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13H24 - vendredi 10 juin 2016

Chronique des libertés – 10 juin 2016

 

Vietnam : dispersion de manifestations

Crédit photo : Mahalie Stackpole

Crédit photo : Mahalie Stackpole, Wikimedia Commons

Le 24 mai dernier, Barack Obama visitait le Vietnam et annonçait la fin de l’embargo sur les armes qui durait depuis plusieurs dizaines d’années. Le président américain en avait profité pour s’inquiéter de la liberté d’expression et de rassemblement dans le pays après que plusieurs manifestants se sont vu refuser l’accès à sa prise de parole.

Aujourd’hui, il semblerait que les craintes du Président soient plus fondées que jamais. Depuis plusieurs mois, les poissons meurent à une vitesse alarmante dans les eaux vietnamiennes. Ce phénomène inquiète énormément la population. En effet, la pêche fait vivre de nombreux foyers au Vietnam (6 milliards d’euros en export en 2015), et le poisson fait partie intégrante de l’alimentation du pays. Les manifestants pointent du doigt les installations de l’entreprise sidérurgique taïwanaise Formosa Plastics. La population s’était d’ailleurs insurgée après la déclaration d’un représentant de l’entreprise qui avait dit que « le Vietnam devrait choisir entre les poissons et crevettes et une industrie sidérurgique efficace ». Sur Twitter, les Vietnamiens s’étaient mobilisés avec le hashtag #toichonca, littéralement « je choisis le poisson ». Le gouvernement a annoncé avoir identifié la cause de ces morts jusque-là inexpliquées, mais ne pas vouloir pour l’instant la rendre publique. Cette décision a conduit à des manifestations pacifiques de la population vietnamienne dans la capitale dimanche dernier. La police est rapidement intervenue pour disperser la foule, embarquant dans des bus les participants pour les éloigner de la capitale, et empêchant les curieux et touristes de filmer la scène. Les réseaux sociaux ont également été coupés durant le temps de la manifestation pour que la population ne puisse se mobiliser. Aucun média national n’a rapporté l’incident.

 

L’oppression généralisée à Fallujah

Crédit photo : Joel A. Chaverri, United States Marine Corps

Crédit photo : Joel A. Chaverri, United States Marine Corps, Wikimedia Commons

Depuis le 29 mai 2016, l’armée régulière irakienne resserre son emprise autour de la ville de Fallujah, première tombée aux mains de l’État islamique en janvier 2014. La bataille oppose plusieurs centaines de combattants islamiques, toujours retranchés dans la ville, à des groupes de sécurité irakiens, appuyés par la coalition internationale.

Ces dernières semaines, de nombreuses images de la population libérée en liesse ont fait le tour des médias du monde entier. Une partie des civils a pu être évacuée en sécurité. Certains, moins chanceux, ont été abattus par des membres de l’État islamique, parfois à des kilomètres de la ville. Mais des rumeurs inquiétantes surgissent depuis le début de la semaine : des centaines de civils échappant à l’emprise de l’État islamique ont ensuite été détenus par les forces irakiennes. Lors de cette détention illégale, plusieurs auraient été torturés pour déterminer si oui ou non ils appartenaient à l’État islamique. Cinq d’entre eux auraient même succombé à leurs blessures. Un représentant de la faction incriminée, les Forces de mobilisation populaire, a nié les faits, affirmant que ce genre d’arrestations et d’interrogatoires, habituellement opérés par la police et les autorités irakiennes pour empêcher des insurgés islamistes de s’échapper, n’était pas du ressort de l’armée. Il a qualifié ces accusations de « diffamations orchestrées par les médias ». C’est pourtant Yahya al-Muhamadi, membre du conseil d’Anbar qui participe à l’évacuation des civils, qui a formulé ces accusations.

