés par les 3 000 signatures électroniques et papiers déjà collectées dans deux pétitions, et organisés en collectif Rungis, n’y sont donc pas allés par quatre chemins pendant cette réunion publique houleuse et ont tenu à secouer les certitudes de la Région.

Les élus opposés à cette décision unilatérale de Valérie Pécresse, notamment le Maire du 13ème Jérôme Coumet (excusé mais représenté à cette réunion), Anne-Christine Lang, députée LREM du 13ème, Yves Contassot, Marie-Pierre de la Gontrie, ont eu beau jeu de dénoncer le cavalier seul de la Région et une décision qui nourrit une fois de plus les grands déséquilibres sociaux de la métropole francilienne.

Clou du « spectacle », l’intervention agressive d’une certaine Elina Dumont qui accusa les habitants du 13ème d’être hostiles aux SDF et provoqua la clôture anticipée d’une réunion en forme de dialogue de sourds. Une petite enquête plus loin, il apparut que c’est au moins un membre du cabinet de la présidente du Conseil régional qui avait demandé (payé selon certains) à la perturbatrice (il faut l’appeler ainsi) de venir torpiller la réunion. Cette visiteuse des Grosses têtes, repartie en taxi 5 étoiles au nez à la barbe de riverains ébahis, donna plus le sentiment amer de régler ses comptes avec son passé de SDF libérée que d’apporter la moindre pierre à la discussion sur l’avenir d’un quartier qu’elle ne connaît même pas (elle vit dans le 19ème arrondissement). Navrant ou pitoyable selon les points de vue…

La police est même arrivée en renforts sur le tard pour prévenir des risques de débordements physiques… On ne sait jamais avec les fortes chaleurs estivales…

Bref, la Région Ile-de-France et sa présidente l’auront compris : les habitants du 13ème ne comptent pas se laisser faire et la rentrée s’annonce chaude autour du feu lycée Ponticelli. Un dossier sur lequel Opinion Internationale reviendra très prochainement…

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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