Edito
07H44 - mercredi 10 avril 2019

Vous n’aurez pas le beurre et l’argent du beurre ! Les Britanniques ne peuvent participer aux élections européennes sous prétexte d’un report du Brexit. L’édito de Michel Taube

 

Le président Emmanuel Macron a reçu hier Theresa May à l’Elysée avant que les 28 – 1 chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union Européenne se retrouvent ce soir à Bruxelles pour un Sommet de la dernière chance… Ou de l’humiliation !

Macron joue les gros bras depuis quelques semaines en menaçant Londres de laisser faire le Brexit dur si la Chambre des communes ne trouve un compromis avec Theresa May.

C’est tout le problème : alors que les leaders britanniques n’arrivent pas à s’entendre sur un accord avec l’Union Européenne ni sur la moindre alternative crédible, tout le monde a peur d’un no-deal, d’un Brexit dur.

On en perdrait presque notre latin et notre retenue en qualifiant nos voisins de poules mouillées : qu’ils assument leur rêve d’indépendance ou qu’ils rentrent dans le giron européen.

D’autant que le problème se déplace sur le Vieux Continent : au-delà du 12 avril, juridiquement, techniquement, si la discussion se prolonge, si le Brexit est reporté, les Britanniques participeront aux élections européennes.

Nigel Farage, le leader de la droite europhobe UKIP, l’avait confié à l’une de nos sources bien informées dès le mois de septembre dernier : « vous allez voir, nous les Britanniques, nous allons nous présenter aux élections européennes car ils ne vont pas réussir à s’entendre. Et nous, les opposants à l’Union, allons faire un score historique »

Quelle humiliation en vue pour l’Europe ! Les Anglais veulent sortir de l’Union et ils vont envoyer à Strasbourg et Bruxelles des députés européens, en majorité opposés à l’Union. A la place du no deal, on nous annonce le no sens. Les Britanniques veulent le beurre et l’argent du beurre ! Se faisant, ils vont bloquer et enrayer un peu plus l’Union européenne.

Ce soir à Bruxelles, les 27 voudraient que Londres s’engage à ne pas participer à la moindre décision importante de l’Union pendant cette période transitoire s’il est décidé que le Brexit sera reporté à 2020.

Sous prétexte d’enjeux économiques, la crainte d’un no deal ne doit pas compromettre le peu qu’il reste de politique (et de dignité) à cette Union devenue un monstre kafkaïen.

 

Michel Taube

Directeur de la publication