Politique
09H11 - vendredi 14 septembre 2018

Macron pense-t-il qu’il a sauvé la démocratie suédoise en y donnant une grande interview TV ? L’édito de Michel Taube

 

Seul François Clemenceau l’a annoncé d’une ligne dans le JDD du 2 septembre. Mais aucun média français n’en a fait état ni publié le moindre extrait. Même l’Elysée ne l’a pas mise sur son site et certains collaborateurs au service de presse de la Présidence n’étaient même pas au courant…

Pourtant, une semaine avant les élections législatives en Suède, Emmanuel Macron, en marge de son déplacement au Danemark, a donné une grande interview à la journaliste vedette Kristina Hedberg dans l’émission politique de la TV publique suédoise, « Agenda ».

En exclusivité donc dans les médias français, Opinion Internationale publie l’entretien suédois d’Emmanuel Macron parce que celui-ci nous indique jusqu’où le président est prêt à s’engager dans sa bataille entre la social-démocratie libérale et les populismes nationalistes : https://www.svtplay.se/klipp/19167987/intervju-med-emmanuel-macron-i-agenda

En effet, cette interview a été diffusée en plein débat de plateau entre le leader de l’extrême-droite, Jimmie Åkesson, et Carl Bildt, ancien premier ministre suédois. Ce qui nous fait dire que Macron, contrairement à ses propos liminaires dans cette interview (« je ne suis pas celui qui juge ou qui commente votre vie politique intérieure ») compte bien s’immiscer dans la vie politique intérieure des démocraties européennes.

Les Français apprécieraient-ils un entretien exclusif d’Angela Merkel une semaine avant les prochaines élections européennes répondant à une question sur Marine Le Pen ? C’est pourtant ce qu’a fait Macron en répondant à la question : « le leader de l’extrême droite suédoise refuse de choisir entre Poutine et vous, Monsieur Macron, qu’en pensez-vous ? ». Et le président français de condamner cette neutralité qu’il juge contraire aux valeurs et aux intérêts de la Suède.

Pour les uns, le choix de notre président de s’engager autant tient à l’audace de sa foi européenne (« Quand vous êtes Européen, quand vous agissez en Européen, vous ne pouvez être timide » a-t-il conclu son entretien), pour d’autres cela s’appelle de l’arrogance…

On sait ce qu’il advint une semaine plus tard : finalement, le 9 septembre, les Suédois n’ont pas voté massivement pour le parti au doux nom perverti de Démocrates de Suède (Sverigedemokraterna, SD). Contrairement à ce que qu’annonça une déferlante médiatique angoissante en dernière semaine, le parti de Jimmie Åkesson n’est arrivé que troisième.

Il paraît que c’est l’irruption de la question climatique dans la campagne électorale pendant l’été (la Suède a été ravagée elle aussi par des incendies) qui a fait passer au second plan la peur des migrants…

Emmanuel Macron fera-t-il de même en Bavière en octobre prochain, à la veille d’élections décisives pour l’Allemagne et pour l’Europe ?

 

Michel Taube

Pour visionner l’intégralité de l’émission (mais il faut comprendre le suédois) : https://www.svtplay.se/video/18911950/agenda/agenda-2-sep-21-30

 

Directeur de la publication

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