 

L’opposition réprimée au Tadjikistan

Crédit photo : Varga A, Wikimedia Commons

Crédit photo : Varga A, Wikimedia Commons

La Cour suprême tadjik a condamné les dirigeants du parti de la Renaissance islamique à de longues peines de prison, dont deux à perpétuité. La justice les accuse d’avoir tenté de renverser le gouvernement. Selon plusieurs organisations telles qu’Human Rights Watch et l’Association pour les droits humains en Asie centrale, ces procès n’étaient pas équitables et faisaient suite à une opposition pacifique et démocratique des membres de la Renaissance islamique.

Selon Steve Swerdslow, chercheur en Asie centrale pour Human Rights Watch, ces condamnations sont inquiétantes car elles prouvent que n’importe qui peut être considéré comme un criminel et emprisonné pour s’être opposé au gouvernement. L’organisation appelle les États-Unis, les membres de l’Union européenne ainsi que les autres partenaires internationaux du Tadjikistan à prendre des mesures punitives contre le pays afin de lui faire annuler ces peines.

 

Un rapport alarmant sur la paix dans le monde

Crédit photo : Frits Ahlefeldt, Pixabay CC

Crédit photo : Frits Ahlefeldt, Pixabay CC

Le monde semble un endroit où il fait de moins en moins bon vivre d’une année sur l’autre. Selon le dixième rapport annuel du Global Peace Index, seuls dix pays peuvent être considérés « en paix » en 2016. La crise des réfugiés, les conflits au Moyen-Orient et les nombreuses victimes du terrorisme ont fait du monde un endroit bien moins apaisé en 2016 qu’en 2015. Ce rapport, publié par le think tank de l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), avance que le Botswana, le Chili, le Costa Rica, le Japon, la Mauritanie, le Panama, le Qatar, l’Uruguay et le Vietnam sont les seuls pays à ne pas être engagés dans des conflits intérieurs ou extérieurs. Un seul pays est sorti de la liste, et de façon violente : le Brésil, relégué à la 105ème place. Rien de rassurant pour les Jeux olympiques à venir. L’index prend en compte de nombreux critères tels que les victimes de conflits, les relations avec les pays voisins, le nombre de réfugiés et de personnes déplacées par rapport à la population totale ainsi que l’instabilité politique. Cette année, la France arrive en 46e position, entre le Malawi et le Royaume-Uni.

 

La Constitution bosnienne discriminatoire selon la Cour européenne des droits de l’homme

Crédit photo : Lululinux

Crédit photo : Lululinux

Pour la troisième fois consécutive, Ilijaz Pilav tente de présenter sa candidature à la présidence bosniaque de la présidence tripartite de son pays. En effet dans ce pays scindé en deux, trois présidents sont élus à chaque élection : un Bosniaque et un Croate, issus de la Fédération de Bosnie et Herzégovine, et un Serbe élu par la République serbe de Bosnie. Les trois hommes sont mandatés pour quatre ans et rééligibles une fois. Or, selon la Constitution, Ilijaz Pilav ne peut pas représenter les Bosniaques car il n’est pas résident de la Fédération mais de la République serbe. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné le pays à lui payer une compensation de 6 607 euros dans les plus brefs délais. Ce docteur, qui vit à Srebrenica, a annoncé qu’il ne briguerait pas une quatrième fois le mandat, considérant avoir « accompli sa mission » en interpellant la CEDH.

Ce n’est pas la première fois que la Bosnie-Herzégovine est la cible de remontrances de l’institution strasbourgeoise. En 2009, Dervo Sedjic et Jakob Finci s’étaient vu refuser leur candidature à la présidence et à la Chambre des peuples car, respectivement rom et juif, ils ne faisaient pas partie des « trois peuples constitutifs ». Ils avaient eux aussi sonné l’alarme à la CEDH. La chose s’est reproduite lorsqu’Azra Zornic, en 2014, n’avait pas voulu se déclarer membre d’un des trois peuples, mais seulement « citoyenne de Bosnie-Herzégovine ». Sa candidature ayant été rejetée, elle gagna son procès à la CEDH.

Arrêtons de dénigrer notre chère Tunisie !

En cette ère où les images ont un pouvoir émotionnel puissant et peuvent fausser la réalité, Nous, enfants de la France et de la Tunisie, et amis de cette terre d’Afrique du…