Citizen Kids
12H47 - jeudi 16 juin 2016

L’argent ne fait pas le bon cœur

 

Connu pour sa concentration en millionnaires – 300 pour 2 200 habitants – et son taux de criminalité pratiquement nul, le village d’Oberwil-Lieli du canton d’Argovie, dans le Nord de la Suisse, a refusé d’accueillir des réfugiés.

Crédit photo : Gémes Sándor/SzomSzed, Wikimedia Commons

Crédit photo : Gémes Sándor/SzomSzed, Wikimedia Commons

Le 18 septembre 2015, la Suisse a annoncé sa participation au programme de l’Union européenne de répartition des migrants, s’engageant à accueillir 3 000 réfugiés syriens, et son gouvernement a décidé d’en installer 10 à Oberwil-Lieli. Décision qui a provoqué l’indignation des habitants. Le dimanche 29 mai s’est tenu un référendum local à ce sujet. Avec un taux de participation de 68,9 %, l’accueil des réfugiés a été rejeté par 579 voix, soit 52 %, contre 525. S’appuyant sur cette petite majorité, le maire, Andreas Glarner, membre de l’Union démocratique du centre, a alors informé les autorités de la décision du village.

Il s’est défendu par ailleurs contre les accusations de racisme. Il s’agissait pour lui uniquement d’une question de sécurité. « Nous ne savions même pas si les dix migrants devaient venir de Syrie ou s’ils étaient en Suisse pour des motifs économiques, justifie-t-il. On pourrait leur envoyer de l’argent, mais les loger envoie le mauvais message. D’autres vont vouloir les rejoindre au péril de leur vie, tout en alimentant le trafic des passeurs […]. Bien sûr que les réfugiés syriens ont besoin d’aide mais celle-ci serait plus efficace si elle allait vers des camps plus proches de chez eux. »

La Suisse connaîtrait déjà, a poursuivi l’édile, des problèmes liés à l’immigration. Un policier zurichois aurait même rapporté que plus de 80 % des délinquants sont issus de l’immigration. Il a cité, par ailleurs les agressions sexuelles survenues en Allemagne et en Suisse pendant les célébrations du Nouvel An. En effet, dans la nuit du 31 décembre 2015, la police de Zurich a enregistré les plaintes d’une demi-douzaine de femmes pour harcèlement sexuel, a-t-il argumenté, et il ne souhaite pas s’inquiéter pour la sécurité de sa fille. Il aurait, a-t-il conclu, reçu des messages de soutien de villes et villages suisses.

Conséquence de ce refus, le village s’est vu condamné à une amende annuelle de 26 000 francs suisses (environ 260 000 euros). Mais les habitants disputent cette décision « extrême » : 

« Nous avons travaillé dur toute notre vie pour avoir un beau village. Nous ne voulons pas qu’il soit abîmé. Les réfugiés n’y cadreraient pas. »

Pour s’assurer de ne pas avoir à accueillir de réfugiés, certains habitants ont même proposé de participer au paiement de l’amende qui sera inscrite au budget de la commune.

Pourtant ce choix a divisé la ville en deux, certains se disant embarrassés par ce refus raciste.

« Cela donne l’impression que le village ne s’intéresse pas à ce qui peut arriver aux autres. Ce qui n’est pas le cas. »