Citizen Kids
13H00 - samedi 21 octobre 2017

Des jeunes et des migrants au Congrès des pouvoirs locaux et régionaux à Strasbourg

 

Notre reporter Citizen kids Alexis Taube Le Guern rend compte de la session de travail du Conseil de l’Europe.

Le 33è Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe s’est tenu du 18 au 20 octobre à Strasbourg, sous la présidence de Madame Gudrun MOSLER-TÖRNSTRÖM, première femme présidente de l’institution et ancienne présidente du Land de Salzbourg en Autriche. Il a réuni 648 élus locaux (maires, présidents de régions…) représentant plus de 200.000 collectivités que compten les 47 pays du Conseil de l’Europe.

Leur mission est de promouvoir la démocratie territoriale et d’assurer le respect de la Charte européenne de l’autonomie locale. Parmi tous les élus présents, on pouvait comptait 40 délégués jeunes, un par pays présent. Ce délégué jeune est choisi par un comité pour une durée d’un an. Il doit soutenir un projet local et représenter son pays au congrès.

Cette année, le thème retenu pour le Congrès annuel était : « Des politiques décentralisées pour une intégration réussie des migrants ». Un sujet sensible, surtout pour le vice-ministre de l’intérieur de la République Tchèque, Petr Mlsna, puisque son pays risque fort d’élire dimanche 22 octobre comme premier Ministre un leader populiste.

Les jeunes délégués du Congrès ont présenté leurs projets. Les délégués grec et allemand portaient par exemple un projet visant à redonner le goût de la politique aux jeunes, notamment par le biais des réseaux sociaux. Le délégué portugais, lui, a organisé des rencontres entre jeunes (réelles ou en ligne), pour encourager les jeunes à s’engager, pour ainsi avoir plus de démocratie et dans un univers plus sain.

Des réfugiés au cœur des pouvoirs locaux

L’intervention de plusieurs réfugiés qui racontèrent ce qu’ils ont vécu fut un des moments forts du 33ème Congrès des pouvoirs locaux et régionaux. Voici l’histoire de deux réfugiés, Maria et Abdulmalik.

Maria vient de Syrie. En 2010, quand la guerre éclate dans sa ville, sa famille commence à réfléchir à partir car les meurtres et les enlèvements sont de plus en plus fréquents. En 2014, Maria part en bateau vers la Turquie (sa mère et sa sœur resteront sur place), puis vit là-bas pendant plus d’un an. Par manque d’argent, elle ne peut pas aller à l’école, à son plus grand regret. Un an après son arrivée, elle décide de prendre un petit bateau pour aller vers la Grèce. Malheureusement  son premier essai échouera car les autorités turques les arrêteront. Son second essai sera une réussite, malgré la crainte constante liée à la peur de la noyade (ils sont vingt sur un petit bateau). Elle réussit enfin à arriver en Grèce. Après un long périple à pied, entre la Grèce et la Serbie, elle finit par prendre un train en direction de l’Allemagne, où elle sera accueillie dans un centre d’hébergement. Dans ce centre, on la fait dormir avec des inconnus et la vie y est très difficile, car elle ne connaît pas un mot d’allemand. En 2016, l’Etat lui accorde le statut de réfugiée. Aujourd’hui, elle maîtrise l’allemand à la perfection et sa famille est fière d’elle. D’ailleurs ils attendent le regroupement familial, prévu pour mars 2018. Un seul regret aujourd’hui pour Maria : le manque de soutien de la part de sa famille, restée en Turquie.

Abdulmalik, vient d’Afghanistan. Il arrive dans la ville de Mulhouse (Haut-Rhin) à l’âge de 15 ans. Il trouve généreux le fait d’être accueilli par la France. La barrière de la langue, de la culture et de la religion le ralentit dans son intégration. Lui, il rêve d’aller à l’école, contrairement à ses camarades de foyer qui trouvent cela ridicule, car eux, ils veulent « dealer et voler dans les magasins ». Abdulmalik est choqué par les intention malsaines de ses camarades. Par la suite, il étudie en France, et compte maintenant plusieurs diplômes à son actif. Abdulmalik dit qu’il faudrait faciliter l’intégration de ces jeunes, et instaurer, comme en Allemagne, un système de parrainage entre les jeunes et les réfugiés. Il termine son intervention en disant : « Aujourd’hui, je suis Français ».

L’intervention d’un élu local de la Turquie permit de rendre compte du problème des 1,5 millions de migrants dans son pays : concilier humanité et maintien de l’ordre public, un défi pour tous les élus, une exhortation de tous les jeunes.

Alexis TAUBE – LE GUERN

Chroniqueur Citizen kids d’Opinion Internationale