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15H42 - mercredi 14 mars 2018

Crise du Conseil de coopération du Golfe –  Interview de l’Ambassade du Koweït en France : « La réconciliation est entre les mains des seules parties concernées ».

 

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Pourquoi le Koweït a-t-il accepté de mener une médiation dans le conflit qui oppose le Qatar à certains membres du Conseil de coopération Du Golfe ?

L’Etat du Koweït a toujours opté, dans sa politique extérieure, pour la voie de la modération et de la médiation, tracée par Son Altesse l’Emir du Koweït depuis le temps où il était Ministre des Affaires étrangères du Koweït. Une politique qui vise à atténuer les crises et à alléger les souffrances des populations, à tel point que les Nations Unies ont attribué à Son Altesse le titre de « l’Emir de l’humanité » pour son rôle prépondérant à assister les pays et les peuples dans le besoin.

Dès lors, c’était dans l’ordre des choses que l’Etat du Koweït endosse ce rôle et accepte la demande de médiation des pays amis du Conseil de Coopération du Golfe dans la crise installée depuis juin 2017 entre l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn et l’Egypte d’une part et le Qatar d’autre part.

Il est certes préférable que les différends à l’intérieur d’une même famille se règlent au sein même de cette famille. C’est partant de son souci de préserver la cohésion des pays du Conseil de Coopération du Golfe et fort du respect que lui vouent toutes les parties belligérantes, que Son Altesse l’Emir du Koweït a accepté cette médiation, convaincu comme il est que tout conflit, aussi longtemps durerait-il, trouvera inéluctablement une solution adéquate.

Rappelons-nous que ce n’est pas la première fois que le Koweït joue le rôle de médiateur dans les crises qui secouent la région, notamment lors de la crise causée par la convocation des Ambassadeurs de certains pays du Golf en poste au Qatar en 2014.

 

Quels sont les points clé de discussion de la médiation menée par le Koweït ?

L’état du Koweït visait dans sa médiation à jeter les bases d’une entente commune, en se focalisant sur les points de rapprochement entre les différentes parties et en excluant les pierres d’achoppement. En un mot, à poursuivre sa mission de bons offices entre les pays frères dans le but de préserver l’unité de la famille des pays du Golfe et de combler le fossé les séparant, tout en se rendant compte de la complexité d’une situation nullement facile à résoudre.

La médiation menée par Son Altesse l’Emir du Koweït, vise à inciter toutes les parties impliquées dans ce contentieux à déployer les efforts nécessaires afin de trouver un terrain d’entente et d’aboutir à une solution acceptable de tous. Ceci passera par une coopération et une coordination étroite entre les différentes parties, car l’objectif principal est de souder le rang et de renforcer l’unité au sein de la « maison du Golfe », en consolidant sa base pour qu’elle puisse parer aux multiples défis qui secouent la région et le monde.

 

La France aide-t-elle la médiation menée par le Koweït ?

Forte de ses relations privilégiées et solides, avec les différents pays de la région, la France a déclaré soutenir la médiation de Son Altesse l’Emir du Koweït pour préserver l’unité des pays du Conseil de Coopération du Golfe. Le président de la République Française, Monsieur Emanuel Macron, a nommé Son Excellence, Monsieur Bertrand Besancenot, son émissaire spécial dans la région afin de soutenir la médiation koweitienne pour le rapprochement des points de vue, dans une tentative d’apaiser la tension et d’endiguer ce différend pour empêcher tout débordement possible. L’émissaire français est un fin connaisseur des pays du Golfe ayant occupé, de longues années durant, le poste d’Ambassadeur en Arabie Saoudite et au Qatar. De son côté, le Ministre français Des Affaires étrangères, Monsieur Jean-Yves Le Drian, à plus d’une fois soutenu la médiation Koweitienne dans cette crise, insistant sur le fait que toute solution du contentieux entre des pays frères, se doit d’émaner du sein même du Conseil de Coopération du Golfe, et ne devrait, en aucun cas, provenir de l’extérieur.

 

On prête à Donald Trump la volonté d’appuyer fortement le Koweït pour aider à régler le différend lors d’un prochain Sommet Etats-Unis – Conseil de coopération du Golfe qui pourrait se tenir en avril. Pensez-vous que le conflit peut être réglé dans un délai raisonnable ?

Quand une crise débute, on ne peut prévoir le temps nécessaire à lui trouver une solution adéquate, du fait des ententes à trouver et des alliances à former entre les parties belligérantes. Le Koweït poursuit inlassablement ses efforts assidus afin de trouver une issue honorable, par le dialogue et les voies diplomatiques, à cette crise.

Certes, tous les pays amis du Conseil de Coopération du Golfe tentent d’apporter leur soutien, entre autres le président américain Donald Trump qui insiste sur une solution dans l’avenir le plus proche afin que les pays de la région puissent se tourner vers l’amélioration de leur situation, le développement de leur économie et la réalisation de grands projets bénéfiques.

Même si la médiation de l’Etat du Koweït est d’abord d’aplanir les obstacles qui entravent la voie vers un consensus par le rapprochement des points de vue divergents entre certains pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, il n’en reste pas moins que la réconciliation et la solution de cette crise sont entre les mains des seules parties concernées.

 

Propos recueillis par Michel Taube

Directeur de la publication