Edito
09H08 - samedi 24 novembre 2018

Gilets jaunes : quand la France verra rouge brun ! L’édito de Michel Taube

 

La couleur des gilets jaunes, c’est le rouge. Le rouge de la colère qui monte en France.

Les gilets jaunes expriment une souffrance sociale qui vient de loin, des déçus de la gauche, des déçus de la droite, des laissés pour compte de la mondialisation et des victimes des gains de productivité…

Mais les gilets jaunes sont aussi l’expression de la haine de la bourgeoisie (et de tout ce qui s’y rattache) qui étreint la France depuis la Révolution française, ce moment de notre histoire où les bourgeois prirent le pouvoir sur les aristocrates au nom du peuple. Malheureusement le sentiment domine aujourd’hui que la bourgeoisie s’est coupée du peuple et s’est aristocratisée…

Mais, indépendamment des bonnes volontés et du cri de colère qui vient du coeur et de la misère des gilets jaunes, cette couleur rouge pourrait vite tourner au rouge brun…

Les gilets jaunes ne le savent peut-être pas mais ils préparent ou annoncent malgré eux l’arrivée au pouvoir d’une alliance des extrêmes.

De même que Macron a fait irruption sur la scène politique en venant de (presque) nulle part, le mouvement de balancier, entamé déjà dans de nombreux pays (le Brésil en est le dernier exemple), poursuit sa folle envolée et pourrait bien faire basculer la France vers les extrêmes…

Il y a eu la première bascule Macron… Avec les gilets jaunes, nous sommes peut-être au moment où s’accélère cette seconde bascule.

Début 2017, nous écrivions un petit manifeste : « pourquoi, malgré tout, il ne faut pas voter Le Pen ». Nous disions tous alors, démocrates et humanistes, en gros : « il faut aider Emmanuel Macron à réussir, sinon ce sera Le Pen ou Mélenchon au pouvoir. »

Depuis l’effondrement subit de la cote d’amour des Français pour notre cher Président, l’impression domine que la spirale de l’échec a commencé.

Les Français ne croient plus à la théorie du ruissellement des premiers de cordée. Les Français se vivent plus comme cramponnés à une corde au-dessus du vide, laquelle s’apprête à rompre… LA chute serait brutale, douloureuse, peut-être tragique…

Ce week-end, celles et ceux qui pensent que la France se nourrit de guerres civiles pour avancer se frottent les mains… Les Zemmour, les Marechal Le Pen, les Mélenchon. Ils ne le disent pas encore, ils n’y croient même pas eux-mêmes mais, vous le verrez, dès que le fruit sera mur, l’alliance des extrêmes se fera « naturellement » sur les ruines de ce qui pourrait n’être au final que la parenthèse Macron…

C’est exactement ce qui s’est passé en Italie : des électrons libres ont fait irruption sur la scène médiatique de nos voisins, puis se sont organisés en mouvement politique, les fameux « 5 étoiles », et ont fini, par tentation insatiable du pouvoir, par pactiser avec la Ligue pour vaincre les partis traditionnels plus ou moins centristes…

Il se pourrait bien que parmi les gilets jaunes émerge un nouvel apprenti dictateur qui séduira les foules et prendra le pouvoir d’ici 2022. Mais il est aussi possible que de tremblements de terre en émeutes populaires, une alliance électorale se fourbisse au dernier moment, c’est-à-dire en mars 2022 voire beaucoup plus tôt si les gilets jaunes prospèrent ou si les élections européennes puis municipales venaient à être des échecs cuisants pour la majorité présidentielle, entre Wauquiez et une Le Pen (Maréchal ou Marine, peu importe) voire entre les extrêmes de gauche et de droite.

La France s’est bien effondrée une fois en 1940. Et Laval venait de la gauche, non ?

« Mais c’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution ! »… La réponse du duc de La Rochefoucauld-Liancourt à LouisXVI, réveillé le soir du 14 juillet 1789, à Versailles sera-t-elle le mot d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, à Emmanuel Macron dimanche 26 novembre 2018 au petit matin ?

Michel Taube

Directeur de la publication

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