Edito
08H39 - lundi 20 mai 2019

Le vrai vote « gilets jaunes » aux Européennes, c’est malheureusement Le Pen et le Rassemblement national. L’édito de Michel Taube

 

Il se passe en France ce qui se passe en Italie et dans de nombreux pays : la colère sociale profite à l’extrême-droite. En Italie, l’alliance de gouvernement entre la Ligue de Matteo Salvini et le mouvement 5 étoiles, plutôt de gauche, est déjà moribonde et risque d’éclater rapidement au profit, selon tous les sondages, du ministre de l’Intérieur qui est en train de gagner la bataille de l’opinion. Salvini est annoncé comme le futur grand vainqueur de l’élection européenne en Italie.

En France, si l’on en croit les derniers sondages, le duel Macron – Le Pen risque de tourner à l’avantage de la présidente du Front (pardon, il faut dire Rassemblement) National pour une raison de fond : le mouvement des gilets jaunes, qui a monopolisé le jeu politique depuis novembre 2018, travaille, malgré les intentions des manifestants, pour le vote d’extrême-droite.

Si les irréductibles gilets jaunes sont plutôt d’extrême-gauche et ont noué une alliance contre nature (le mouvement se voulait apolitique) avec l’extrême-gauche, les red-blocks (Olivier Besancenot se qualifiait comme tel le 1ermai) et autres gilets rouges de la CGT, quand ce ne sont pas les Insoumis, le paradoxe amer est que la colère sociale se reporte sur le vote pour l’extrême droite.

Certes, s’il y a un « vote gilets jaunes », ce sera celui de l’abstention car les gilets jaunes n’ont aucune confiance dans l’Union Européenne. Or s’abstenir, c’est déjà faire le jeu du Rassemblement National.

Mais le vote de bon nombre de Français qui conservent leur sympathie au mouvement (40% selon les sondages) risque fort d’aller à la liste conduite par Jordan Bardella. Les raisons sont multiples : tout au long de la crise des gilets jaunes, Marine Le Pen a su tenir une ligne de soutien à leur engagement sans jamais s’afficher avec leurs porte-paroles, bref en conservant une posture présidentielle, au-dessus de la mêlée. Contrairement à Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas hésité à faire d’Eric Drouet un héros national et à descendre dans la rue avec les gilets jaunes, bref en avouant sa stratégie de récupération.

Ensuite, les gilets jaunes sont plutôt contre l’Europe. Combien de panneaux « Frexit » a-t-on vu dans les manifestations depuis novembre dernier. Et c’est l’extrême droite qui assume son opposition nationaliste la plus ferme face à l’Union européenne.

Jérôme Rodriguez, leader des gilets jaunes, fort respecté dans le mouvement, a appelé samedi dernier à voter aux Européennes et à voter anti-Macron… Ce vote risque fort d’aller principalement au Rassemblement National.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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